Depuis leur balcon, ils sont aux premières loges pour assister aux Jeux Olympiques de Paris
Certains habitants des tours d’un quartier de Colombes profitent d’une vue dégagée sur le stade Yves-du-Manoir, qui accueille des matchs de hockey sur gazon.
Deux tours surplombant un stade olympique. Au sommet des 14 étages des deux immeubles situés au 26 et 28 avenue Audra à Colombes (Hauts-de-Seine), la vue sur le stade Yves-du-Manoir est imprenable. Ce stade mythique, qui avait déjà accueilli les Jeux de Paris un siècle plus tôt, est le théâtre des compétitions de hockey sur gazon lors des JO de 2024. Rizky, depuis son balcon situé au 10e étage, profite d’une vue plongeante sur cette pelouse bleue et ce stade rénové pour les Jeux. En ce début d’après-midi du lundi 29 juillet, il assiste au match masculin du groupe B entre l’Inde et l’Argentine. « Il faudrait des jumelles pour mieux voiril a souri. J’en avais, mais je ne sais plus où ils sont.
Lui et sa femme Halima font partie des chanceux qui sont du bon côté de l’immeuble. Et suffisamment haut pour profiter des matchs de ce sport méconnu, qui est pourtant une discipline olympique depuis les Jeux d’Amsterdam en 1928. Catherine et Mireille, qui s’apprêtent à faire le tour du pâté de maisons avec leurs chiens, habitent au 2e étage. Ils ne peuvent que profiter des acclamations du public. Comme Lidia qui « vit à côté » : « Je ne vois que la rue, je suis triste de ne pas voir le stade, mais je suis content de l’ambiance. »
Depuis ces balcons situés à quelques dizaines de mètres à vol d’oiseau des tribunes, la ferveur des supporters est spectaculaire. Depuis les fenêtres de l’appartement de sa mère, à qui elle rend visite, Dalila savoure : « Tout le monde est de bonne humeur, y compris la police. » Elle aurait préféré du rugby ou du football à l’intérieur du stade, mais admet que « Cette liesse populaire fait du bien ».
« Ça fait beaucoup de bruit, mais c’est le bruit des émotions, c’est festif, ça change des voitures brûlées qu’on avait après la mort de Nahel. »
Dalila, habitante de Colombesà franceinfo
Comme d’autres quartiers parisiens, Colombes s’est embrasé après la mort de l’adolescente à Nanterre. Mais depuis le début des calvaires en bas des tours, rien à signaler. « Les gens de la ville ne viennent pas pour embêter les touristes, ça n’a jamais été une mauvaise villeassure Kamel, un ancien habitant du quartier. Nous ne voulons pas donner une mauvaise image.
Avec les Jeux, le stade, comme le quartier, a été transformé. La chaussée de l’avenue Audra, les trottoirs et les pistes cyclables ont été rénovés. La toiture et l’éclairage de l’enceinte également. La réhabilitation des façades des tours, en revanche, devra attendre septembre. Yasmina, une habitante de 28 ans, regrette que cela n’ait pas été fait avant les Jeux. « Devant le monde entier, c’est un peu dommage »regrette-t-elle en contemplant les murs décolorés de l’immeuble depuis son balcon du troisième étage.
Ben, qui habite au numéro 26, n’est pas dupe. « C’est pour l’image de la France, mais c’est juste du maquillage très rapide, avec des travaux sur les routes et les trottoirs, comme par hasard… Un terrain vague a même été camouflé »explique-t-il. Il est attristé par les millions d’euros dépensés « en très peu de temps », « Quand on voit certains dormir dans la rue et les difficultés financières des autres ».
« Ces Jeux ne feront pas baisser nos loyers, je ne suis pas anti-sport, mais j’aurais préféré des Olympiades sociales. »
Ben, habitant de Colombesà franceinfo
Ce fan de vélo n’apprécie guère sa vue depuis le 5e étage. « Je regarde par curiosité et pour l’ambiance »assure-t-il. Kamel, lui, habite deux étages plus bas et est un peu frustré de ne pas voir mieux. « À deux étages de là, j’étais bienil plaisante. Mais je ne pense pas que ce soit très normal de profiter sans payer, si tu veux voir, tu paies un billet. »
Zayd et son cousin Mahoma, 14 et 13 ans, ont été ravis par le match France-Pays-Bas, malgré la lourde défaite des Bleus (6-2) samedi. Ils habitent au 14e étage et bénéficient d’une vue idéale. Les matchs rappellent au premier son stage de hockey sur gazon qu’il a suivi il y a quelques années. Quatre étages plus bas, Rizky ne se retient pas non plus. « Je reste ici cet été, donc ça me tient occupé. »dit-il. Tout en restant prudent, les habitants ayant reçu une lettre d’avertissement. « Nous avons reçu une lettre de la copropriété nous conseillant de ne pas trop nous entasser sur le balcon, qui pouvait supporter un poids maximum, afin d’éviter les risques d’effondrement. »assure Rizky. Peu de fêtes de quartier donc, au sein des deux tours, mais Halima, sa femme, partage des vidéos via ses stories sur Facebook pour ses amis.
« Chaque fois que j’entends La Marseillaise, je viens la voir. »
Halima, habitante de Colombesà franceinfo
Le couple commence à devenir expert en hymnes nationaux, à force de les entendre, « même si je suis plus dans le foot et la boxe »Rizky explique, en montrant une photo du roi Pelé frappant le ballon sur le même terrain à Colombes lors de la Coupe du monde 1958.
Depuis son troisième étage, Yasmina sort également la tête lorsqu’elle entend des cris. « Mais ce sont eux les plus bruyants »elle explique en désignant les gendarmes en contrebas : « Ils m’ont réveillé à 6 heures du matin dimanche matin quand ils ont emménagé. » Même si elle regrette les contraintes liées à l’événement, notamment la fermeture de la sortie A86 toute proche de chez elle, elle se confie surtout sur la découverte de ce sport. « Je connaissais le hockey sur glace, mais pas du tout le hockey sur gazon, je ne savais même pas que ce sport existait.elle rougit. Je ne le ferai pas demain. Elle profitera encore du spectacle le matin, puisque l’équipe de France masculine joue contre l’Espagne à 10h