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Le rapport met en évidence les difficultés rencontrées par les migrants, les femmes transgenres et les travailleurs du sexe pour déposer plainte.
VIOLENCES SEXUELLES – À l’automne 2021, le mouvement féministe #DoublePeine est né sur les réseaux sociaux. Il faisait suite à des milliers de témoignages de femmes victimes de violences sexistes et/ou sexuelles, mal accueillies lorsqu’elles déposaient plainte à la gendarmerie ou au commissariat. Trois ans plus tard, un rapport d’Amnesty International publié mercredi 18 septembre revient sur le traitement des plaintes pour violences sexuelles émanant de femmes migrantes, transgenres ou travailleuses du sexe. Et son bilan est accablant.
Refus d’enregistrer des plaintes
Pour parvenir à un tel constat, l’ONG a travaillé en collaboration avec des organismes qui apportent un soutien à ces femmes au carrefour de plusieurs discriminations : racisme, transphobie et sexisme. Car pour elles en particulier, la procédure pour obtenir justice dans les cas de violences sexuelles est semée d’embûches, à commencer par le dépôt de plainte.
Conformément à l’article 15-3 du Code de procédure pénale, « La police judiciaire est chargée de recevoir les plaintes déposées par les victimes d’infractions à la loi pénale ». Pourtant, selon six des associations avec lesquelles Amnesty International a travaillé, il n’est pas rare que ces femmes victimes de violences se voient refuser l’autorisation de déposer plainte. Parmi les raisons invoquées par les policiers ou les gendarmes : le manque de « preuve suffisante » ou le fait que la victime se trouve en situation irrégulière. « Selon les associations, les refus de porter plainte pourraient être fondés sur des stéréotypes et des préjugés racistes, sexistes ou transphobes de la part des policiers et des gendarmes »écrit Amnesty.
Les victimes menacées d’expulsion
Parce qu’elles sont en situation irrégulière sur le sol français, les femmes migrantes sont également réticentes à déposer plainte dans un commissariat, « la même institution qui est responsable de leur éventuelle expulsion ». Dans certains cas, cette crainte est fondée. Quatre associations ont informé Amnesty International de cas où des femmes en situation irrégulière ont reçu l’ordre de quitter le pays, « Certains ont été placés dans des centres de rétention puis expulsés lorsqu’ils ont contacté la police pour signaler des situations de violence »Les femmes migrantes et demandeuses d’asile sont également confrontées à des stéréotypes, notamment au préjugé selon lequel elles dénonceraient des violences. « obtenir des papiers ».
Et lorsque leur plainte est acceptée, les femmes non francophones se heurtent toujours à un obstacle : le manque d’interprètes dans les commissariats. Le rapport d’Amnesty International souligne également le manque de soutien psychologique apporté aux femmes victimes de violences. « Selon un rapport de la Fondation des femmes, il manque au moins 500 travailleurs sociaux dans les commissariats et les gendarmeries pour répondre aux besoins actuels. »
Remarques discriminatoires et transphobes
Les travailleuses du sexe sont également empêchées de déposer plainte, les victimes « des remarques discriminatoires dans leurs interactions avec les services de police »mais aussi de« violations de leurs droits »en raison notamment des lois sur le proxénétisme et la criminalisation des clients. Selon les organisations interrogées par Amnesty International, « ces pratiques (peuvent) conduire les services de police et de gendarmerie à refuser leur plainte pour violences sexuelles, notamment en niant le caractère non consenti ».
Les travailleuses du sexe migrantes sont particulièrement exposées aux violences, tout comme les femmes transgenres, qui sont également confrontées à des obstacles supplémentaires lorsqu’elles décident de signaler les violences au commissariat de police ou à la gendarmerie. À commencer par le fait d’être mal genrées, c’est-à-dire de se voir attribuer, volontairement ou non, un genre auquel elles ne s’identifient pas. « Quand on a à la fois des personnes trans et des personnes sans papiers, ce n’est pas facile. Ce sont des populations qui ont le sentiment de ne pas avoir leur place dans un commissariat. »notes dans le rapport Le Strass, syndicat du travail du sexe en France.
Une meilleure formation pour un meilleur accompagnement
Pour éviter d’être discriminé en raison de « En raison de leur statut administratif, de leur statut de femme racisée, de leur nationalité et de leur sexe, certaines femmes peuvent décider de ne pas porter plainte, afin d’éviter d’être victimes de nouvelles violences »« Nous regrettons vivement cette situation », regrette Amnesty International. L’ONG souligne également le rôle joué par les associations communautaires pour apporter soutien et ressources juridiques aux femmes discriminées, malgré le manque de financement dont elles souffrent.
Enfin, Amnesty International formule un certain nombre de recommandations visant à mieux accompagner les victimes de violences, notamment lorsqu’elles sont victimes de discrimination. Parmi ces recommandations figure la dépénalisation de la violence domestique. « tous les aspects du travail du sexe »mais aussi permettre « toute personne victime de violences conjugales, qu’elle ait ou non déposé plainte »de continuer à résider en France. L’organisation réclame également une meilleure formation des services de police et de gendarmerie et une modification de la définition pénale du viol « de sorte qu’elle soit fondée sur l’absence de consentement ».
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