Défense aérienne : le Danemark et la Belgique seraient intéressés par le système franco-italien SAMP/T NG

En matière de défense aérienne, il est plus rapide de compter les forces armées européennes qui ne disposent pas de systèmes Patriot américains… Et cette situation est appelée à perdurer avec l’ESSI (European Sky Shield Initiative), un projet lancé par l’Allemagne en octobre 2022 pour mutualiser les achats de capacités dédiées entre les pays membres.

Pour rappel, l’ESSI vise à mettre en place une défense aérienne multicouches basée sur les systèmes SLM IRIS-T (de l’allemand Diehl Defense), Arrow 3 (conçu par Israël avec l’aide des Etats-Unis) et Patriot PAC-3, le SAMP/T franco-italien (Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre, aussi appelé Mamba) n’ayant pas été retenu. D’où la colère des autorités françaises…

« La défense aérienne de notre continent est un enjeu stratégique, solidaire, aux ramifications multiples. (Elle) ne peut se réduire à la promotion d’une industrie nationale ou d’industries tierces au détriment de la souveraineté européenne », s’est agacé le président Macron, lors de la présentation de la dernière version de la Revue stratégique nationale en novembre 2022.

Plus tard, le délégué général à l’armement (DGA), Emmanuel Chiva, s’est étonné de l’initiative allemande. « Actuellement, l’Arrow 3 israélien et l’Iris-T allemand ne peuvent pas répondre aux besoins, car il n’existe pas d’interface permettant d’interconnecter ces systèmes opérationnels avec une structure unifiée en termes de C2, contrairement aux solutions françaises, qui disposent déjà des interfaces de programmation nécessaires », a-t-il expliqué lors d’une audition parlementaire.

En tout cas, en avril, recevant Guido Crosetto, son homologue transalpin, sur la base aérienne de Solenzara (Corse), le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait estimé qu’il faudrait avoir une « vraie réflexion » sur la défense aérienne européenne autour du SAMP/T de nouvelle génération qui « est une véritable rupture technologique pour l’avenir ». Et d’ajouter : « Je ne veux pas trop en dire mais cela peut effectivement faire l’objet d’un travail accéléré en commun (avec l’Italie, ndlr) pour répondre aussi à ce besoin qu’ont nos différents partenaires européens de durcir la protection de leur ciel ».

Dans un entretien accordé peu après au quotidien Le Figaro, M. Chiva en dit un peu plus. Le SAMP/T NG « représentera une rupture technologique par rapport au Patriot américain. Il sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce (c’est-à-dire hypersonique) », a-t-il soutenu.

Pour l’instant, le SAMP/T NG n’est pas encore opérationnel. Mais, selon La Tribune, cela n’empêche pas MM. Lecornu et Crosetto de vanter ses qualités auprès de leurs homologues européens.

« Les deux ministres assurent (et assument) à leurs interlocuteurs que le système modernisé sera plus performant que le concurrent américain du SAMP/T, le Patriot de Raytheon », écrit La Tribune, qui précise qu’au moins deux pays européens y ont manifesté leur intérêt, à savoir la Belgique et le Danemark… malgré leur adhésion à l’ESSI… La Grèce pourrait suivre à plus long terme, notamment en raison des synergies possibles avec les missiles intercepteurs Aster 30 qui équiperont ses futures frégates de défense et d’intervention (FDI) commandées au français Naval Group.

Pour rappel, le SAMP/T NG est développé, via l’Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement (OCCAr), par MBDA et Thales, au sein du consortium Eurosam. Ce système est basé sur le missile intercepteur ASTER 30 Block 1NT qui, doté d’un nouveau système de guidage en bande Ka, est capable d’intercepter des missiles d’une portée de 1000 km. La version française fonctionne avec le radar Ground Fire 300 (qui remplacera l’Arabel) tandis que celle destinée à l’Italie utilise le Kronos GM HP conçu par Leonardo.