Face au mur dressé contre eux depuis des mois, les professeurs du collège Lezay-Manésia de Strasbourg, qui réclament la mise à l’abri de huit de leurs élèves qui dorment dehors, ont choisi la désobéissance civile. Ils ont amené 22 migrants, dont 17 enfants, dans leur établissement pour qu’ils puissent y passer la nuit du 12 au 13 novembre, sans l’accord des autorités.
Urgence d’agir. Les professeurs du collège Lezay-Marnésia de Strasbourg ne supportent plus les dénégations et les sourdes oreilles en haut lieu. Depuis des semaines, ils réclament un abri pour huit de leurs étudiants qui dorment dehors avec leurs familles.
Occupation du collège depuis vendredi dernier, grève ce mardi 12 novembre mais rien n’y fait. Les deux logements vacants situés au cœur du collège et qui appartiennent à la communauté européenne d’Alsace ? Ils seront utilisés à des fins sociales mais pour accueillir un public dont le CEA en charge, des mineurs non accompagnés ou des jeunes majeurs suivis. Barre de points.
Rien pour « leurs » enfants. Ainsi, certains enseignants ont décidé d’ignorer les autorités. Ils ont ouvert dans la nuit de mardi à mercredi les locaux de leur établissement à quatre familles de migrants, 5 adultes et 17 enfants.
«Ils sont arrivés vers 19 heures raconte Lucas Moussa, professeur de segpa (section d’enseignement général et professionnel adapté) au collège, De notre côté, il y avait une dizaine d’enseignants, et nous les avons fait venir après en avoir informé le directeur de l’établissement.
Pour qu’ils puissent recharger leurs batteries pendant au moins une nuit. Une nuit au refuge, en dormant dans des sacs de couchage bien sûr, mais pas sur un sol gelé ou boueux, dans le camp de fortune installé place Krimmeri et qui accueille 300 migrants.
Tous ensemble, ils ont pu proposer un repas, autour de petites tables pour les enfants, et transformer le CDI en dortoir avec livres à volonté. « C’est un prof qui préparait un mafé à la maison (plat typique d’Afrique de l’Ouest, NDLR), pour tout le monde et qui l’a ensuite apporté sur place.
Les enseignants acharnés décidèrent de poursuivre l’occupation du collège. Avec les familles. « Ils nous ont beaucoup remerciés pour ce que nous faisions, nous avons reçu de nombreux messages de soutien. Les parents d’élèves commencent également à s’impliquer. Si cela se concrétise, ce serait décisif pour nous.»
Car évidemment, passer des nuits au collège et enseigner le jour, c’est fatiguant, même si pour l’instant, il y a suffisamment de professeurs pour se relayer. Sans parler de l’aide spontanée qui arrive, comme la fourniture de vêtements chauds et d’autres produits de première nécessité. Une véritable chaîne de solidarité s’est mise en place au collège Lezay-Marnésia, et elle n’est pas près de se rompre.