Des chercheurs parviennent à manipuler le cerveau à distance grâce à des champs magnétiques
Une méthode de contrôle sélectif des neurones, réalisée à distance et de manière non invasive : c’est ce qu’ont annoncé des chercheurs basés en Corée du Sud, qui ont travaillé sur l’utilisation de champs magnétiques pour parvenir à leurs fins. Ces scientifiques de l’Institut des sciences fondamentales et de l’université Yonsei de Séoul disent avoir testé avec succès cette nouvelle technologie capable de manipuler le cerveau humain, précise le média en ligne New Atlas.
Les experts sud-coréens ont publié les résultats de leurs travaux le 2 juillet dans la revue scientifique Nature Nanotechnology. Ils espèrent que le système développé sera « largement utilisé dans la recherche pour comprendre les fonctions cérébrales, les réseaux neuronaux artificiels complexes, les interfaces cerveau-machine (ou interfaces neuronales directes, ndlr) et de nouveaux traitements pour les problèmes neurologiques »explique Jinwoo Cheon, co-auteur de l’étude.
Baptisée Nano-MIND (acronyme de « Magnetogenetic Interface for NeuroDynamics »), cette technologie est particulièrement intéressante car elle ne nécessite pas la pose d’implant. Ce qui n’était pas le cas des deux méthodes de contrôle des neurones les plus réputées jusqu’à présent, que ce soit l’optogénétique (qui utilise des particules lumineuses) ou la stimulation cérébrale profonde (qui est utilisée pour traiter la maladie d’Alzheimer).
Le début de la faim
Le principe consiste à connecter des champs magnétiques à des nanoparticules magnétisées, préalablement injectées dans le cerveau du patient. Certains types de neurones sont génétiquement modifiés pour devenir des « magnétorécepteurs » qui attirent les nanoparticules à leur surface. Les neurones sont ensuite activés lorsque les nanoparticules se mettent à tourner sous l’action de champs magnétiques de faible intensité, émis à distance.
Après avoir testé Nano-MIND sur des souris, les chercheurs ont pu constater qu’ils étaient capables d’influencer leur comportement et leur appétit. Ils décrivent par exemple une phase d’observation durant laquelle les « cobayes » pouvaient soudainement avoir quatre fois plus faim que leurs voisins qui n’avaient subi aucune manipulation neuronale.
Dans un article également publié dans la revue Nature Nanotechnology et destiné à commenter l’étude en question, Félix Leroy, docteur à l’Institut de neurosciences de Sant Joan d’Alacant (province d’Alicante, sud-est de l’Espagne), exprime cependant des réserves sur les travaux menés en Corée du Sud. Selon lui, si Nano-MIND « offre des avantages tels que la possibilité de fonctionner sans connexion, sur le long terme et avec précision »rien ne garantit que ses résultats soient durables. S’il fallait stimuler les neurones des sujets à traiter de manière très régulière, voire permanente, alors cette technologie serait finalement beaucoup moins prometteuse que prévu.