DÉCRYPTAGE. Prix des carburants : une chute historique depuis un an… mais pour combien de temps ?
Les prix affichés dans les stations-service ont certes fait plaisir à de nombreux automobilistes, les prix du carburant n’ayant pas été aussi bas depuis plus d’un an. Mais les tensions au Moyen-Orient pourraient bien faire grimper le prix du baril plus rapidement que prévu.
1,66 euro en moyenne le litre de gazole et 1,80 euro le litre de sans plomb… Du jamais-vu à la pompe depuis plus d’un an. Le ministère de la Transition écologique a annoncé, lundi 12 août, une baisse significative des prix des carburants pour les deux premières semaines d’août. Une excellente nouvelle pour les dizaines de milliers de vacanciers qui ont pris la route pour le jour férié du 15 août et pour tous les autres.
A lire aussi :
Prix des carburants : pourquoi le diesel reste bien moins cher que l’essence sans plomb
Après des mois où les prix tournaient autour de 2 euros le litre, cette baisse est plus que bienvenue pour les automobilistes. Rien qu’en septembre 2023, le diesel était même monté à 1,94 euro le litre.
Une baisse qui s’explique par « une demande chinoise de pétrole plus faible que prévu », explique Patrice Geoffron, économiste et professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine.
A lire aussi :
DÉCRYPTAGE. Pétrole, gaz… pourquoi ces énergies sont-elles de plus en plus exploitées malgré les appels à la neutralité carbone ?
Mais aussi, « les marges de raffinage ont baissé et l’euro, comparé au dollar, qui est la monnaie des transactions pétrolières, est légèrement plus fort qu’il y a quelques semaines ». Avec un taux de change d’environ 1,10 dollar pour un euro, le pouvoir d’achat en euros est plus important, ce qui conduit inévitablement à une baisse des prix du carburant.
Les mesures prises par la grande distribution jouent également un rôle. « La grande distribution a réduit au minimum ses marges sur le carburant afin d’attirer les consommateurs dans ses magasins à l’approche de la rentrée », souligne-t-il.
« Le prix du baril a augmenté de près de cinq dollars depuis le début du mois »
Mais ce recul ne sera que de courte durée. « Sauf crise économique, il n’y a pas de raison de descendre significativement plus bas. On est donc proche du plancher », prévient Patrice Geoffron.
En fait, les prix pourraient même recommencer à augmenter en raison des conflits géopolitiques en Ukraine et au Moyen-Orient. « Le prix du baril tient compte de la montée de ces tensions, puisque le baril a augmenté de près de cinq dollars depuis le début du mois. »
A lire aussi :
REPORTAGE. Prix du carburant : « Venir en Espagne juste pour l’essence ne vaut pas la peine »
La situation reste donc fragile. Avec un baril oscillant autour des 80 dollars, les tensions actuelles pourraient rapidement inverser la tendance.
La dépendance accrue de l’Europe au pétrole du Moyen-Orient, combinée aux risques liés au transit des pétroliers par des points de transport stratégiques comme le détroit d’Ormuz, situé entre Oman et l’Iran, pourrait facilement conduire à une nouvelle hausse des prix. D’autant que « nous importons 99% de notre pétrole et nous n’avons que trois mois de stock ».
L’année 2022 l’a clairement démontré : la guerre en Ukraine a fait bondir le prix du baril à 120 dollars en quelques semaines, contre 80 dollars fin 2021. Selon Patrice Geoffron, « en cas de conflit ouvert entre l’Iran et Israël, le prix augmenterait sans doute plus fortement ».