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« Décontractés de Mulhouse » : les militants poursuivent l’action de boycott

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France le 11 juin 2020 pour non-respect de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme relatif à la liberté d’expression.

L’affaire des militants associatifs et politiques appelant au boycott pacifique des produits venus d’Israël distribués par l’enseigne Carrefour à Illzach Mulhouse a ainsi donné lieu à une saga judiciaire de 14 ans (Tribunal correctionnel de Mulhouse, Cour d’appel de Colmar, Cour de cassation, CEDH , Cour de cassation de nouveau pour renvoi devant la cour d’appel de Paris…). Les militants ont été définitivement libérés le 14 mars 2024 par jugement de ce dernier tribunal. La CEDH a rappelé que la liberté d’expression impliquait une protection particulière dans la mesure où elle n’incluait pas d’appels à la violence ou à la haine.

Ce 18 mai 2024, des « détendus de Mulhouse » étaient présents avec une vingtaine de citoyens défenseurs des droits des Palestiniens devant ce même magasin Carrefour pour appeler une nouvelle fois au boycott de cette enseigne dont la complicité de fait avec la politique israélienne ne nie pas. lui-même : envoi de colis aux soldats israéliens actifs à Gaza, ouverture de magasins dans les colonies israéliennes de Cisjordanie, etc.).

Mais depuis la loi Cazeneuve de 2014, le délit « d’apologie du terrorisme » est inscrit comme délit dans le code pénal et nos dirigeants n’en usent pas avec modération.
Mieux, si l’on ose le dire, la circulaire du garde des Sceaux du 10 octobre 2023 adressée aux procureurs les encourage à poursuivre « des propos qui tendent à inciter d’autres à porter un jugement favorable sur une infraction qualifiée de terroriste ou sur son auteur, voire sur son auteur ». prononcé dans le cadre d’un débat d’intérêt général et se prétendant être un discours à caractère politique » comme constituant « l’apologie du terrorisme » mentionnée à l’article L 421-2-5 du code pénal…

Cette formulation de la circulaire est cependant directement et explicitement contraire aux termes de la décision de la CEDH de juin 2020 garantissant les conditions du débat public et de la liberté d’expression.

Qu’en est-il désormais de la critique de la politique d’un Etat, de la dénonciation de la complicité dont il bénéficie ?

Qu’en est-il de la jurisprudence même de la Cour européenne des droits de l’homme relative à la liberté d’expression, cœur même de la notion de société démocratique ?

Ces accusations tous azimuts d’apologie du terrorisme postérieures à la décision de la CEDH et aux arrêts des plus hautes juridictions françaises s’inscrivent en effet dans une logique tortueuse d’intimidation des autorités françaises.

Pour leurs expressions sur la question Palestine – Israël, journalistes, syndicalistes, comédiens, étudiants, élus, militants associatifs sont désormais visés sans discernement par des centaines de poursuites judiciaires ; Des sanctions professionnelles et de lourdes peines de prison (avec sursis) ont déjà été prononcées pour des soupçons, déclarations et intentions « terroristes ».

La circulaire précitée du Ministre de la Justice Dupont Moretti et les poursuites pénales qu’elle encourage visent insidieusement à limiter, voire à contourner, la portée de l’arrêt de la Cour européenne des Droits de l’Homme et des plus hautes juridictions françaises en matière de liberté d’expression, notamment au sujet de la politique israélienne en Palestine.

Dans un contexte international qui évolue rapidement avec les récentes condamnations des opérations et politiques israéliennes pour suspicion d’actes génocidaires à Gaza par la Cour internationale de Justice (CIJ), et les requêtes du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre deux de hauts responsables du gouvernement israélien pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité – aux côtés de ceux prononcés contre trois responsables du Hamas – la question qui se pose à tous les citoyens est de savoir s’ils seront désormais qualifiés de « terroristes », en particulier pour des actions appelant au boycott d’entreprises qui sont de facto complices dans ces actions, ces politiques ?

Livraisons d’armes de guerre destinées à tuer des populations civiles, blocage des convois humanitaires, développement de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, incitation de soldats à participer à des crimes massifs définis par le droit international comme le fait Carrefour avec sa pratique d’envoi de colis vers des territoires israéliens. Les soldats, sont-ils désormais exclus du champ de la critique et de la dénonciation ? Les diverses complicités sont-elles protégées ?

Tout citoyen qui dénonce l’inacceptable par ses déclarations et actions pacifiques sans haine ni violence, y compris l’appel au boycott, sera-t-il inscrit dans le fichier spécial FIJAIT des auteurs d’« actions terroristes » ?

De notre côté, citoyens engagés de longue date pour la reconnaissance des droits du peuple palestinien, nous poursuivrons nos formes d’expression et nos actions de soutien, notamment à travers des boycotts non violents.

En 2009, devant le magasin Carrefour d’Illzach Mulhouse, certains d’entre nous portaient un t-shirt avec l’inscription « La Palestine vivra. Boycott d’Israël ». C’est toujours plus pertinent.

Actions de boycott Carrefour Illzach Mulhouse 2009/2010

Henri Eichholtzer, acquitté Cour d’appel de Paris le 14 mars 2024

Sylviane Mure, détendue

Aline Parmentier, détendue

Maxime Roll, détendu

Mohammad Akbar, libéré

Jean-Michel Baldassi, détendu

Christian Rubechi, non poursuivi

Actions de boycott Carrefour Illzach Mulhouse 2009/2010

Henri Eichholtzer, acquitté Cour d’appel de Paris le 14 mars 2024

Sylviane Mure, détendue

Aline Parmentier, détendue

Maxime Roll, détendu

Mohammad Akbar, libéré

Jean-Michel Baldassi, détendu

Christian Rubechi, non poursuivi

Actions de boycott Carrefour Illzach Mulhouse 2009/2010

Henri Eichholtzer, acquitté Cour d’appel de Paris le 14 mars 2024

Sylviane Mure, détendue

Aline Parmentier, détendue

Maxime Roll, détendu

Mohammad Akbar, libéré

Jean-Michel Baldassi, détendu

Christian Rubechi, non poursuivi

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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