Les jihadistes ont tué une trentaine de pêcheurs dans le nord-est du Nigeria en représailles aux bombardements de l’armée qui ont tué nombre de leurs combattants, ont déclaré à l’AFP des miliciens antijihadistes et des pêcheurs. Des combattants liés à l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) ont pris d’assaut dimanche et lundi des îles de la rive nigériane du lac Tchad, dans l’État de Borno, rassemblant des pêcheurs qu’ils ont ensuite abattus à bout portant, ont indiqué mardi ces sources.
Les assaillants ont atteint trois îles en hors-bord et « a demandé aux pêcheurs de se regrouper avant d’ouvrir le feu » dans leur direction, a déclaré Ibrahim Liman, chef d’une milice. « Ils ont tué de nombreuses personnes et poursuivi ceux qui tentaient de s’enfuir » pour les faire tomber, a-t-il ajouté. Liman, membre d’une unité paramilitaire locale travaillant avec les forces armées nigérianes dans la lutte contre les djihadistes, a déclaré que les opérations de recherche de corps étaient toujours en cours et que le bilan des morts « dépasse les 30 personnes, sans aucun doute ». Isa Danmakama, un pêcheur qui a réussi à échapper à l’attaque, a déclaré à l’AFP avoir dénombré 28 restes une fois revenu sur les lieux pour retrouver le corps de son frère.
Accusé d’avoir informé l’armée
L’armée nigériane n’a pas immédiatement commenté cette attaque. Selon les sources interrogées, cette tuerie a été perpétrée en représailles aux frappes aériennes sur les camps de l’Iswap menées par l’armée nigériane quelques jours plus tôt, au cours desquelles de nombreux jihadistes et leurs familles ont été tués. Les assaillants ont accusé les pêcheurs d’avoir fourni à l’armée la localisation des camps ciblés de Kirta Wulgo, Jibillaram et Sabon Tumbu, a indiqué le milicien Umar Ari.
Les attaques des jihadistes de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest contre des agriculteurs, des bûcherons, des bergers ou encore des pêcheurs, qu’ils accusent d’informer l’armée et les milices locales qui les combattent, se sont intensifiées ces dernières années. Les combattants djihadistes ont perdu du terrain dans le nord-est du Nigeria mais continuent d’attaquer les communautés rurales. Le conflit y a fait quelque 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis 2009, selon les Nations Unies.