Déficit abyssal, plus de 2 300 emplois menacés… Ce que l’on sait du plan social annoncé par Auchan
Un comité socio-économique extraordinaire du groupe s’est tenu mardi matin. La holding Elo, propriétaire du groupe d’hypermarchés, a essuyé une perte nette de près d’un milliard d’euros au premier semestre 2024.
Publié
Temps de lecture : 6min
Un plan social massif, comme on le craignait. Le distributeur Auchan, propriété de la famille Mulliez (qui possède également Leroy Merlin et Decathlon), connaît depuis plusieurs années des difficultés économiques. Pour y remédier, le groupe a présenté, mardi 5 novembre dans la région lilloise, un comité social et économique (CSE) extraordinaire pour prendre une décision. « point sur la situation de l’entreprise et ses projets ».
La décision qui en a résulté a été annoncée aux représentants du personnel de toutes les entités du groupe en France. Cela menace 2 389 emplois, notamment via la fermeture d’une dizaine de magasins. Franceinfo résume ce que l’on sait de ce plan social.
Des pertes record
Le groupe est confronté à des difficultés depuis plusieurs années. Sur les six premiers mois de 2024, sa holding Elo a subi une perte nette de près d’un milliard d’euros. L’année dernière, elle a subi une perte nette de 379 millions d’euros avec des ventes en baisse. Ainsi, au dernier décompte, en juin, la part de marché d’Auchan était de 9,1 %, loin derrière E.Leclerc (24,1 %), Carrefour (21,4 %), Mousquetaires/Intermarché (17,4 %). %) et Coopérative U (12,2 %). Un taux qui lui laisse moins de marge de manœuvre dans ses négociations avec les fournisseurs agro-industriels.
Ce déclassement est « la confirmation de cette mauvaise situation et notamment des deux années d’inflation qui ont suivi le Covid et qui ne se sont pas très bien passées pour Auchan »analyse sur franceinfo Frank Rosenthal, expert en trade marketing. Il rappelle que, sur les dix dernières années, le chiffre d’affaires d’Auchan n’a augmenté qu’en 2022, avant de rechuter en 2023, alors que sur la même période, « Leclerc a gagné 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire ».
Pour peser davantage, Auchan s’est associé à son concurrent Intermarché pour acheter ensemble dans le cadre d’une alliance pendant dix ans, une période inhabituellement longue. De plus, le groupe propriétaire de ses magasins, avec très peu de franchises, souffre de la concurrence d’E.Leclerc et de la Coopérative U, qui réduisent leurs coûts d’exploitation et peuvent vendre leurs produits à des prix plus compétitifs.
Autre point faible d’Auchan : la taille de ses magasins. Le groupe s’est historiquement concentré sur le format hypermarchés, qui offre la plus grande surface de vente. Cependant, ce format est moins populaire aujourd’hui. « Il y a eu un changement de comportement des consommateurs, notamment dans le non-alimentaire qui était une part très forte d’Auchan »observe également Frank Rosenthal. Ce dernier souligne que le groupe a décidé de réduire son offre en la matière dans ses magasins : « Ils pensaient que presque tout allait se trouver sur Internet, ce qui n’était pas le cas. »
Plus de 2 300 emplois perdus
Aujourd’hui, le groupe compte 54 000 salariés en France. Le CSE extraordinaire a annoncé la suppression de 2 389 emplois. Dans le détail, Auchan prévoit de supprimer 784 postes au sein de son siège et 915 en magasins. Il enregistre l’arrêt de l’activité de livraison directe à domicile, ce qui entraînerait 224 suppressions de postes. La direction compte également fermer une dizaine de points de vente non rentables (soit 466 postes supprimés), dont trois hypermarchés à Clermont-Ferrand Nord (Puy-de-Dôme), Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc (Meuse). , et dans un supermarché, à Aurillac (Cantal).
Un précédent plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avait entraîné la suppression de 1 475 postes en septembre 2020, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année. « Je sais que nous ne sommes pas dans une période économique facile, mais avoir des chiffres comme ça… »Fabien Alliata, délégué syndical des services centraux CFDT, a déclaré lundi à l’AFP, alors qu’une suppression de 2.300 postes avait été annoncée par l’agence de presse et les médias d’investigation. La lettre.
Des magasins plus petits pour endiguer la crise
Après la chute du groupe Saint-Etienne Casino, une autre enseigne de distribution alimentaire traverse de grandes difficultés. Pour éviter de vous retrouver dans la même situation que votre concurrent, vous devrez «résoudre le problème des grands hypermarchés»assure Frank Rosenthal. « On perd des clients parce qu’ils n’en ont plus » veux « perdre leur temps. Aujourd’hui, ils préfèrent aller dans des zones un peu plus petites. »Djamal Otmani explique à franceinfo, Délégué syndical central CFTC. «C’est à nous de nous transformer et de nous adapter»ajoute-t-il.
Le groupe a annoncé en juillet vouloir réduire la surface de vente d’un tiers de ses hypermarchés en Europe (hors Russie, où le groupe Mulliez est toujours présent), ou finalement un « réduction moyenne de 25% » de ces domaines. Les syndicats craignent également la croissance des magasins franchisés, une des pistes envisagées par la direction, qui pourrait contribuer à dégrader le plan social. Pour « les supermarchés ont déjà été annoncés »a rappelé René Carrette, délégué CFDT, auprès de France Bleu Nord mardi. Mais Auchan veut « Allons le plus loin possible sur la franchise et on s’attend à ce que, par la suite, ce soient les hypermarchés »en raison de « la baisse des mètres carrés » magasins, estime le représentant syndical. « Il n’y a pas de direction, il n’y a personne aux commandes, ce n’est pas clair »il est alarmé.