De notre envoyé spécial à l’Hippopotame de la Porte d’Auteuil,
Une interview désastreuse jeudi, dans laquelle il invitait les fans de Ligue 1 à renoncer à leur restaurant mensuel pour payer DAZN, et un plongeon monumental au Parc des Princes vingt-quatre heures plus tard, non, Laurent Nicollin n’a pas vécu la meilleure semaine de sa vie. Le président montpelliérain, devenu la cible de moqueries culinaires sur les réseaux sociaux, et ses joueurs ont été les premiers à se déplacer au Parc cette saison, un stade où l’on avait à cœur de voir si l’ombre d’un certain Kylian Mbappé planait toujours.
Car que n’avait-on pas entendu après la perte du meilleur buteur de l’histoire du club ? Ils ne marqueront plus de but, sans Kyky cette équipe ne vaut pas un verre de cidre, etc. Pour l’instant, les performances du Paris Saint-Germain en ce début de saison ont plutôt des airs de ballade populaire joyeuse, avec dix buts marqués en deux matchs, un encaissé, et surtout une agréable impression de revoir enfin une vraie équipe de football au sens propre du terme.
« Ils nous ont submergés »
Bien aidés par un Bradley Barcola en forme olympique, auteur d’un point gagnant en début de rencontre après une accélération folle sur le côté gauche, les Parisiens n’ont eu aucun mal à mettre en difficulté une équipe montpelliéraine faible, très faible, même si Luis Enrique a tenté de nous faire croire que la bande à Der Zak avait été « très solide défensivement ». D’autres. Mais, contrairement à l’un de nos confrères en conférence de presse, qui a laissé entendre au coach parisien que la victoire de son équipe était avant tout due à la nullité de son adversaire, nous préférons souligner la bonne prestation des Parisiens vendredi soir.
Un constat partagé par Michel Der Zakarian, avec un air de mauvais jour (enfin, pire que d’habitude, en fait), après le match. « Ils étaient beaucoup plus forts que nous, ils ont dominé du début à la fin, ça a été trop vite pour nous dans tous les domaines », a-t-il reconnu, fataliste. « On a été dépassés, ils nous ont fait courir, techniquement ils étaient plus forts, tactiquement aussi, physiquement. Ils nous ont dépassés. »
C’est aussi l’impression qu’on a eue. Qu’à chaque attaque, Paris pouvait marquer un but. Et, surtout, que le danger venait de partout. De derrière, avec Hakimi, auteur du quatrième but parisien, et Nuno Mendes, à la barre pour délivrer une passe au second poteau, du milieu, avec ce trio Joao Neves-Zaïre-Emery-Vitinha qui pue le football, et devant, bien sûr, avec une armada qui donnerait des cauchemars aux défenses (Barcola, Asensio, Dembélé, Doué, Lee). Un point forcément positif pour une équipe orpheline d’un mec qui vous garantissait 40 à 50 buts par saison.
Quoi qu’il en soit, il aurait été vain de vouloir remplacer numériquement Mbappé. Tout simplement parce qu’un joueur de ce calibre ne se remplace pas. Ou différemment. C’est ce qu’a choisi de faire l’entraîneur parisien, en misant sur un collectif soudé, combatif et qui ne lâche rien, à l’image de ces vagues sur le but de Lecomte alors que le tableau d’affichage affichait déjà un set à zéro et qu’il ne restait plus qu’une poignée de minutes à jouer.
« Nous n’avions pas une star sur le terrain, nous en avions seize. Ce sont les seize joueurs qui ont défendu les couleurs du PSG ce soir. Seize joueurs qui ont attaqué et seize joueurs qui ont défendu. C’est la perfection et c’est ce que nous recherchons », a expliqué Luis Enrique en conférence de presse d’après-match. Pour la première fois depuis longtemps, cette équipe n’a jamais semblé forcer quoi que ce soit pour faire la différence. Aucun joueur, par exemple, n’est venu reculer pour réclamer le ballon dans ses pieds et marcher sur les pieds de ses copains.
Luis Enrique l’avait annoncé
Non, vendredi, tout le monde a joué à merveille son rôle, grâce à des mouvements coordonnés et des ballons toujours lâchés au bon moment. On pense notamment au deuxième but de la soirée, clair, collectif, avec un premier gros travail de Barcola côté gauche et une ouverture en chocolat de Joao Neves, en une touche, pour la finition d’Asensio face au but. Et avec six buts marqués et cinq buteurs différents, comme au Havre la semaine dernière (quatre buts et quatre buteurs), Paris a peut-être déjà la réponse à la question « comment on fait sans les Kyks ? ». Eh bien, c’est comme ça qu’on fait. On repense alors aux propos du coach asturien avant la reprise.
Interrogé sur la manière de combler le vide laissé par Mbappé, Enrique a déclaré, avec vision : « C’est un défi passionnant. Démontrer que le football est un sport d’équipe. C’est un défi pour les attaquants, mais aussi pour toute l’équipe. Nous voulons être un acteur majeur dans toutes les compétitions, nous devons donc améliorer à la fois l’attaque et la défense. Mon avis est que nous pouvons le faire. Si quelqu’un marque 40 buts, nous ne lui fermerons certainement pas la porte, mais si je me fie à mon expérience, c’est mieux d’avoir quatre joueurs qui marquent douze buts ».
Il convient toutefois de garder la tête froide. On connaît trop bien notre PSG pour se laisser bercer par le chant des sirènes d’un début de saison flamboyant. En son temps, rappelons-le, Christophe Galtier savait aussi régaler le Parc et mettre des étoiles dans les yeux des supporters, sans que la suite ne lui donne raison. Même si, jusqu’ici, les prédictions de l’oncle Lucho semblent se réaliser. Il y a quelques mois, il assurait que Paris aurait « une équipe bien meilleure que celle de cette année ». Pour l’instant, l’Espagnol n’est pas loin du compte.