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Des dizaines de morts dans des frappes aériennes qui ont tué un responsable du Hamas

Un Palestinien après un bombardement ciblant le camp de déplacés d'Al-Mawasi à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 juillet 2024.

Le Hamas nie sa mort. Israël ne peut la confirmer. Lundi matin, 15 juillet, Mohammed Deif reste un fantôme. Pour au moins la neuvième fois en quatre décennies, l’Etat hébreu a ciblé samedi le chef de la branche armée du Hamas dans une série de frappes d’une violence inhabituelle sur la côte sud de Gaza.

Au coeur de la région d’Al-Mawasi, définie par l’armée comme un refuge pour les déplacés gazaouis, ces frappes ont fait au moins 90 morts, dont la moitié de femmes et d’enfants, et 300 blessés, selon le ministère de la Santé gazaoui, administré par le Hamas. Ce qui les classerait parmi les plus meurtrières du conflit. Samedi, la Défense civile palestinienne a également fait état d’une vingtaine de morts dans une frappe dans le camp de réfugiés d’Al-Shati, dans l’ouest de la ville de Gaza, sur un lieu de prière.

Ce coût humain immense est pourtant passé presque inaperçu en Israël, au dixième mois d’une guerre où l’armée a brisé toute notion de proportionnalité dans ses frappes. L’un des orchestrateurs de l’attaque du 7 octobre 2023 a été pris pour cible aux côtés du chef de la brigade Khan Younis, Rafa Salama, dont l’armée a confirmé dimanche la mort.

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Un haut responsable du Hamas en exil, Khalil al-Hayya, a déclaré à Al-Jazeera que Mohammed Deif était vivant, mais le mouvement n’a fourni aucune preuve. L’armée israélienne a déclaré avoir localisé les deux hommes à l’ouest de Khan Younis, dans un complexe clos de murs, sous le couvert d’arbres, d’où, selon elle, des gardes du Hamas tenaient les personnes déplacées à l’écart.

« Cercle de feu »

Un espace aussi vaste, relativement vide et clos est rare dans cette zone, où environ 1,5 million de personnes, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), sont entassées dans d’immenses camps de tentes poussiéreux, soumis à des conditions insalubres, à la faim et à la soif. L’attaque a eu lieu à proximité d’un rare point de distribution d’eau et de nourriture.

Selon la radio militaire, Mohammed Deif s’était réfugié dans le sud de l’enclave avant même l’entrée des troupes israéliennes, fin octobre 2023. Il est resté depuis entre Khan Younis, sa ville natale, et Rafah, en grande partie sous terre, dans le vaste réseau de tunnels dont il avait supervisé la construction pendant deux décennies. Il s’y est plongé avec certains de ses combattants après la réponse attendue, d’une violence inédite, d’Israël, abandonnant deux millions de civils gazaouis à leur sort.

Jusqu’en avril, l’infanterie était déployée depuis des mois à Khan Younis, jusqu’à ce qu’elle se positionne à quelques centaines de mètres du complexe où elle a tenté de le frapper samedi. Selon la radio de l’armée, Mohammed Deif a continué à superviser tant bien que mal les opérations des brigades du Hamas tout au long du conflit, ce qui expliquerait sa rencontre avec Rafa Salama le 13 juillet. Ce n’est que récemment qu’il s’est autorisé à sortir à l’air libre. A Gaza, très peu de gens reconnaîtraient le visage de Mohammed Deif, un homme de l’ombre, s’il se trouvait devant eux.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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