Un nouvel effet de la consommation de tabac a été découvert grâce à une ingénieuse technique d’analyse, qui permet d’exploiter les indices laissés par les squelettes humains.
Ce n’est plus à prouver, la consommation de tabac a des effets dévastateurs sur la santé humaine et on peut encore lui attribuer de nouveaux effets indésirables.
Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Leicester, publiée dans la revue Avancées scientifiquesrévèle une découverte surprenante : le tabac laisse des traces chimiques dans les os humains, des siècles après la mort.
L’équipe de recherche a analysé les os de 323 individus. Récupérés en deux endroits différents, les squelettes peuvent être divisés en deux groupes, ceux appartenant à des individus ayant vécu avant l’introduction du tabac en Europe (1150-1500), et d’autres, après cette période, entre le XVIee et le 19e siècle.
En étudiant les os corticaux, le tissu dense constituant la couche externe des os, les chercheurs ont découvert des différences notables entre les squelettes des individus qui n’ont pas pu accéder au tabac et ceux qui, après son introduction, en ont consommé.
Normalement, pour savoir si un individu fumait, il faut regarder ses dents. Les fumeurs de l’époque peuvent être identifiés soit par les marques distinctives laissées par l’utilisation de pipes bon marché qui creusaient des sillons dans les dents, soit par les taches noires causées par la consommation régulière de tabac.
Mais pour la première fois, les scientifiques ont pu identifier les fumeurs même en l’absence de ces signes dentaires, en se basant uniquement sur les modifications chimiques observées dans leurs os.
» Nos recherches montrent qu’il existe des différences significatives dans les caractéristiques moléculaires contenues dans les os des anciens fumeurs et des non-fumeurs.s », explique le Dr Sarah Inskip, co-auteur de l’étude.
Un nouvel outil pour l’archéologie
Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives aux archéologues. Ils permettent désormais d’identifier la consommation de tabac, uniquement à partir de restes squelettiques, même en l’absence de dents ou d’autres signes visibles. L’analyse chimique des os pourrait devenir un outil essentiel pour retracer les pratiques sociales et sanitaires des populations anciennes.
Cette étude a également révélé un fait inattendu : la présence de nombreuses femmes et adolescentes parmi les fumeurs de l’époque. Les habitudes de consommation de cette plante ne se limitaient donc pas aux seuls hommes adultes, comme on pourrait le penser.