Une équipe chinoise annonce avoir réussi à briser le cryptage RSA, une méthode largement utilisée pour protéger les communications et les données sensibles sur Internet, grâce à un ordinateur quantique développé par la société D-Wave. Cette nouvelle a fait grand bruit dans la communauté scientifique et technologique car elle renforce l’idée que les ordinateurs quantiques pourraient un jour rendre obsolètes les systèmes de chiffrement actuels.
Qu’est-ce que le cryptage RSA ?
LE Cryptage RSA est un système de sécurité informatique basé sur un principe mathématique très difficile à résoudre sans la bonne clé. Le système, qui tire son nom de ses inventeurs (Ron Rivest, Adi Shamir et Leonard Adleman), utilise deux clés différentes : une clé publique pour chiffrer les données et une clé privée pour les décrypter. Cette approche asymétrique est si complexe que même les ordinateurs les plus puissants d’aujourd’hui mettraient des millions d’années à la déchiffrer sans connaître la clé privée.
Pour cette raison, il s’agit de l’une des méthodes de cryptage les plus couramment utilisées pour sécuriser les communications, les transactions bancaires et d’autres types de données sensibles.
Qu’ont réalisé les chercheurs chinois ?
Des chercheurs chinois ont annoncé avoir utilisé un ordinateur quantique Avantage D-Waveéquipé de 5 760 qubits, pour déchiffrer un message crypté avec RSA. Pour ce faire, ils ont utilisé une technique appelée « recuit quantique » qui tire parti des propriétés particulières des qubits, les unités de base des ordinateurs quantiques. Contrairement aux ordinateurs classiques qui résolvent les problèmes étape par étape, le recuit quantique permet à la machine de trouver une solution plus rapidement en testant plusieurs possibilités en même temps, accélérant ainsi la résolution du problème.
Ce n’est pas la première fois que des chercheurs utilisent cette méthode, mais il s’agit de l’une des premières applications réussies du cryptage RSA, ce qui en fait une avancée notable dans le domaine de l’informatique quantique.
Cependant, dans cette expérience, ils ont déchiffré un chiffrement RSA basé sur un nombre entier de seulement 50 bits. Autrement dit, le niveau de complexité de ce cryptage était bien inférieur aux standards actuels qui utilisent généralement des clés de 1024 à 2048 bits. Ces derniers sont bien plus difficiles à briser et dépassent de loin les capacités actuelles des ordinateurs quantiques.
Un exploit limité, mais significatif
Bien que cette avancée ne constitue pas une menace immédiate pour la sécurité actuelle des communications, elle est considérée comme un preuve de concept. En brisant le chiffrement RSA plus simple, des chercheurs chinois ont montré que les ordinateurs quantiques pourraient un jour atteindre casser des cryptages beaucoup plus complexes.
Les prochaines étapes viseront à appliquer cette méthode sur des entiers plus grands, comme 128 ou 256 bits. Si les ordinateurs quantiques parvenaient un jour à déchiffrer des clés RSA de cette taille, cela signifierait que les technologies de chiffrement actuelles ne suffiraient plus à protéger les données.
Cependant, en réponse à cette menace potentielle, des chercheurs du monde entier travaillent déjà sur algorithmes de cryptographie « post-quantique ». Ces algorithmes sont conçus pour résister aux attaques des ordinateurs quantiques, garantissant ainsi la sécurité des données même dans un avenir où les machines quantiques sont courantes.