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derrière les nominations de la future administration de Donald Trump, le même profil politique

derrière les nominations de la future administration de Donald Trump, le même profil politique

Toutes les personnes nommées jusqu’à présent à la tête des différents ministères américains ont prêté allégeance au républicain et s’inscrivent dans la ligne ultraconservatrice du mouvement trumpiste « Make America Great Again ».

Le casting est digne de « Danse avec les stars », plaisante Revue new-yorkaise. Depuis son élection le 5 novembre, le prochain président des Etats-Unis, Donald Trump, a dévoilé les noms des membres de son futur gouvernement. On y retrouve, pêle-mêle, l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, qui copilotera le nouveau Department of Government Efficiency avec l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy, ou encore l’ancienne patronne de la lutte américaine, Linda McMahon, nommée à l’Éducation. Au fil de ces nominations explosives, un profil similaire se dessine.

« Le critère numéro un est la fidélité »pose d’emblée Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire nord-américain à la Fondation Jean-Jaurès. C’était aussi la condition martelé par l’entourage du président élu à l’attention des prétendants. « Chers demandeurs d’emploi de Trump, Avant de demander mon aide, je vous demanderai de me fournir une preuve concrète de votre loyauté envers Trump », » a écrit Mike Davis, un avocat proche du Républicain, sur X le 7 novembre.

Parmi les chanceux, il y a ceux qui sont présents dans le paysage trumpiste depuis des années, comme Pete Hegseth, à qui devrait revenir le ministère de la Défense. Cet ancien militaire le murmurait déjà à l’oreille de Donald Trump lors de son premier mandat. Quant à Susie Wiles, sa chef de cabinet, elle était en charge de sa campagne en Floride à partir de 2016, rapporte CBS. La future secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, est l’une des fidèles soutiens du président élu depuis 2018, année où elle est devenue gouverneure du Dakota du Sud. Le milliardaire Scott Bessent, gestionnaire de hedge funds, mais aussi donateur et conseiller de Donald Trump, se voit confier le rôle prestigieux et influent de secrétaire au Trésor.

Donald Trump a aussi choisi ceux qui ne l’ont jamais abandonné quand, en 2020, après sa réélection ratée face à Joe Biden, il pleurait sur la fraude électorale, sans jamais l’avoir prouvé. Parmi ses fervents défenseurs, on retrouve le futur conseiller à la sécurité nationale, Michael Waltz, et la prochaine ambassadrice auprès des Nations Unies, Elise Stefanik. Pam Bondi, désignée ministre de la Justice, faisait partie de l’équipe de défense de Donald Trump lors de son procès en impeachment au Sénat. Elle sera assistée de trois des avocats personnels du milliardaire : Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer.

Le milliardaire mise aussi sur ses anciens rivaux républicains devenus ses soutiens. Marco Rubio, candidat aux primaires républicaines de 2016, hérite du prestigieux poste de chef de la diplomatie. Le sénateur de Floride de l’époque avait qualifié Donald Trump de« escroc », avant d’affirmer en mars 2016 que « ne pas être fier » de ces insultes, puis d’assumer le rôle de conseiller informel sur l’Amérique du Sud. Mike Huckabee, nommé ambassadeur en Israël, avait lui aussi jeté l’éponge lors de la campagne présidentielle de 2016 après avoir obtenu un mauvais score au premier caucus de l’Iowa. L’histoire s’est répétée en 2024 pour Vivek Ramaswamy, candidat à la primaire qui s’est rangé derrière Donald Trump en janvier.

Ce besoin de fidélité n’est pas nouveau. À son arrivée à la Maison Blanche en 2016, « Donald Trump voulait s’entourer de personnes loyales. Mais il n’avait pas un carnet d’adresses assez grand pour sortir tous les noms de son chapeau. »explique Ludivine Gilli, rappelant que le président doit prévoir 4 000 postes dans l’administration. En l’absence d’associés, il puisait alors dans son cercle familial : sa fille, Ivanka Trump, et son gendre, Jared Kushner, étaient ainsi devenus ses proches conseillers.

« Résultat : il y a eu un turnover phénoménal, car les personnalités n’avaient pas été suffisamment testées. »

Ludivine Gilli, spécialiste de la politique américaine

sur franceinfo

Pas moins de quatre chefs d’état-major se sont succédé durant le premier mandat de Trump, dont John Kelly, qui l’a qualifié de « fasciste » lors de la dernière campagne présidentielle. Son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, n’a eu que cinq chefs de cabinet différents en huit ans. Pour ce deuxième mandat, « nous attribuerons aux gens un rôle en fonction de leurs capacités, de leur fidélité et de leur loyauté envers la politique (Trumpiste)ainsi qu’à l’égard de l’homme »a insisté Howard Lutnick, coprésident de l’équipe de transition de Donald Trump, auprès du Temps Financier.

Les observateurs contactés par franceinfo s’accordent sur la fidélité des conscrits, moins sur leurs capacités. « Ce qui me frappe le plus, c’est l’incompétence totale de certaines personnes citées »» précise Denis Lacorne, spécialiste des Etats-Unis au Centre de recherche internationale (Ceri) de Sciences Po Paris. Malgré son passage dans l’armée, Pete Hegseth ne possède pas l’expérience de commandement généralement requise pour gérer le portefeuille de la Défense. L’ancien cadre républicain Justin Higgins avait déjà statué en 2016 qu’il était « insuffisamment qualifié » pour le poste pour lequel il a été considéré dans la première administration Trump.

