« Il faut savoir partir. Je préfère qu’on me manque plutôt que d’être vu comme un vieux fou qui s’accroche. » Louis Bozon s’est éteint jeudi 11 juillet, à l’âge de 90 ans. Il manquera aux fidèles auditeurs du « Jeu des 1 000 euros » (« Jeu des 1 000 francs » jusqu’en 2001), qu’il animait de 1995 à 2008 sur France Inter. « Il a été pendant treize ans la voix du jeu le plus mythique de France Inter »a fait l’éloge de la radio sur son site Internet. Une radio qu’il a rejoint en 1965, après avoir débuté à la RTF (future ORTF) en 1957. Ne parlant jamais de sa vie privée, l’animateur a déclaré qu’il avait la radio pour » « seul compagnon ».
Né à La Tronche (Isère) le 25 juin 1934, Louis Bozon est d’abord tenté par une carrière de comédien, étudiant le théâtre au Conservatoire de Grenoble, où il obtient le Premier Prix d’Art Dramatique en 1952, puis au Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche à Paris. Mais en 1957, il entre comme assistant à la Société de Radiodiffusion et de Télévision Française (RTF), créée par l’Etat pour gérer l’essor de la télévision et de la radio.
Des années plus tard, Louis Bozon renouera avec son rêve d’enfant en interprétant son propre rôle d’animateur radio, aux côtés d’Annie Cordy, dans Les Rebelles de Moissac, en 2002. Il devient surtout le fidèle et dernier confident de Marlène Dietrich, qui vit recluse à Paris.
Leur rencontre, en 1962, lors d’un dîner privé, s’était faite par hasard, et pas sous les meilleurs auspices. Louis Bozon n’avait pas caché à la star qu’il préférait sa rivale Greta Garbo. Avant de tomber sous le charme de La Belle Enchanteresse (René Clair 1941) pendant près de trois décennies, jusqu’à la mort de l’actrice à Paris en 1992.
L’hôte fera un livre à ce sujet cette année-là : Marlene : la femme de ma vie (Michel Lafon) − réédité en 2012, pour les 20 ans de la mort de la star, sous le titre Bonjour mon ange, c’est Marlene ! Il raconte l’histoire de « sa » Marlene, une femme très simple « marmite »selon lui. « Elle était à la fois une superstar mondiale et une femme au foyer. Dietrich aurait apprécié qu’il soit le seul homme à ne pas lui avoir parlé de L’Ange Bleule film réalisé par Josef von Sternberg en 1930 qui fit d’elle une légende hollywoodienne. Louis Bozon fut également l’un des rares à venir « regarde-moi, ne me regarde pas », dit l’étoile. Il sentit qu’il avait « je n’ai jamais vraiment su » le comment et le pourquoi de cette amitié apparemment improbable : « Nous n’avons posé aucune question à Marlene. »
Les questions étaient son fonds de commerce à France Inter, où il a animé, pendant près de cinquante ans de sa carrière, de la matinale à l’émission du soir, nombre de jeux radiophoniques. Du « 3-6-9 » (1969) – qui permettait de gagner… des paquets de cigarettes ! – au classique « Jeu des 1 000 francs », où il a succédé en 1995 à Lucien Jeunesse (qui avait lui-même succédé à Roger Lanzac en 1965).
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