Depuis lundi, ces élèves de maternelle ne peuvent plus quitter leur école pour aller déjeuner. Le trajet jusqu’à la cantine, qui passe par un point de deal, est jugé trop dangereux.
Fini la cantine pour les élèves de l’école maternelle Elsa Triolet, à Échirolles, au sud de Grenoble. Depuis lundi 25 novembre, les enfants qui y fréquentent l’école n’ont plus accès à la cantine, située à quelques dizaines de mètres de l’établissement. La cause de cette mesure : un point de trafic de drogue à proximité de l’école, qui menace la sécurité des jeunes élèves.
Le chemin menant à la cantine est en effet devenu trop risqué, des trafiquants s’étant installés sur la passerelle leur permettant de traverser la route. Le personnel de l’école refuse également de s’y rendre. Les parents des enfants sont donc contraints de leur fournir un repas, que les enfants prendront dans l’enceinte de l’école.
Le personnel avait déjà exercé son droit de retrait
Les parents d’élèves ont été informés de la suspension du service de cantine par un mail envoyé la semaine dernière, avant d’être reçus le 22 novembre par Jacqueline Madrennes, assistante d’éducation, les équipes pédagogiques et « tous les services de la Ville concernés »explique la mairie d’Échirolles dans un communiqué. « Face à l’intensification des pressions du point de trafic de drogue et jusqu’aux vacances de fin d’année, les jeunes élèves de l’école maternelle Elsa Triolet seront en effet amenés à prendre leurs repas au sein même du groupe scolaire, sous la surveillance du personnel municipal. spécialement affecté à leur surveillance »explique le communiqué.
En mars dernier déjà, le personnel périscolaire de cette école maternelle avait exercé son droit de retrait après l’installation de ce deal point. L’établissement est resté ouvert, mais « les accueils du matin et du soir ainsi que le service de restauration scolaire » n’étaient pas assurés, a indiqué la municipalité dans un communiqué. Deux semaines plus tôt, une première intervention antidrogue avait été lancée dans le même quartier, dans le cadre de l’opération « Place Net » ; elle avait déjà permis une vingtaine d’arrestations, sans que le point de trafic ne soit démantelé. La municipalité avait alors annoncé le déploiement de nouvelles caméras de surveillance dans le secteur.
« Nous ne voulons pas que ce quartier devienne le deal district »
Depuis, la circulation s’est intensifiée, constate la mairie, contactée par Le Figaro. « Depuis un certain temps, on constate une intensification du trafic de drogue. La police municipale est présente matin et soir pour surveiller les entrées et sorties des enfants, mais ne peut être présente à midi. C’est intimidant et très dangereux pour les parents du quartier, qui ne comprennent pas pourquoi on ne peut pas éradiquer ce point de circulation. » » complète encore l’institution, qui déplore une telle situation : « Nous ne voulons pas que ce quartier devienne le quartier des deals. » La municipalité indique avoir demandé un commissariat de police complet, doté d’une capacité d’intervention 24 heures sur 24, chargé du maintien de l’ordre public, des enquêtes judiciaires (vols, agressions, stupéfiants) et de la prise en charge des victimes.
« La création d’un commissariat national pleinement opérationnel est une compétence de l’État, et donc du Président et du Ministre de l’Intérieur »désignait la ville d’Échirolles sur son compte X début novembre, avant d’affirmer : « la sécurité et la tranquillité publique sont des droits pour tous ». Une pétition réclamant l’installation de ce commissariat a été mise en ligne : elle a déjà récolté près de 2 500 signatures en ligne. Mardi 24 novembre, 400 habitants du quartier se sont rassemblés pour réclamer l’instauration de cette mesure, ainsi que la mise en place de patrouilles plus régulières sur les points de deal.
« Le manque de ressources disponibles de la part de tous les services répressifs et de l’État pour lutter efficacement contre le trafic de drogue est la principale cause de cette situation »déplore en outre la Ville dans le communiqué, qui réaffirme son « volonté de maintenir les services publics présents au sein de ce quartier, en premier lieu l’école publique. »