Robert Kennedy Jr hérite du ministère de la Santé, sans formation scientifique préalable. Surtout, cet adepte des théories complotistes, notamment sur la pandémie de Covid-19, est un anti-vax notoire. « Il n’existe pas de vaccin sûr et efficace »l’entendait-on dire en 2023. Le profil de celui qui dirigera le programme public d’assurance maladie a également fait sourciller : Mehmet Oz, ancien chirurgien star des plateaux télé, est accusé d’avoir promu des traitements ou des compléments alimentaires inefficaces, voire dangereux.

Linda McMahon dirigera le ministère de l’Éducation, alors qu’elle est surtout connue pour son parcours à la tête de la fédération américaine de lutte WWE ou son passage au ministère des Petites Entreprises en 2016. Quant à l’ancien membre du Congrès Lee Zeldin, nommé chef de l’Agence de Protection de l’Environnement, il « n’a pas d’expertise particulière sur ce sujet »soutient Ludivine Gilli : il a obtenu un score médiocre de 14 % de la part de la League of Conservation Voters, une association qui note les élus en fonction de leurs votes sur les politiques environnementales.

« Donald Trump choisit des gens qui n’ont aucune formation préalable pour montrer son mépris envers la bureaucratie de Washington, basée sur le mérite. »

Denis Lacorne, spécialiste des Etats-Unis

sur franceinfo

Les nominés partagent tous un autre point commun : «Ils s’intègrent parfaitement dans la gamme Maga»l’acronyme du slogan de campagne de Donald Trump, « Rendre sa grandeur à l’Amérique » qui a fini par désigner son camp politique, souligne Ludivine Gilli. Le spécialiste cite en exemple le climatosceptique Chris Wright, futur secrétaire à l’Energie et PDG d’une entreprise spécialisée dans la fracturation hydraulique, une méthode polluante d’extraction d’hydrocarbures. « Il n’a aucun doute sur le type de politique qu’il mènera »pendant que Donald Trump martelait le slogan « perceuse, bébé, perceuse » (« perceuse, bébé, perceuse ») lors de sa campagne, souligne l’expert.

Au-delà des compétences, « Les membres du gouvernement doivent être capables de faire ce que Donald Trump veut qu’ils fassent. Et quand on regarde leur pedigree, ce sont des extrémistes ou des radicaux. »résume Ludivine Gilli. A l’image de Chris Wright, tous les nominés incarnent parfaitement la ligne trumpiste. Kristi Noem aime apparaître avec des armes et a même fait sensation en révélant qu’elle avait tiré et tué son jeune chien. Elle adopte une ligne très dure sur l’immigration, tout comme Tom Homan, en charge du contrôle des frontières, ou encore Stephen Miller, chef de cabinet adjoint, adepte de l’idée raciste du grand remplacement, comme le rapporte Le monde.

Comme d’autres ultraconservateurs, Pete Hegseth dénonce un « Conspiration réveillée », qu’il dit vouloir se battre en interdisant les femmes sur les champs de bataille. Elon Musk en parle aussi « virus réveillé » et penche fortement vers le mouvement américain d’alt-right, qui prône le suprémacisme blanc et lutte contre les droits des femmes, des immigrés, des homosexuels et des personnes transgenres. Le prochain secrétaire d’État, Marco Rubio, apparaît comme un faucon sur la question iranienne. La future ambassadrice à l’ONU s’est quant à elle lancée en croisade contre les présidents d’universités américaines, les accusant de ne pas avoir suffisamment dénoncé l’antisémitisme sur leurs campus. L’ambassadeur nommé en Israël, Mike Huckabee, est un pasteur chrétien évangélique, qui voit des raisons bibliques pour défendre Israël.

« Donald Trump recherche des personnes capables de relayer le message Maga de manière brutale et directe. »

Ludivine Gilli, spécialiste de la politique américaine

sur franceinfo

Fox News, la chaîne américaine dont raffolent les Républicains, est le vivier dans lequel Donald Trump a puisé son trombinoscope. Pete Hegseth y anime une émission le week-end. Tom Homan est contributeur de la chaîne et Sean Duffy, responsable des transports, participe à Fox Business. « Cela montre que Fox News a beaucoup d’influence. La chaîne fonctionnait sous son administration. (2017-2021) comme une sorte de télévision d’État qui ne cessait de le louer et d’attaquer ses ennemis »assure à l’AFP Matthew Gertz, auteur de Media Matters for America, un observatoire américain des médias.

Ces noms ne sont pas encore gravés dans le marbre : ils doivent encore passer l’étape du Sénat, qui confirme les nominations. Même si la chambre haute du Congrès est dominée par les Républicains, « il y a des doutes sur la validation de Pete Hegseth à la Défense »juge Ludivine Gilli. L’ancien militaire a été accusé d’agression sexuelle en 2017 et a versé de l’argent à la femme qui l’accusait, sans admettre les faits, a déclaré son avocat à CNN. Matt Gaetz, également accusé d’infractions sexuelles, a démissionné de son poste de ministre de la Justice le 21 novembre.

Ces soupçons n’ont pas empêché Donald Trump de taire leurs noms. Mais le président élu n’a-t-il pas lui-même été reconnu responsable d’agression sexuelle et coupable de falsification comptable pour cacher le paiement de 130 000 $ à la star du porno Stormy Daniels, afin d’éviter un scandale ? sexuel en pleine campagne présidentielle ? « Il choisit les gens à son image »glisse Denis Lacorne.

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