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Des attaques jihadistes à Bamako ont fait plus de 70 morts

Un panache de fumée s'élève à Bamako tandis que des coups de feu et des explosions se font entendre, le 17 septembre 2024.

Les attaques jihadistes survenues mardi 17 septembre à Bamako ont fait plus de 70 morts et 200 blessés, soit l’un des bilans humains les plus meurtriers de ces dernières années dans les rangs des forces de sécurité maliennes. Une source sécuritaire a fait état de 77 morts et 255 blessés. Un document officiel confidentiel authentifié fait état d’une centaine de morts et cite notamment 81 victimes. La soirée de Bamako annoncé sur la première page « les funérailles d’une cinquantaine d’étudiants gendarmes » ce jeudi.

Les autorités militaires se sont jusqu’ici gardées de communiquer un bilan humain précis de cette opération dont l’ampleur, sans précédent depuis longtemps dans la capitale, contredit les proclamations de la junte au pouvoir quant au succès de sa stratégie. L’état-major s’est contenté de reconnaître « quelques pertes en vies humaines »dont des étudiants gendarmes, alors que diverses sources faisaient déjà état d’un nombre très élevé de morts.

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Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda), qui a revendiqué l’opération, a assuré sur ses canaux de communication que quelques dizaines de ses hommes avaient causé des centaines de morts et de blessés dans le camp adverse en neuf heures, dont des membres du groupe russe Wagner, allié du régime militaire de Bamako. Ses combattants ont ensuite été tués, a-t-il assuré.

Les attaques de mardi surviennent au lendemain du premier anniversaire de la création de l’Alliance des Etats du Sahel, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays confrontés à l’expansion jihadiste et plongés dans des crises. Les régimes militaires, qui ont pris la tête d’une série de coups d’Etat depuis 2020, ont rompu l’alliance historique avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont tournés militairement et politiquement vers d’autres partenaires, dont la Russie.

« Situer les responsabilités »

Les jihadistes ont attaqué l’école de gendarmerie avant l’aube et pris d’assaut l’aéroport de la capitale. Ils ont pris temporairement le contrôle d’une partie de la plateforme et du pavillon présidentiel où arrivent et partent le chef de l’Etat et ses invités. Des images de propagande du GSIM montrent des hommes détruisant des avions. La capitale n’avait pas été le théâtre d’une telle opération depuis 2016, alors que d’autres régions du pays sont en proie à des attaques quasi quotidiennes.

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Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et le gouvernement du Sénégal, pays voisin du Mali, ont condamné ces attaques. L’ambassade de France a présenté ses condoléances. Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group, a déclaré : « Il faut remonter un certain nombre d’années en arrière » de constater une attaque d’une telle ampleur dans la capitale. « Ici, on est vraiment au cœur de Bamako, sur une école de gendarmerie, et surtout sur l’aéroport international ».

Une hypothèse est que « Les djihadistes tentent de dire aux autorités maliennes qu’ils peuvent frapper partout et qu’il faut aussi protéger les grandes villes. »et alléger la pression dans les zones rurales, où les djihadistes sont les plus fortement implantés, a-t-il déclaré.

Le coup d’État de mardi contredit la rhétorique de la junte selon laquelle sa stratégie séparatiste, ses nouveaux partenariats étrangers et ses efforts militaires accrus ont contribué à inverser la tendance contre les djihadistes après des années de descente aux enfers.

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Les attaques ont généralement suscité des déclarations de condamnation et d’unité au Mali pendant l’épreuve. Dans un contexte de fortes restrictions à l’expression sous la junte, quasiment aucune personnalité ne s’est exprimée pour dénoncer une possible défaillance sécuritaire des autorités.

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Voix dissonante rare, le quotidien Nouvel horizon spécifié dans un « Il est temps d’identifier les responsabilités à tous les niveaux »De nombreux Maliens ont appelé sur les réseaux sociaux à des sanctions contre les responsables. Ces attaques font également craindre des règlements de comptes à l’encontre de certains groupes humains en raison de regroupements communautaires.

« Nous pouvons remettre dos à dos les politiques de ces dernières années qui ont toujours peut-être donné trop de primauté à une réponse militaire »déclare Jean-Hervé Jézéquel, « A côté de l’outil militaire qui reste indispensable, il faut aussi remettre au premier plan une réponse politique, un dialogue politique. »

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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