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DÉCRYPTAGE. Airbus : pourquoi l’avionneur toulousain n’est pas en mesure de livrer autant d’avions que prévu en 2024

l’essentiel
Sur les 800 appareils livrés prévus en 2024, Airbus vient d’abaisser son objectif à 770. Une multitude de raisons poussent l’avionneur toulousain à renoncer à ses objectifs. En lançant le plan Lead!, il espère inverser la tendance. Explications.

La nouvelle est tombée le 24 juin : Airbus ne pourra pas livrer 800 avions cette année comme il l’avait prévu. L’annonce a été rendue publique après un conseil d’administration qui a constaté que le groupe aéronautique toulousain raterait son objectif de livraison. Il s’agira finalement d' »environ 770 avions commerciaux », soit une trentaine de moins. On sent dans le choix des mots qu’Airbus ne souhaite plus s’engager sur un chiffre ferme. Pour mémoire, il avait livré 735 appareils en 2023, à comparer à son record de 863 appareils atteint en 2019. La sanction ne s’est pas fait attendre à la Bourse de Paris, où l’action de l’avionneur a plongé de 10% en une seule journée.

Les marchés financiers détestent deux choses : les promesses non tenues et l’incertitude. Les mois à venir sont d’autant plus incertains que le principal problème d’Airbus réside dans ses fournisseurs de moteurs. La situation s’est en effet nettement dégradée ces derniers mois chez les motoristes Pratt & Whitney d’un côté et CFM International (Safran et General Electric) de l’autre. Ces deux fournisseurs sont clés, notamment, pour le best-seller de la gamme Airbus : la famille A320.

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« Il y a un manque de moteurs »

« Nous nous trouvons dans une situation où il y a une pénurie de moteurs pour les monocouloirs chez les deux motoristes et nous nous retrouverions avec des planeurs, des avions sans moteurs, d’ici la fin du trimestre en nombre significatif si le rythme n’était pas ralenti », a expliqué Guillaume Faury, le patron d’Airbus. En clair : pas question d’assembler des avions et de les immobiliser pendant des mois en attendant qu’ils reçoivent leurs moteurs. Ce ralentissement de la montée en cadence oblige Airbus à repousser d’un an encore, à 2027, son objectif ultime d’atteindre la production de 75 A320 par mois. C’est un peu un rêve irréaliste puisqu’à l’origine la barre des 75 appareils aurait dû être atteinte en 2025 avant d’être repoussée à deux reprises.

Les usines internes d’Airbus sont également en retard

Si les moteurs sont clairement à l’origine de ces nouveaux retards, des sources internes affirment que le système Airbus aurait lui aussi du retard. Les aérostructures fournies notamment par les usines internes d’Airbus mais aussi par l’américain Spirit Aerosystems pour les sections de l’A350 mais aussi pour les éléments d’ailes de l’A320 et les voilures de l’A220 auraient deux mois de retard. Christian Scherer, PDG d’Airbus Commercial Aircraft, a pointé du doigt « certains de nos principaux fournisseurs » mais a reconnu que les activités industrielles clés de l’entreprise Airbus avaient également du retard.

Gel des embauches et hausse de l’absentéisme

Les équipements de cabine (sièges, galleys, blocs sanitaires…) peinent également à suivre le rythme ralentissant l’assemblage des avions. Plus surprenant, on apprend qu’Airbus a dû faire face à davantage d’absentéisme dans ses usines ces derniers mois, ce qui a également pénalisé la cadence de production. Malgré la volonté d’augmenter la production, le plan d’économies Lead! va déclencher un gel des embauches alors que l’ensemble du secteur aéronautique est toujours confronté à une pénurie de main d’œuvre.

Au-delà de la question des effectifs, le plan Lead! lancé par le patron de la division Airbus Aircraft vise à limiter la casse en termes de livraisons et donc dans les comptes 2024. Mais Christian Scherer va devoir réaliser une petite quadrature du cercle : augmenter les cadences de production quand les fournisseurs sont à peine capables de le faire et réduire le coût de production par avion. Mais Airbus a déjà relevé un défi bien plus ardu par le passé.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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