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DÉCRYPTAGE. Guerre en Ukraine : pourquoi les Ukrainiens ont décidé de « lâcher » le Donbass aux Russes

l’essentiel
Alors que tous les regards sont tournés vers l’oblast de Koursk, où l’armée ukrainienne regagne du terrain, les forces russes continuent de progresser dans le Donbass. Cette progression semble être le résultat d’un rapport de force déséquilibré mais aussi de stratégies de guerre différentes. Elle pourrait préfigurer la tenue de négociations de paix dans lesquelles la Russie a besoin de garanties. Explications.

Le Donbass est un oblast ukrainien situé à l’est du pays et frontalier de la Russie. Alors que la région est déchirée depuis 2014 entre partisans pro-russes et pro-ukrainiens, elle est rapidement devenue l’une des zones centrales du conflit après l’invasion russe en février 2022. Le Donbass est l’un des principaux objectifs de l’état-major russe.

Depuis l’incursion ukrainienne sur le sol russe dans la région de Koursk, cet objectif est devenu encore plus crucial pour les autorités russes, qui ont besoin de succès. En effet, si les Russes tiennent leurs positions en Ukraine, ils ne progressent que petit à petit, et au prix de la vie de nombreux soldats.

Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre via son blog Ne souffre pas, explique que « les Ukrainiens ont repris 1 300 km² dans la région de Koursk en quelques jours, soit presque autant que les Russes dans le Donbass en plus de deux ans de guerre ». Selon lui, il devient impossible pour les Russes de renoncer au Donbass pour envoyer leurs meilleures troupes défendre la région de Koursk. La conquête de ces 1 500 à 2 000 km² dans le Donbass a un prix trop élevé.

Une monnaie d’échange pour les négociations de paix ?

Avec les récentes conquêtes ukrainiennes, ces territoires seront cruciaux dans le cadre d’éventuelles négociations que l’ancien officier juge inévitables. « L’Ukraine et la Russie sont conscientes qu’aucune des deux n’a les moyens de gagner définitivement cette guerre. » L’objectif devient alors, pour les deux camps, d’arriver en position favorable à la table des négociations, et le sort du Donbass sera déterminant pour établir un rapport de force.

C’est donc dans cette région que l’armée russe déploie l’essentiel de ses forces et met en œuvre sa « stratégie du rouleau compresseur soviétique », quasiment impossible à arrêter pour les Ukrainiens. « Ils mobilisent leurs meilleures unités militaires et le maximum de leur puissance de feu en termes d’artillerie et de bombardements aériens », explique Guillaume Ancel. Cela se traduit donc par une intensification des bombardements dans cette zone. En moyenne, la fréquence des bombardements est six fois plus élevée côté russe mais, dans le Donbass, le chroniqueur de guerre estime qu’elle pourrait être jusqu’à dix fois plus élevée.

L’Ukraine résiste sans concentrer toutes ses forces sur le Donbass

Cette intensité rend la défense extrêmement complexe pour les Ukrainiens, d’autant que les Russes ont recours massivement à des « bombes planantes qui sont très puissantes mais que personne ne sait intercepter ». L’armée ukrainienne n’a d’autre option que de « freiner » l’avancée russe, et de céder progressivement du terrain, car elle ne peut s’opposer frontalement. « C’est David contre Goliath, en réalité, je pense que l’Ukraine a abandonné le Donbass mais profite de ce terrain pour affaiblir l’armée russe pour la suite du conflit », analyse Guillaume Ancel.

Le Donbass ne semble pas être la priorité de Kiev, puisque les 10 000 à 12 000 soldats de réserve ukrainiens ont été envoyés à Koursk plutôt que d’être utilisés pour défendre la région. Les Ukrainiens ont appris de leurs erreurs et ne cherchent plus, comme ils l’ont fait à Bakhmut par le passé, à affronter frontalement une armée qui les dépasse en nombre. La ville de Pokrovsk, base logistique de la défense ukrainienne dans le Donbass, devrait être la prochaine à tomber. Cette prise stratégique ouvrirait la voie à une percée russe dans la région mais rendrait son armée plus vulnérable.

Pour cette raison, mais aussi parce que les objectifs politiques seraient partiellement atteints dans cette région, Guillaume Ancel ne voit pas la Russie « aller beaucoup plus loin que Pokrovsk ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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