Romain Rouillard avec AFP / Crédit photo : AFP
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16h09, 5 septembre 2024
Le suspense a pris fin ce jeudi à la mi-journée. Après avoir multiplié les consultations pendant de longues semaines, Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier pour le poste de Premier ministre. L’ancien commissaire européen, âgé de 73 ans, doit désormais former un gouvernement capable d’échapper à la censure. Homme politique aguerri, quatre fois ministre, libéral et modéré, son profil fait bondir l’opposition de gauche.
Notamment Jean-Luc Mélenchon selon qui « l’élection a été volée aux Français ». Le leader de la France Insoumise ne digère pas ce choix au vu du résultat des dernières législatives où le Nouveau Front populaire est arrivé en tête. Découvrant « un Premier ministre qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion du Rassemblement national », Jean-Luc Mélenchon appelle dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux « à la mobilisation la plus puissante possible » samedi.
On découvre un Premier ministre nommé avec l’accord du RN.
C’est le gouvernement de M. Macron et Mme Le Pen. Ils ont déjà pris des engagements pour faire accepter le budget préparé dans l’ombre par les ministres démissionnaires.#MacronDestitutionpic.twitter.com/iIrWrQW2vV
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 5 septembre 2024
Le PS votera la censure
Michel Barnier va-t-il repartir à la retraite à 64 ans ? Rétablir l’ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l’a choisi à ces conditions. Alors on va le censurer.
Élu depuis 1973, il cumule 51 années de mandat. Homme politique professionnel, installé et relocalisé au gré du vent, commissaire…
– François Ruffin (@Francois_Ruffin) 5 septembre 2024
La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a accusé le chef de l’Etat de ne pas respecter avec cette nomination la « souveraineté populaire » et le « choix issu des urnes ». « On sait au final qui décide : elle s’appelle Marine Le Pen. C’est à elle que Macron a décidé de se soumettre », s’étrangle la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier. La France insoumise a annoncé qu’elle voterait une motion de censure.
Même désarroi chez Olivier Faure, le patron du PS, qui dénonce un « déni démocratique poussé à son paroxysme » et fustige la nomination d’un « Premier ministre issu du parti arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain ».
Le déni démocratique à son paroxysme : un premier ministre issu du parti arrivé en 4ème position et qui n’a même pas participé au front républicain. Nous entrons dans une crise du régime.
— Olivier Faure (@faureolivier) 5 septembre 2024
Sur X, Patrick Kanner, chef de file des sénateurs PS, ne cache pas son scepticisme : « Monsieur le Premier ministre, allez-vous abroger la réforme des retraites ? Instaurer un ISF climatique ? Renforcer nos services publics ? Probablement pas. Un président de droite nomme un Premier ministre de droite », écrit-il. Vers 15 heures, le Parti socialiste a également confirmé qu’il voterait la censure contre Michel Barnier, tout comme les écologistes.
communiqué de presse
Michel Barnier n’a aucune légitimité politique ni républicaine. #Premier Ministre
Le groupe socialiste va censurer le gouvernement de Michel Barnier.
➡️ https://t.co/zoOULGKj2jpic.twitter.com/LGCPSMYqNP
— Parti Socialiste (@partisocialiste) 5 septembre 2024
Le RN va « juger sur les faits » le discours de politique générale
Au Rassemblement national, le choix de censurer Michel Barnier dépendra du « discours de politique générale » que prononcera l’intéressé et que le parti à la flamme « jugera sur le terrain ». « Nous plaiderons pour que les grandes urgences des Français, pouvoir d’achat, sécurité, immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tous les moyens d’action politique si ce n’est pas le cas dans les prochaines semaines », écrit-il. Jordan Bardella sur X.
Après une attente interminable, indigne d’une grande démocratie, nous prenons acte de la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre d’Emmanuel Macron.
Les 11 millions d’électeurs du Rassemblement national méritent le respect : c’est notre première revendication.
Nous…
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 5 septembre 2024
Une position qui a suscité l’ire de la gauche, notamment de Manon Aubry, qui y voit une « officialisation de la coalition de fait entre Le Pen et Macron pour nommer Michel Barnier ». Une accusation reprise par Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, qui dénonce un « gouvernement Macron/Le Pen ». François Hollande estime également que le RN a « donné une forme de quitus » à la nomination de Michel Barnier à Matignon. « Je crois qu’il devra s’expliquer devant l’Assemblée », a-t-il ajouté.
Dans les rangs de Renaissance, on assure que le mouvement ne votera pas pour une « censure automatique », mais ne délivrera pas non plus de « chèque en blanc ». « Le Parti socialiste n’ayant jamais voulu soutenir la candidature de Bernard Cazeneuve », Emmanuel Macron « fait donc le choix d’un Premier ministre de droite », accuse aussi Renaissance.
Édouard Philippe se dit « prêt à aider » Michel Barnier
Ancien macroniste, aujourd’hui député parmi les non-inscrits, Sacha Houlié, ancien membre de l’aile gauche du parti présidentiel, ne comprend pas le choix d’un Premier ministre issu de LR. « Ce parti a perdu les élections européennes, a perdu les législatives, a perdu des sièges et a sauvé beaucoup de députés uniquement grâce au front républicain », affirme-t-il.
Incompréhension après la nomination d’un Premier ministre LR ! Ce parti a perdu les élections européennes, a perdu les législatives, a perdu des sièges et a sauvé de nombreux députés grâce uniquement au front républicain.
Si M. Barnier met en œuvre une politique de coupes dans les services…
– Sacha Houlié (@SachaHoulie) 5 septembre 2024
Édouard Philippe, qui a officialisé mardi sa candidature à l’élection présidentielle de 2027, se veut plus clément et adresse ses « chaleureuses félicitations » à Michel Barnier et se dit « prêt à l’aider ».
Félicitations chaleureuses à @MichelBarnier ! Sa tâche sera ardue, mais la difficulté ne lui a jamais fait peur. Et nous serons nombreux pour l’aider.
– Édouard Philippe (@EPhilippe_LH) 5 septembre 2024
Les Républicains ne tarissent pas d’éloges sur le nouveau Premier ministre. Laurent Wauquiez salue « un homme de grande qualité qui a tous les atouts pour réussir cette mission difficile qui lui est confiée » tandis qu’Olivier Marleix, l’ancien patron des députés LR à l’Assemblée, parle d’un « homme d’Etat, respectueux de tous ».
Je félicite Michel Barnier pour sa nomination à Matignon.
C’est un homme de grande qualité qui a tous les atouts pour réussir cette mission difficile qui lui est confiée.– Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 5 septembre 2024
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