Il a fallu attendre plus longtemps que prévu, le Covid étant passé par là… Les trois nouvelles stations du RER E viennent d’ouvrir au public pour prolonger la ligne à l’ouest de la gare Haussman-Saint Lazare avec les lignes Neuilly-Porte Maillot, La Arrêts Défense et Nanterre-La Folie. Et là encore, ce ne sera que de 10h à 16h en semaine et jusqu’à 20h le week-end jusqu’à fin novembre, en attendant que tous les nouveaux trains soient déployés. Quant au reste de la ligne qui doit relier Mantes-la-Jolie (Yvelines), elle ne sera opérationnelle qu’en 2026 (contre 2024 initialement prévu).
Malgré ces déceptions, force est de reconnaître que ces réalisations monumentales et notamment les deux stations de métro Porte Maillot et La Défense valent le détour. Une enseigne qui ne trompe pas, on a pu même voir des voyageurs parisiens le sourire aux lèvres et des personnels de la SNCF qui n’ont pas hésité à remercier l’architecte Jean-Marie Duthilleul qui a conçu le lieu pour son œuvre. avec son agence. Il faut dire qu’il connaît bien cette ligne RER, puisque c’est lui qui a également conçu les deux nouvelles gares sur ce même trajet en 1999 : Haussmann-Saint Lazare et Magenta.
Apportez la lumière
Si l’on retrouve dans ces deux nouvelles stations des lustres assez similaires à ceux utilisés en 1999 ainsi que du marbre blanc et du bois au sol, la spécificité de ces deux stations est qu’elles ne sont pas placées dans un tunnel mais ont été creusées par le haut : directement depuis le sol pour la Porte Maillot et depuis le parking CNIT pour La Défense. Résultat : des volumes beaucoup plus élancés pour ces deux réalisations monumentales. « Comme il fallait creuser pour atteindre 30 mètres sous terre pour installer la ligne, j’ai voulu faire entrer la lumière du jour jusque-là, explique Jean-Marie Duthilleul. Le principe est très simple mais il génère quelques contraintes.
C’est peu de le dire… Élément directement visible de l’extérieur, la gare de Neuilly-Porte Maillot se caractérise par cette bande de verre de 120 mètres de long et 10 mètres de large située exactement au-dessus des voies. «C’est le plus grand trottoir vitré de la capitale», s’amuse Jean-Marie Duthilleul. Car ceux qui n’ont pas le vertige pourront sauter sur ces dalles sérigraphiées de 5 cm d’épaisseur qui laissent passer, comme promis, la lumière du jour jusque dans les entrailles de la gare. Mais sécurité oblige, les travaux ayant débuté peu après l’attentat de Nice, des plots ont été installés tout autour de cette bande de verre pour empêcher un véhicule fou de pouvoir se lancer à travers la verrière de la gare. Il fallait également intégrer les problématiques de sécurité incendie en l’absence de dalle en béton résistant au feu au-dessus des voies ferrées. Ceci explique pourquoi les grands escaliers mécaniques ont été « couverts », installés dans des cylindres en aluminium assurant sécurité et réflexion de la lumière.
Temporaire qui dure
Et comment expliquer ces deux entrées très différentes : un prisme de verre côté Neuilly-sur-Seine et une toile tendue côté Paris ? « Pour la toile, c’est un projet qui s’est fait en marchant, précise Jean-Marie Duthilleul. Il s’agissait essentiellement d’une structure temporaire installée à un moment donné pendant le chantier de construction. Finalement, nous avons réalisé que l’installation présentait de réels avantages en matière de signalétique, qu’elle était très facile à repérer et qu’elle pouvait très bien être permanente. Et après avoir quitté cette station très lumineuse, tout en doute et en oblique, direction sa « petite » sœur de La Défense-Grande Arche.
Cette fois-ci, les lignes arrondies et les lignes courbes sont à l’honneur. Un trait d’union entre les deux stations : les mêmes lustres (seul le décor est différent) mais aussi le marbre blanc de Carrare au sol, dont les vertus ont été validées par l’architecte après 25 ans d’utilisation à Haussmann6Saint-Lazare ainsi que l’utilisation du bois. sur les quais. «Je voulais ce matériau très domestique et chaleureux qui contraste avec le béton et le métal», souligne Jean-Marie Duthilleul. Là aussi, nous avons dû batailler avec les contraintes de sécurité incendie pour imposer ces lattes de bambou. Par ailleurs, un bref incendie sur le chantier côté La Défense avait prouvé que le parquet était particulièrement résistant.
Dans cette deuxième station, en l’absence de lumière du jour, on bénéficie de volumes encore plus généreux. Ce qui ressort, ce sont ces 20 colonnes en béton brut mesurant 2,44 mètres de diamètre qui soutiennent le CNIT situé juste au-dessus. Les formes arrondies se retrouvent également dans les formes blanches qui ornent les murs des locaux techniques en Corian. Enfin, touche conviviale et ludique dans une gare où le quai est central, l’architecte a voulu éviter aux voyageurs de se retrouver face à un mur sombre et sinistre. C’est pourquoi on retrouve devant les quais une bande métallique qui fait des vagues comme des miroirs déformants, créant constamment du mouvement et de l’animation.