Des bonis de 16 M$ en 2022 à Radio-Canada

Les contribuables paient des primes et des augmentations pour des milliers d’employés, tandis que l’industrie et ses concurrents perdent des revenus et des emplois comme jamais auparavant.
Depuis 2015, 185 millions de dollars en primes et augmentations de salaire ont été versés aux employés, selon la Fédération canadienne des contribuables (FCC), soit 23 millions de dollars par année en moyenne.
Pas moins de 85,5 millions de dollars ont été versés en augmentations salariales, tandis que 99,3 millions de dollars ont été accordés en primes de toutes sortes.
Chute des notes
Rappelons que les contribuables financent déjà la société d’État à hauteur de 1,2 milliard de dollars par an.
« On parle d’un média dont les audiences chutent depuis plusieurs années. Et ces primes ont été accordées dans un contexte de pandémie, contrairement à ce que vivent les contribuables en général. Nous avons de la difficulté à expliquer ce qui motive ces augmentations et pourquoi ces sommes ont été distribuées », a déclaré Nicolas Gagnon, du bureau de Québec de la FCC.
Un montant qui a doublé
L’organisation rappelle que depuis 2015, alors que des licenciements sont régulièrement annoncés dans les médias privés, le nombre d’employés a augmenté de 7,3% dans l’entreprise publique, passant de 7.200 à 7.700. 1 employé sur 7 gagne un salaire de 100 000 et plus.
Au cours des huit dernières années, le nombre d’employés de Radio-Canada qui reçoivent des primes a plus que doublé, passant de 546 en 2015 à 1 142 en 2022, ajoute l’organisme de défense des contribuables.
«Je n’ai aucun problème avec les augmentations de salaire, toutes les industries en vivent. Mais les primes sont plus problématiques », explique Jean-Hughes Roy, professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal.
« C’est difficile de les défendre ou de les dénoncer si on ne sait pas pourquoi elles ont été accordées. Il y a là un problème de transparence », ajoute-t-il.
Concurrence déloyale
Si les primes sont discutables, le fait que Radio-Canada joue sur le même terrain que les entreprises privées pour aller chercher de la publicité alors qu’elle est subventionnée à hauteur de plus d’un milliard de dollars par année n’a absolument aucun sens, aux yeux du professeur Jean- Hugues Roy, .
« C’est de la concurrence déloyale. Radio-Canada est un service public. De plus, Radio-Canada produit maintenant du contenu commandité sur le web. C’est très discutable comme point de départ pratique, mais ici on parle d’un diffuseur public supplémentaire. des primes dont on parle liées aux objectifs de ventes publicitaires, laissez ce terrain de jeu à l’entreprise privée, s’il vous plaît », dit-il.
« Du point de vue de la compétition, il n’est certainement pas normal que les contribuables paient pour un joueur au détriment des autres, ajoute Nicolas Gagnon.
Que fait Ottawa?
La Fédération canadienne des contribuables aimerait voir des mesures telles que des gels d’embauche ou des plafonds salariaux, qui démontreraient un lien entre la réalité radiophonique canadienne et celle des Canadiens.
« Nous aimerions aussi une réaction du gouvernement fédéral. Alors qu’un nombre record de Canadiens font la queue aux banques alimentaires, un nombre record d’employés de Radio-Canada reçoivent des primes et des augmentations de salaire. Les contribuables aimeraient avoir des institutions fédérales moins déconnectées », conclut-il.
Près de 100 millions de dollars de bonus depuis 2015
Année / Bonus
- 2015 : 8 254 599 $
- 2016 : 8 097 155 $
- 2017 : 8 903 882 $
- 2018 : 13 337 262 $
- 2019 : 14 257 933 $
- 2020 : 15 013 838 $
- 2021 : 15 398 101 $
- 2022 : 16 052 148 $
Source : Fédération canadienne des contribuables
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