Territoires isolés dans le canal du Mozambique, les îles dispersées font l’objet d’un ancien litige entre la France et Madagascar. Alors qu’Emmanuel Macron visite la région, ces confettis de la souveraineté française élaborent à nouveau des débats et des tensions. Explications.
En déménagement à Madagascar pour une visite de deux jours, Emmanuel Macron donne un dossier sensible sur la table: celui des îles dispersées. Ces territoires français dispersés autour de Madagascar sont au cœur d’un différend historique entre Paris et Antananarivo.
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Un archipel hérité de la décolonisation
Les îles dispersées sont un vestige du passé colonial. Bien qu’ils aient été administrativement attachés à Madagascar en 1896, ils ont été séparés de la grande île par un décret du général de Gaulle juste avant son indépendance, en 1960. Cet attachement au ministère du Dom-Tom a depuis été alimenté les affirmations malgaches. « Ces îles sont malgaches », a déclaré le président de Madagascar, Andry Rajoelina, à Figaro 10 octobre 2024, évoquant une « restitution dans un cadre concerté ».
Un petit territoire, mais un océan de problèmes
Composé de cinq îlots tropicaux – Glorious, Juan de Nova, Europa, Bassas da India et Troméline – Les îles dispersées ne couvrent que 43 km².
Cependant, ils permettent à la France de contrôler 640 400 km² de zone économique exclusive (Zee), plus de la moitié du canal du Mozambique. Cette zone est pleine de richesses naturelles: hydrocarbures, ressources de pêche et accès à l’une des routes maritimes les plus occupées au monde.
La France défend son rôle dans l’espace indopacifique, qui rassemble 93% de son Zee. D’ici 2030, cette région devrait générer 60% du PIB mondial. Face à l’essor de la Chine, de la Russie, des États-Unis et de l’Inde dans la région, les îles dispersées sont devenues un atout stratégique essentiel pour Paris.
Biodiversité exceptionnelle à préserver
« Ce n’est pas leur emplacement qui en fait un problème stratégique (…), ces îles sont principalement des réservations de biodiversité », estime sur les informations TF1 Cyrille Poirier Coutansais, le Centre d’études stratégiques de la Marine. Évacué de l’activité humaine, ils abritent des espèces en voie de disparition telles que le vert, les dauphins, les baleines et près de 40% des oiseaux de l’océan Indien occidental. Ils servent également de référence pour étudier les effets du changement climatique.
L’archipel a également une dimension patrimoniale. De nombreuses épaves de navires témoignent de son importance historique. Certaines îles, aussi grandes, préservent les traces de l’occupation humaine à des fins agricoles à la fin du 19e siècle, comme l’hippolyte Caltaux Coconut Grove, où les travailleurs malgaches et seychelois ont travaillé.
Dialogue suspendu et incertitudes légales
Malgré la création en 2019 d’une commission mixte de Franco-Malalal, aucune avance concrète n’a été observée depuis. Emmanuel Macron, qui était déjà allé à Great Glorious cette année-là, a l’intention de relancer la discussion. Pour Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’Université de Paris-Nanterre, interviewé par Le parisien« La France a tout intérêt à maintenir le canal diplomatique ouvert (…) pour éviter les procédures judiciaires ».
Madagascar pourrait en effet s’appuyer sur les Chagos précédents, où la Cour internationale de justice a jugé illégal le détachement des territoires coloniaux avant l’indépendance. « Les arguments malgaches sont admissibles », conclut l’expert.