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Décès de la chanteuse engagée Catherine Ribeiro à l’âge de 82 ans

Considérée comme l’héritière de Léo Ferré, cette fille d’immigrés portugais née à Lyon était surnommée la « pasionaria rouge » ou encore « la grande prêtresse de la chanson française ».

Rebelle et militante, Catherine Ribeiro, décédée à l’âge de 82 ans, fut une figure incontournable de la musique expérimentale des années 70, mettant ses chansons au service de ses multiples engagements, avant d’être marginalisée et de finir sa vie en recluse.

«Libre et libertaire sans jamais accepter un clan plutôt qu’un autre», Cette fille d’immigrés portugais s’est définie en 2018 en Les Inrockuptibles. Après un passage au cinéma, cette brune aux yeux sombres et à la voix grave débute sagement sa carrière de chanteuse au milieu des années 60 en tant que star yéyé.

Mais elle refuse de s’attarder là et choisit des chemins parallèles en créant le groupe Alpes avec Patrice Moullet. Elle s’impose alors comme l’héritière de Colette Magny et Léo Ferré et ses chansons engagées lui valent le surnom de « la pasionaria rouge » ou encore de « la grande prêtresse de la chanson française ».

Née le 22 septembre 1941 à Lyon, fille d’un chaudronnier portugais, Catherine Ribeiro grandit avec pour seul horizon les hautes cheminées fumantes des industries chimiques de Saint-Fons. Elle fait ses valises pour Paris où elle suit des cours d’art dramatique qui la mènent au cinéma. On peut notamment la voir dans Les Carabiniers (1963) de Jean-Luc Godard, aux côtés de Patrice Moullet, son futur partenaire dans Alpes.

Du yéyé à l’avant-garde

Elle enregistre également, entre 1964 et 1966, une quinzaine de titres, créations originales ou reprises de Bob Dylan. Sa voie semble toute tracée, ses disques se vendent bien. Elle apparaît en avril 1966 sur la pochette de Salut les garsdans la fameuse « photo du siècle », avec toutes les étoiles montantes de la chanson.

Cette photo de 1966 rassemble les artistes les plus emblématiques du mouvement yéyé : Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Jean-Jacques Debout, Hugues Aufray et Catherine Ribeiro notamment.
Jean-Marie Périer/Bonjour les amis

Mais la jeune femme, indisciplinée et tourmentée – elle a fait plusieurs tentatives de suicide, dont une qui l’a vue passer le mois de mai 68 à l’hôpital – a refusé ce sort. « Je ne veux pas devenir une cover girl. Je ne veux plus chanter tous les jours. J’ai perdu trop de temps. » Elle opte pour l’avant-garde et se dirige vers des sonorités à mi-chemin entre le psychédélisme et le rock progressif, entre la musique minimaliste et le jazz.

L’Âme debout, La paix, Le rat faible et l’homme des champs, Les libertés ?… Elle a réalisé au total neuf albums avec Alpes. Ses chansons reflètent ses nombreux engagements : pour la Palestine, pour les réfugiés chiliens, contre la guerre du Vietnam, pour l’écologie, contre le président Valéry Giscard d’Estaing…

Jugée trop rebelle et à mille lieues des standards commerciaux, elle est boycottée par les médias. « La beauté rebelle de Catherine et sa colère au fond de l’âme sont une nuisance pour le show-business », estime Léo Ferré.

Cela ne l’empêche pas de trouver son public, souvent des militants comme elle. Elle se produit dans de grandes salles et fait un carton à Bourges ou à la Fête de l’Humanité où elle chante devant 120 000 personnes.

Un fan nommé Mitterrand

En 1982, elle remplit Bobino pendant trois semaines. C’est l’apogée de sa carrière. Un soir, elle a un spectateur célèbre qui se glisse incognito : le tout nouveau président socialiste François Mitterrand.

Même si elle revendique fièrement ses engagements, Catherine Ribeiro a du mal à se réduire à cela. « J’en ai assez de devoir porter cette seule étiquette rouge »elle a dit en 1980. « Ce n’est pas moi qui me suis marginalisée, j’ai été marginalisée ! Je toucherai un public plus large si les radios et les télévisions décident enfin de me considérer comme une chanteuse à part entière. ».

Mais on ne la verra plus beaucoup sur scène. Retirée dans les Ardennes dans les années 1980, elle épouse le maire socialiste de Sedan, Claude Démoulin. En 2020, elle est victime d’un AVC et doit être hospitalisée dans une clinique allemande. Ces dernières décennies, elle sort rarement de son silence. Toujours sur scène au Bataclan et aux Francofolies. Avec la même soif d’engagement : «Jusqu’à mon dernier souffle, je lutterai pour les libertés.»

Elle est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 82 ans dans une maison de retraite de Martigues.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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