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Des chercheurs récompensés pour avoir découvert que les mammifères respirent par l’anus – Libération

Des chercheurs récompensés pour avoir découvert que les mammifères respirent par l’anus – Libération
Des chercheurs japonais ont reçu le 12 septembre le prix Ig Nobel, qui récompense des travaux scientifiques étonnants, pour leurs travaux sur la ventilation rectale. Ils font partie des dix équipes couronnées aux Etats-Unis pour leurs recherches improbables, « qui font d’abord rire » puis « réfléchir ».

Les mammifères sont capables de respirer par l’anus. Plus précisément, des chercheurs japonais ont découvert que les animaux absorbent l’oxygène administré par le rectum. Les scientifiques ont même été honorés pour leur découverte : ils ont reçu, jeudi 12 septembre, le prix Ig-Nobel de physiologie au Massachusetts Institute of Technology, dans la ville américaine de Cambridge. Une véritable cérémonie, mi-sérieuse, mi-folle, organisée par le magazine Annales de recherches improbables. Avec, entre autres, la présence de « réel » Prix ​​Nobel et tenue de conférences dites « 24/7 » : les experts étaient chargés d’expliquer leur sujet de recherche en 24 secondes chrono, puis en 7 mots. Le tout accompagné de lancers d’avions en papier. Le ton était donné.

Il faut dire que l’événement est devenu une tradition depuis 1991. L’Ig-Nobel (lire « Ignobel », pour le jeu de mots entre prix Nobel et l’adjectif « ignoble ») récompense chaque année dix équipes et leurs publications déjantées. Cette année, outre la respiration annale, le public a pu se délecter de recherches sur des pigeons logés dans des missiles pour les guider vers leurs cibles, d’une technique de séparation des vers ivres et sobres, ou encore sur la capacité d’une truite morte à nager.

Attention à ne pas trop vite juger ces prix. Après tout, la maxime de ces prix est de « récompenser les réalisations qui font d’abord rire les gens, puis les font réfléchir ». Si le sujet de ces recherches peut certes prêter à sourire, ou du moins faire sourciller les rabat-joie, tel n’est bien sûr pas le but de ces publications : on entend souvent dire que la recherche souffre d’un sous-financement chronique.

La preuve en est dans les recherches de l’équipe japonaise, qui comprenait des scientifiques de l’Université médicale et dentaire de Tokyo, de la Faculté de médecine de l’Université de Kyoto et de l’Hôpital pour enfants de Cincinnati (Ohio, États-Unis). Ils s’interrogeaient notamment sur la possibilité pour les humains souffrant de difficultés respiratoires de bénéficier d’un « ventilation entérale » – par l’anus, donc. Un nom rempli de jargon qui fait simplement référence à l’administration d’un liquide oxygéné (perfluorocarbure) par le rectum. « La pandémie (Covid-19) dépassement des besoins cliniques en matière de respirateurs et des poumons artificiels, ce qui entraîne une pénurie critique d’appareils disponibles et met en danger la vie des patients dans le monde entier », ont noté les chercheurs dans le préambule de leur étude, publiée dans la revue Moyen en juin 2021.

Leurs expériences ont montré que les souris, les rats et les porcs peuvent effectivement absorber l’oxygène dans leur circulation sanguine par le rectum. Cette méthode s’est avérée efficace pour soulager l’insuffisance respiratoire chez les mammifères. « Ventilation entérale » offrir également « un moyen d’oxygénation complémentaire » pour aider les patients en détresse respiratoire, concluent-ils. L’équipe japonaise mène actuellement un essai de phase 1 sur un petit groupe de volontaires humains.

Les Français aussi à l’honneur

Des recherches qui se révèlent tout à fait sérieuses. C’est pourquoi Takanori Takebe, l’un des auteurs de l’étude, admet Tuteur avoir été « mixte » lorsqu’il a reçu l’appel téléphonique l’informant de sa récompense inhabituelle. Il a depuis évolué : si la récompense permet de faire la lumière sur cette autre méthode d’oxygénation, on dit désormais « heureux ».

Parmi les autres équipes gagnantes, un cocorico a été organisé pour le prix d’anatomie. Une équipe française a montré que, chez la plupart des gens, les spirales de leurs cheveux se forment dans le sens des aiguilles d’une montre, mais que la tendance est inverse dans l’hémisphère sud. « Malgré l’inutilité indéniable de cette étude, je suis convaincu que le déchiffrage des modèles dans la nature peut conduire à des découvertes importantes sur les mécanismes fondamentaux du développement. Les formes contiennent des quantités intéressantes d’informations. »a déclaré Roman Khonsari, chirurgien à l’hôpital parisien Necker-Enfants malades qui a participé à cette publication.

Pour trouver des sujets de recherche scientifique plus sérieux – et des prix plus reconnus et lucratifs – il faudra attendre quelques semaines. Rendez-vous le 7 octobre, en Suède, pour l’ouverture des prix Nobel.

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