Déficit public : comment le Portugal est passé d’une dette colossale à un excédent budgétaire
En 15 ans, le Portugal a réalisé un petit miracle économique.En appliquant une politique d’austérité, le pays dispose désormais d’un excédent budgétaire de 3 milliards d’euros.Mais la population, qui a dû mettre la main à la poche, souhaite que cela cesse.
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En 15 ans, le Portugal a réalisé un exploit. Puis en pleine crise, le pays a accumulé un déficit de 20 milliards d’euros en 2010. En 2024, il affichera un excédent budgétaire de 3 milliards d’euros, du jamais vu depuis plus de 50 ans. Quelle est la recette de ce miracle économique ?
Hausses d’impôts et réductions de dépenses
D’abord, les Portugais ont dû mettre la main à la poche. « Nous travaillons beaucoup et gagnons très peu. Dans le même temps, les impôts augmentent tout le temps et les salaires diminuent. »nous explique un habitant de Porto. « Ici, les gens ne gagnent pas assez pour vivre et sont obligés de quitter le pays »dit un passant à notre micro.
Ces dernières années, les impôts n’ont cessé d’augmenter : plus de 10 % en 2023 par exemple. Dans le même temps, le pays a considérablement réduit ses dépenses. Les salaires des fonctionnaires ont baissé, avant d’être gelés pendant de nombreuses années. « Votre salaire n’a pratiquement pas augmenté, il est resté longtemps bloqué au premier échelon et à cause de cela, votre pension sera très faible »explique l’un de ses collègues enseignants à Vitor Santos. Depuis 15 ans, ce professeur de mathématiques gagnait 1 400 € net par mois. Il a finalement obtenu une augmentation. « Je gagne quasiment le même salaire qu’en 2008. J’ai donc perdu beaucoup de pouvoir d’achat… C’est nous qui avons payé la note. C’est grâce à nos impôts et à la baisse de nos salaires que les comptes publics sont dans un tel état. » bon état »analyse le professeur de mathématiques.
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Leur sacrifice aurait-il finalement porté ses fruits ? L’excellente santé de l’économie attire les investisseurs. Le taux de chômage a été divisé par trois en dix ans. Au sud de Porto, la vallée de la chaussure renaît. « Ici, il faut savoir que nous fabriquons désormais une grande partie de notre production. Nous avons décidé d’ouvrir l’usine en 2023. Nous avons 70 salariés qui travaillent ici »nous raconte Jean-Michel Awad, co-gérant de Bobbies. Ce fabricant français était attiré par la main d’œuvre qualifiée et bon marché, mais pas seulement. « Les conditions économiques du pays nous encouragent et nous rassurent dans l’idée que nous avons fait le bon choix de venir produire ici et nous rassurent aussi qu’il y aura certainement des projets dans le futur et que nous allons être là pour quelque temps. »il se félicite.
Bonne nouvelle mais…
Cependant, alors que le pays affiche l’un des taux de croissance les plus élevés d’Europe, la colère grandit. Inflation, explosion des prix de l’immobilier… la classe moyenne portugaise se sent abandonnée et veut en finir avec l’austérité. « Mettre en œuvre une politique d’austérité est possible à court terme. Dans notre cas, il s’agissait d’une urgence, mais elle n’est pas durable à long terme. Sinon, l’ensemble de l’économie s’appauvrit pour l’économie », explique Rui Henrique Alves, professeur d’économie à l’Université de Porto.
Après quelques baisses d’impôts et de timides augmentations de salaires cette année, les négociations pour le prochain budget sont serrées. Les députés portugais sont désormais déchirés sur le modèle à suivre.