Décès de Nonce Paolini, ancien patron de TF1
La télévision a perdu l’un de ses grands artisans. L’ancien patron de TF1, Nonce Paolini, est décédé ce mercredi à l’âge de 75 ans années, confirme la chaîne.
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1972, Nonce Paolini débute sa carrière loin du petit écran. D’abord chez EDF et GDF, avant de rejoindre Bouygues en 1988. Il y devient directeur des ressources humaines puis de la communication externe du groupe. En 1993, six ans après la privatisation de La Une, il prend les clés des relations humaines du groupe TF1 avant de devenir, à la fin de la décennie, directeur de la communication interne puis directeur général adjoint du groupe.
Mais en 2002, la maison mère Bouygues le rappelle et lui propose le poste de directeur général adjoint de Bouygues Télécom, fonction qu’il occupe jusqu’en 2004, date à laquelle il devient directeur général adjoint et directeur de l’opérateur téléphonique. Entre-temps, en 2003, il épouse Catherine Falgayrac, l’une des présentatrices de « Téléshopping » sur La Une jusqu’en 2006.
Il fait un grand ménage dans les programmes
Jusqu’alors peu connu du grand public, Nonce Paolini s’est fait une place plus importante dans le paysage médiatique en revenant du côté de la télévision en étant nommé directeur général de la première chaîne en 2007, en remplacement d’Étienne Mougeotte, alors président-directeur général un an plus tard, prenant la suite de Patrick Le Lay.
Sous sa direction, un grand ménage est immédiatement opéré dans les programmes. Dès ses premiers mois, il élimine les jeux « Le Maillon faible » et « À prendre ou à laisser », le magazine « Vis ma vie », les séries « Brigade Navarro », « Femmes de loi »… L’année suivante, l’emblématique télé-crochet « Star Academy » est également mis en veilleuse pendant quinze ans.
En revanche, dès son arrivée, il remet au goût du jour la téléréalité du confinement, genre abandonné depuis les échecs successifs de « Nice People » en 2003 sur TF1 et « Les Colocataires » sur M6 l’année suivante. Pour lui, ce sera « Secret Story », un succès dès son lancement. Et il n’hésite pas à surfer sur la vague, parfois un peu trop comme avec « Carré ViiiP », format mêlant anonymes et personnalités de la téléréalité, abandonné dans la précipitation après deux semaines d’antenne en 2011.
PODCAST. Télé story (1/5) : « Star Academy »
C’est aussi l’homme qui serre les cordons de la bourse. Un « cost killer », chargé d’alléger les comptes. Sous sa présidence, de nombreux cadres sont remerciés. Des plans d’économies sont aussi mis en place. Exit le vieux groupe bling-bling des années 1990, place à une maison plus raisonnable. Ce qui ne l’empêche pas, en 2009, de débourser plusieurs millions d’euros pour racheter TMC et NT1, devenu TFX, et rattraper son retard sur la TNT.
Nouveaux jeux, nouvelles fictions
Mais le patron fait parler de lui quand, en 2008, il décide de remplacer Patrick Poivre d’Arvor, aux commandes du 20 Heures depuis vingt et un ans. Un bouleversement de taille, alors que le journaliste avait prévu de tirer sa révérence à une date bien précise, tenue secrète. A sa place, il installe Laurence Ferrari, mais avec une baisse notable des audiences qui entraînera un nouveau changement quatre ans plus tard. Ce qui n’empêche pas Paolini de réitérer le coup en 2015 avec le limogeage de Claire Chazal, en poste tous les week-ends depuis 1991.
Mais le patron est aussi à l’origine de plusieurs grands formats encore à l’antenne aujourd’hui. En 2010, voyant les audiences d’« Attention à la marche » faiblir, il propose à Jean-Luc Reichmann un nouveau jeu : « les 12 Coups de midi ». L’année suivante, c’est au tour de « Danse avec les stars » et de « Vendredi tout est permis avec Arthur » d’arriver à la surprise générale. En 2012, le patron n’hésite pas à sortir le chéquier pour s’offrir le télé-crochet « The Voice », au nez et à la barbe de M6. Il signe également plusieurs fictions, toujours présentes comme « les Mystères de l’amour » et « Léo Mattéï ».
Il soutient les victimes présumées de PPDA
Touché par la limite d’âge imposée dans les statuts, Nonce Paolini quitte TF1 en février 2016, remplacé par Gilles Pélisson. « Je suis arrivé dans une entreprise qui n’était pas complètement préparée aux batailles de l’avenir. On n’avait qu’une seule chaîne, on n’était pas sur la TNT. Il y avait des programmes qui vieillissaient un peu, racontait-il sur Europe 1, 48 heures avant son départ. C’était un défi quotidien. J’avais une équipe avec laquelle je m’entendais à merveille. »
Depuis, l’homme est resté discret, rompant simplement son silence en 2022 pour offrir son soutien aux victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor, jurant n’avoir jamais dissimulé les actes dénoncés.