décision attendue dans le cas d’une femme transgenre qui accuse le restaurant McDonald’s de transphobie
Embauchée par le restaurant alors qu’elle était en transition, cette salariée affirme être la cible de « pressions transphobes » de la part de son employeur depuis plusieurs mois.
Suite et fin d’une affaire qui pourrait devenir un cas d’école. Le conseil des prud’hommes d’Angers (Maine-et-Loire) doit rendre sa décision, ce lundi, sur le cas d’une salariée transgenre qui lui demande de reconnaître que son employeur, un restaurant franchisé McDonald’s, soit tenu pour responsable de « discrimination de genre » et « harcèlement » à son encontre.
Synthia, cette salariée en transition de genre lors de son embauche dans ce restaurant de Segré en 2022, dénonce un climat transphobe véhiculé par sa hiérarchie, et qui l’a empêchée de poursuivre son travail dans les locaux. La jeune femme de 21 ans, en arrêt maladie depuis mars 2023, réclame désormais une indemnité de 50 000 euros, ainsi que la rupture de son contrat de travail.
L’affaire a débuté peu après que Synthia ait commencé à travailler dans les cuisines de l’établissement, en septembre 2022. A l’époque, la jeune femme, qui avait déjà amorcé une transition de genre, avait été embauchée sous son « nom mort », le prénom masculin qui lui avait été donné dans l’état civil. Même si elle se présentait comme une femme auprès de ses collègues, elle n’était pas encore légalement considérée comme telle à l’époque, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Cependant, un jour de janvier 2023, Synthia s’est présentée au travail maquillée et portant des vêtements pour femmes. « Mon client est sorti d’un rendez-vous médical et s’est rendu directement au travail ce jour-là, sans rentrer chez lui pour se changer », explique son avocate, Me Gwenola Vaubois. Depuis quatre mois qu’elle travaille ici, la jeune femme n’a pas caché sa transition. «C’était un secret de polichinelle. C’est une petite ville. Ses collègues savaient, et cela ne posait pas de difficulté particulière, qu’ils étaient bienveillants. »continue ses conseils.
« Nom mort »
Mais l’épisode provoque un petit séisme dans sa hiérarchie. A partir de ce moment, Synthia affirme recevoir des pressions et des commentaires de la part de son chef d’équipe et du directeur de l’établissement, jusqu’à un « entretien de recadrage » à la fin du mois. Son employeur s’adresse alors à elle en utilisant son « nom mort », et s’oppose directement à ce qu’elle continue à travailler avec l’apparence et les attributs de sa nouvelle identité, arguant du règlement intérieur qui prévoit un maquillage modéré.
Dans les semaines qui suivirent, l’attention de la hiérarchie s’accentua sur Synthia. Selon ses conseils, des panneaux publicitaires invoquant une loi non promulguée de 1794 sont placés dans le magasin : celle-ci stipule que chaque personne doit être désignée par le prénom de son état civil. Lorsque Synthia commence son quart de travail, son chef d’équipe lui dit fréquemment de se démaquiller. « Jusqu’à ce qu’il finisse par lui interdire de travailler, si elle ne va pas acheter du démaquillant au supermarché d’en face », poursuit Me Vaubois. En mars 2023, Synthia finit par être arrêtée par son médecin.
De son côté, le gérant du restaurant a plaidé auprès des prud’hommes « maladresse » vis-à-vis de ce salarié, lors de l’audience du 15 avril qui avait été réservée. Rejoint par Le Figaro, son conseil Me Pascal Landais n’a pas souhaité réagir. La décision est attendue à 14 heures