Des investissements « records » attendus au sommet Choose France 2024
« La France, terre de champions », c’est le nom évocateur donné au 7e sommet Choose France, présidé par Emmanuel Macron, qui débute ce lundi au château de Versailles. La ville accueillera de nombreux investisseurs étrangers, sur une thématique liée à l’esprit des Jeux Olympiques. Objectif de base : rester en tête du podium européen de l’attractivité.
L’année dernière, 28 projets ont été annoncés lors de ce forum annuel lancé en 2018, pour un total de 13 milliards d’euros. Et cette année, le nombre de projets d’investissement devrait être « enregistrer », selon l’Elysée. Si l’essentiel des montants seront dévoilés ce week-end, le Premier ministre Gabriel Attal a déjà évoqué mardi, devant les députés, l’annonce de « de très grands projets « .
Des investissements déjà importants en perspective
Dès ce vendredi, certaines grandes entreprises ont déjà annoncé la couleur. Selon une source proche du dossier à l’AFP, le groupe américain IBM va annoncer un investissement de 45 millions d’euros dans l’informatique quantique pour développer son laboratoire de recherche en France.
Cet investissement sur plusieurs années conduira à l’embauche d’une cinquantaine d’ingénieurs et de chercheurs d’ici 2025 pour permettre d’étendre les missions du centre IBM France Lab Paris-Saclay au quantique, a indiqué cette source, précisant les informations du quotidien. Les échos.
Autre géant américain qui devrait annoncer un investissement important : Amazon, qui, toujours selon le quotidien économique, » souhaiterait investir 1,3 milliard d’euros dans un data center français pour sa filiale cloud AWS et un entrepôt pour ses activités e-commerce « . Que créer 3 000 emplois « .
Contacté par l’AFP, Amazon a répondu qu’il n’avait « pas aucun commentaire à faire avant toute annonce éventuelle qui serait faite » au sommet Choose France. L’un de ses vice-présidents, Russell Grandinetti, figure néanmoins parmi une liste d’invités à l’événement consultée par l’AFP.
Près de 32 milliards d’investissements depuis le premier sommet en 2018
Depuis le premier des sommets Choose France en 2018, destiné à attirer les investissements industriels étrangers en France, 122 projets ont été annoncés pour un total de 31,9 milliards d’euros, impliquant principalement des extensions de sites déjà existants, selon une compilation du magazine. la Nouvelle Usine, publié ce vendredi.
Au final, 27 projets concernent exclusivement l’implantation de nouvelles usines ou de nouveaux centres de recherche et développement, selon les décomptes du magazine. Tous ne sont pas sortis de terre. Mais les abandons sont rares selon le média, qui en relève deux : en 2018, le groupe américain Del Monte avait annoncé l’implantation d’une usine de découpe de fruits frais dans la Somme qui a finalement été abandonnée. En Normandie, le groupe coréen SPC, dont l’objectif était de produire des pâtisseries, n’a pas non plus donné suite.
Dans le secteur du numérique, de nombreux projets annoncés sont en effet opérationnels : Google a inauguré en février son centre de recherche parisien sur l’intelligence artificielle, la société Snap chat dispose d’un studio de réalité augmentée au sein de Station F, et l’expertise numérique d’Accenture à Brest compte une centaine de salariés. Le spécialiste du e-commerce Zalando a pris possession d’une plateforme logistique en Seine-et-Marne qui devrait employer à terme 2.000 personnes.
La France, le pays le plus attractif d’Europe
Pour rappel, la France restait en 2023, pour la cinquième année consécutive, le premier pays d’Europe pour les investissements étrangers, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, selon le baromètre du cabinet EY. Publié la semaine dernière, celui-ci recense 1 194 annonces de projets en France l’an dernier, devant le Royaume-Uni (985) et l’Allemagne (733). Ces investissements représentent 39 773 créations d’emplois en France. Le pays est donc aujourd’hui destinataire de 21% des investissements étrangers en Europe.
Selon une méthodologie différente, Business France, la structure publique française de promotion économique, a même enregistré 1 815 décisions d’investissements étrangers l’année dernière. « Dans un contexte de contraction des investissements internationaux en Europe, la France conserve une place souhaitable sur le Vieux Continent »avait partagé avec La Tribunee Marc Lhermitte, consultant chez EY.
Des grands patrons très attendus
Avec ses quelques dizaines d’annonces, Choose France est loin d’être le seul lieu où se prennent les décisions. Mais c’est le plus exclusif. Quelque 180 patrons étrangers sont attendus, le maximum possible » pour garder l’événement à une taille raisonnable », selon l’Elysée, et leur permettre de rencontrer chacun au moins un ministre français.
Pour cette nouvelle édition, les dirigeants d’ArcelorMittal, JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs et Coca-Cola sont notamment annoncés sur place. Dans le domaine de la pharmacie, les patrons d’AstraZeneca et de Novartis sont attendus. Sont également attendus ceux des géants industriels Envision et Air Products et des fonds d’investissement souverains saoudiens ou qatariens.
Par ailleurs, plus de la moitié des dirigeants présents seront non européens (20 % nord-américains et 20 % asiatiques notamment), et environ un tiers viennent pour la première fois. Une soixantaine de patrons français sont également attendus.
Agenda chargé pour le président et le premier ministre
Gabriel Attal présidera le déjeuner, une nouveauté pour un Premier ministre. Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, devrait y être présent. Après une matinée sur le terrain, pour mettre en avant l’un des projets du sommet, Emmanuel Macron doit se présenter à Versailles en début d’après-midi lundi. Le président de la République doit présider une table ronde sur la décarbonation, et une autre sur l’intelligence artificielle et le quantique (informatique surpuissante), sujets sur lesquels la France se démarque en Europe.
Le président en clôturera un autre sur l’Inde, et aura des entretiens en tête-à-tête avec quelques patrons pour qui une conversation avec le chef de l’Etat peut s’avérer d’une » prendre la décision » sur les projets « très important et très stratégique », explique-t-on, de même source. De telles conversations ont par exemple conduit l’année dernière au lancement par le fabricant taïwanais de batteries ProLogium d’un « gigausine » de 5,2 milliards d’euros à Dunkerque.
Après une séance plénière avec tous les patrons – qui bénéficieront d’une courte séquence olympique avec le président du comité d’organisation Tony Estanguet – le président recevra enfin l’assemblée pour un dîner dans la prestigieuse galerie des Glaces du château de Versailles.
La France à l’honneur au niveau international cette année
La France sera très visible, avec de nombreux événements internationaux la mettant à l’honneur : Jeux Olympiques, Sommet de la Francophonie, 80e anniversaire du Débarquement, réouverture de la cathédrale Notre-Dame. A noter également : la 7e édition du sommet Choose France est organisée dans un contexte d’apparente reprise économique, la croissance et l’emploi ayant défié des attentes plus pessimistes, augmentant chacun de 0,2% au premier trimestre.
Choose France participe également à la stratégie de réindustrialisation de la France souhaitée par l’exécutif, marquée par une amélioration du cadre fiscal et réglementaire des entreprises, selon l’Elysée. » Avons-nous déjà effacé des décennies de désindustrialisation ? Evidemment non, pas encore. Mais la tendance s’est inversée », a déclaré Gabriel Attal mardi devant les députés.
(Avec l’AFP)