Le syndicat général des ingénieurs, cadres et techniciens CGT a présenté, mercredi 19 juin, son baromètre des avis et attentes des professions techniques et intermédiaires. Le syndicat alerte sur le profond déclassement qui touche ces catégories socioprofessionnelles.
Publié le 21 juin 2024
Mis à jour le 21 juin 2024 à 14h35
Publié le 21 juin 2024
Mis à jour le 21 juin 2024 à 14h35
Chaque année depuis dix ans, l’Ugict-CGT publie un baromètre sur les avis et attentes des professions techniques et intermédiaires, appuyé par une enquête réalisée par ViaVoice avec le cabinet expert Secafi, auprès d’un millier de travailleurs de ces catégories socioprofessionnelles. secteurs privé et public. Pour ces travailleurs situés schématiquement entre cadres et ouvriers-salariés, l’étude 2024 met en évidence un sentiment de déclassement qui n’a jamais été aussi fort. Un constat inquiétant qui pousse Caroline Blanchot, secrétaire générale de l’Union syndicale à faire 2024 « l’année des métiers techniques et intermédiaires, afin de les sortir de l’invisibilité et de soutenir fortement leur aspiration à la reconnaissance de leurs qualifications ».
Le salaire, priorité aux professions intermédiaires
Pour la première fois, le salaire arrive en première place parmi les préoccupations de ces catégories socioprofessionnelles (72% des personnes interrogées), au même niveau que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les niveaux de rémunération trop bas sont majoritairement pointés par les femmes (76% d’entre elles), alors même qu’elles représentent près des deux tiers des professions intermédiaires. Un sentiment d’inégalité renforcé par le fait que seulement un tiers des femmes sont rémunérées pour leurs heures supplémentaires, contre près de la moitié des hommes.
L’inquiétude sur la question salariale est fortement liée à l’inflation connue depuis 2022. En effet, l’Ugict-CGT observe que les professions intermédiaires sont les catégories qui ont le plus perdu en pouvoir d’achat sur les vingt-cinq dernières années, tout en étant aussi celles dont les salaires ont le moins augmenté par rapport aux ouvriers, aux employés et aux cadres. La majorité des travailleurs du secteur estiment que leur salaire n’est pas en adéquation avec leur charge de travail, leur implication ou leurs qualifications.
Déqualification et intensification du travail
Cette question de qualification devient de plus en plus importante, puisque l’augmentation du niveau de qualification (68 % des diplômés de l’enseignement supérieur parmi les professions intermédiaires ont moins de trente ans) s’accompagne en réalité d’une déqualification. La nouvelle convention collective de la métallurgie appliquée depuis janvier 2024 a par exemple supprimé à la fois la reconnaissance des diplômes à l’embauche, mais aussi les qualifications acquises au cours de la carrière. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont désormais recrutés avec des diplômes supérieurs au niveau requis pour leur poste (13 % des professions intermédiaires).
L’enquête met également en évidence l’intensification et la perte de sens du travail des professions intermédiaires. 47% des salariés déclarent travailler plus que les 35 heures légales par semaine, dont 15% entre 45 et 48 heures. Près de la moitié d’entre eux associent cette intensification à l’usage des technologies de l’information et de la communication. De même, près des deux tiers estiment que leur éthique entre régulièrement en conflit avec les choix et pratiques de leur employeur. L’Ugict-CGT réclame donc l’activation d’un certain nombre de mesures et de recours à la disposition des travailleurs, comme le droit à la déconnexion, le droit de refus ainsi que le droit d’alerte.
De nombreux travailleurs intermédiaires dénoncent également un décalage entre le poste occupé et le travail réellement effectué. Plus de la moitié déclarent que leur travail aide à la prise de décision et au travail de leurs collègues, mais sans être rémunéré en conséquence. L’UGICT-CGT dénonce un « Offensive des employeurs pour brouiller les qualifications » visant à « rendre cette catégorie invisible dans la hiérarchie socioprofessionnelle« .
Des catégories « impensées » par le Rassemblement national
Dans un contexte de victoire du Rassemblement national aux élections européennes, et de risque de son arrivée au pouvoir en France, l’Ugict-CGT montre aussi pourquoi le « mesures sociales » des RN ne sont qu’un mirage pour les professions intermédiaires. La baisse des cotisations patronales constitue un réel risque pour le financement de la Sécurité sociale, et la retraite à 60 ans, l’un des arguments majeurs du parti d’extrême droite, ne concerne que les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans, excluant de facto l’enseignement supérieur. diplômés. L’Ugict-CGT réclame en revanche des mesures plus proches de celles défendues par le Nouveau Front populaire : indexation des salaires sur l’inflation, départ à la retraite à 60 ans avec reconnaissance de la pénibilité, ou encore réduction de la durée du travail par le passage aux 32 heures.