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Des affiches comparant des soldats français à des collaborateurs nazis autour de l’ambassade de France à Moscou

Tous les abribus autour de la représentation française à Moscou sont recouverts d’affiches appelant les soldats français à « ne pas répéter les erreurs de leurs ancêtres ». On peut voir la photo d’un collaborateur français, ancien officier de la division SS Charlemagne.

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Une affiche près de l'ambassade de France à Moscou appelant les soldats français à se rendre et représentant Edgar Puaud, commandant de la division SS "Charlemagne".  ((SYLVAIN TRONCHET / RADIO FRANCE))

A l’approche de la rencontre entre Emmanuel Macron et Volodymir Zelensky, prévue en marge des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement, le ton devient un peu plus tendu entre Paris et Moscou. La presse russe affirme qu’Emmanuel Macron en profitera pour annoncer l’envoi d’instructeurs militaires français en Ukraine. Une perspective qui a déjà suscité la colère de Moscou.  » Concernant la question des instructeurs français, j’ai des raisons de croire qu’ils travaillent déjà en Ukraine. Qu’ils soient qualifiés de membres des forces armées françaises ou de mercenaires, ils représentent une cible légitime pour nos forces armées « a déclaré mardi 4 juin le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite en République du Congo.

La Russie accuse depuis des mois la France d’envoyer des mercenaires en Ukraine, ce que Paris dément formellement, mais la perspective d’envoyer des soldats de l’armée régulière constitue pour Moscou une ligne rouge supplémentaire qui serait franchie, si nécessaire. Les médias pro-gouvernementaux soulignent les dissensions qui existent à ce sujet entre dirigeants européens, sous-entendant qu’Emmanuel Macron est isolé. Le chef de l’Etat français est parfois représenté en uniforme d’officier napoléonien sur certains sites Internet, une manière de rappeler ce qui est arrivé à la Grande Armée qui tenta, en 1812, de conquérir la Russie.

Comme la propagande russe utilise régulièrement des analogies historiques, c’est une autre guerre qui sert de support à la campagne de « publicité » apparue mardi autour de l’ambassade de France à Moscou. « Français, ne répétez pas les erreurs de vos ancêtres, leur sort est connu »peut-on lire sur ces affiches, visibles sur plusieurs abribus de la rue Bolchaïa Yakimanka.

Une photo d’un homme portant un béret l’accompagne. La légende veut qu’il s’agisse d’Edgar Puaud, collaborateur français des occupants nazis qui commandait notamment la division SS Charlemagne. Edgar Puaud disparaît en mars 1945 à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne. Selon certaines sources, il aurait été capturé par l’armée soviétique, mais sa trace aurait ensuite été perdue. Il fut condamné à mort par contumace en France en octobre 1946.

La résidence de l'ambassade de France à Moscou ((SYLVAIN TRONCHET / RADIO FRANCE))

La comparaison avec les collaborateurs nazis n’est évidemment pas anodine, Moscou affirmant mener une « guerre contre les néonazis ». L’affiche présente également une fréquence radio pouvant être utilisée par les soldats souhaitant se rendre à l’armée russe. La campagne a été officiellement financée par un mouvement ultranationaliste russe, le « Mouvement de libération nationale ». Mais l’accord des autorités russes étant indispensable pour mener à bien ce type d’opération, la bénédiction du Kremlin semble plus que probable. Sergueï Lavrov, originaire d’Afrique, a été le premier à signaler l’apparition de cette campagne, et le porte-parole du Mouvement, Denis Ganitch, a été immédiatement interrogé par les médias d’État. « Les troupes françaises seront simplement éliminées et renvoyées chez elles dans des cercueils. » a-t-il déclaré.

La méthode n’est pas nouvelle, des affiches moquant Emmanuel Macron et Volodimir Zelensky étaient déjà apparues près de la représentation française à Moscou. Et les murs de l’ambassade avaient été peints du « Z », devenu le symbole de l’invasion russe de l’Ukraine. Mais cette nouvelle campagne illustre le degré de tension croissant entre Paris et Moscou, notamment depuis les premiers propos d’Emmanuel Macron n’excluant pas l’envoi de troupes en Ukraine qui avait provoqué la fureur des autorités russes.

Cammile Bussière

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