derrière les prix d’Alfred, l’influence de Bertha von Suttner
HISTOIRE – C’est l’une des récompenses les plus prestigieuses. Ce vendredi 11 octobre, l’un des 286 candidats nominés recevra le prix Nobel de la paix. Décerné presque chaque année depuis sa création en 1901, ce prix a bien entendu été créé par Alfred Nobel. Mais un tel prix n’aurait peut-être jamais vu le jour sans son amie Bertha von Suttner, militante pour la paix, qui fut aussi la première femme de l’histoire à recevoir ce prix en 1905. (voir la vidéo en tête d’article).
Bertha von Suttner est née dans une famille aristocratique en 1843 à Prague, dans ce qui était alors l’Empire autrichien. C’est en 1876 qu’elle rencontre Alfred Nobel, alors qu’elle travaille pour lui comme secrétaire. Même si elle ne resta que peu de temps à son service, de cette courte expérience naît une amitié qui durera jusqu’à la mort d’Alfred Nobel en 1895. Pendant près de 20 ans, ils correspondirent par lettres, dans lesquelles ils échangeèrent leurs idées, mais réfléchissez avant tout à une manière de promouvoir la paix.
Si Alfred Nobel est surtout connu aujourd’hui pour les prix qui portent son nom. À l’époque, il était surtout connu pour avoir inventé la dynamite, une invention qui l’a rendu riche. Mais face aux destructions qu’elle provoque, il cherche un moyen de se racheter. « Comme pour la bombe atomique, Einstein était à un moment désespéré en disant : « Nous avons créé un monstre. Nous avons créé une arme de destruction massive. La dynamite était aussi une arme de destruction massive. »fait un parallèle avec Ingeborg Rabenstein-Michel, maître de conférences à l’université Lyon 1.
De son engagement pacifiste envers le prix Nobel de la paix
De son côté, Bertha von Suttner, alors tout juste mariée, s’installe avec son mari dans le Caucase. Elle fut très marquée par la guerre russo-turque de 1877-1878, que son mari couvrait en tant que journaliste, puis » Il y a une conscience de la rhétorique guerrière de son pays d’origine, l’Autriche-Hongrie, qui est très militarisée et militariste »explique Ingeborg Rabenstein-Michel à HuffPost. « Elle lit aussi beaucoup, notamment le livre de Kant « Vers la paix perpétuelle ». Elle voit aussi qu’en 1864, Henry Dunant fonde la Croix-Rouge à la suite de conflits sanglants pour soigner les blessés. Il y a des ligues pour la paix qui se créent ».
Autant de choses qui nourriront sa réflexion et son engagement pacifiste qui mènera à son roman. « Haut la main ! » publié en 1889 et qui aura un retentissement international. « Au moment de sa publication, c’était un best-seller. Ce fut un succès incroyable et inattendu, car au départ, les éditeurs n’étaient pas du tout désireux de publier le livre. Elle n’a pas pu le publier chez elle, car dans cette Autriche-Hongrie militariste, c’était impensable.explique Ingeborg Rabenstein-Michel. Léon Tolstoï a même comparé le roman à « La Case de l’oncle Tom » et écrit à Bertha von Suttner : « L’abolition de l’esclavage a été précédée par le célèbre livre d’une femme, Mme Beecher-Stowe ; Dieu veuille que l’abolition de la guerre soit faite par vous.
Bien que moquée dans son pays, Bertha von Suttner a consacré sa vie à son engagement pacifiste. En 1891, lors de la création du Bureau international de la paix, elle est élue vice-présidente. Elle milite également pour la création d’une Cour internationale de Justice.
Mais surtout, son engagement aura une influence sur la création d’un prix Nobel de la paix. En 1895, Alfred Nobel consigne dans son testament qu’il lègue la quasi-totalité de sa fortune à la création de prix Nobel décernés dans plusieurs catégories. Il décède l’année suivante d’un accident vasculaire cérébral mais ses dernières volontés sont respectées. Les premiers prix Nobel de la paix, de littérature, de chimie, de médecine et de physique furent décernés en 1901. Il faudra encore quatre ans à Bertha von Suttner pour devenir la première femme à recevoir le prix Nobel de la paix, comme le souhaitait Ailleurs Alfred Nobel.
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