Dérapage du déficit : « Ça va complètement en enfer ! » Clash entre Gabriel Attal et le rapporteur général du budget
« Le début de 2024 va complètement être un enfer. » Est-ce cette phrase du rapporteur général, Jean-François Husson, qui a animé l’audition de Gabriel Attal, jusqu’alors plutôt serein ? Après Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, l’ancien Premier ministre a été entendu par la mission d’information du Sénat sur la dégradation de l’estimation du déficit.
«C’est une forme d’indigence et un manque de rigueur dans la tenue de nos comptes»
Rappelons que Gabriel Attal a été nommé à Matignon le 9 janvier 2024, soit au moment où, selon l’élu, « ça va en enfer », lors des premières alertes sur la hausse du déficit prévu. « C’est une forme d’indigence et un manque de rigueur dans la tenue de nos comptes », estime Jean-François Husson, qui reproche à Gabriel Attal d’avoir annoncé « des dépenses nouvelles et nombreuses ».
L’intéressé ne laisse pas cela compter. «Je t’offre quelque chose. Nous le prendrons dépense par dépense. Merci de lister les dépenses que vous me reprochez et qui auraient dégradé la trajectoire et l’équilibre en 2024. »
Un échange « feuilleté moucheté » s’ensuit entre les deux hommes. Gabriel Attal se défend sur ses annonces visant à répondre à la crise agricole. « Ces mesures sont 400 millions d’euros (…) financés sur la provision de crise du ministère de l’Agriculture », précise-t-il. Il convient toutefois que l’abandon de la hausse de la taxation du diesel non routier coûterait 70 millions d’euros.
« C’est quoi ces 5 milliards d’euros ? »
Jean-François Husson n’en démord pas. « Le budget n’est pas respecté », dit-il. « Les dépenses de l’État ont-elles baissé en 2024 ? », rétorque le député, qui comme d’autres anciens membres du gouvernement, explique l’ampleur du déficit par une baisse brutale des recettes. « Vous parliez hier de dépenses supplémentaires de 5 milliards d’euros à Bruno Le Maire. Que sont ces 5 milliards d’euros ? », insiste Gabriel Attal, inversant quelque peu les rôles.
« Vous êtes dans une situation de déni. Nous devions avoir une amélioration. On a eu une dégradation des comptes publics», soutient le sénateur qui insiste sur les 16 milliards de reports de crédit en 2024.
Gabriel Attal et Jean-François Husson finissent par s’accorder sur un point. « C’est moins ennuyeux pour les téléspectateurs de se parler comme ça. » (faits saillants de l’audition)