« Des champions méritants… ou talentueux ? »
CHRONIQUE – Dire que les champions sportifs « travaillent » est un excès de langage, estime le philosophe. Dans leur cas, il serait plus juste de parler d’« exercice », d’une activité qui vise à actualiser des dispositions naturelles « bien nées ».
Quiconque prend le temps d’y réfléchir comprendra qu’il faut éviter de confondre talent et mérite, car ce sont deux notions distinctes, voire opposées. En fait, il n’y a aucun mérite, strictement aucun, à avoir du talent. C’est une question de chance, c’est tout. Si par hasard j’ai un don naturel à la naissance, si j’ai la chance d’avoir un QI élevé qui me permet de briller en mathématiques ou en physique, si je suis doué pour les arts ou le sport, si j’ai d’emblée la capacité d’être un champion de football ou de tennis, un violoniste ou un pianiste virtuose (et cela se voit dès la petite enfance, car c’est avant tout un don de la nature bien plus que du travail et de l’effort), je ne dois pas m’en vanter comme si cela était dû à un quelconque mérite.
Je peux tout au plus remercier mes parents, car en vérité, il ne s’agit que d’un héritage génétique qui n’a aucune valeur morale en tant que telle. C’est ce que le christianisme nous dit tout autant…