De Smartbox à La Pataterie… Qui est Pierre-Édouard Stérin, l'entrepreneur des nouveaux médias ?
Les nouvelles les plus importantes de la journée

De Smartbox à La Pataterie… Qui est Pierre-Édouard Stérin, l’entrepreneur des nouveaux médias ?

De Smartbox à La Pataterie… Qui est Pierre-Édouard Stérin, l’entrepreneur des nouveaux médias ?

Depuis plusieurs mois, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky ne cache plus sa volonté de se débarrasser d’un titre de presse qu’il a racheté en 2018 et dont il s’était lassé, Marianne. En cause, la ligne « souverainiste radicale » de Natacha Polony, résume l’AFP. Si cela peut en effrayer plus d’un, il semblerait que l’homme d’affaires tchèque ait trouvé preneur. Mardi, le groupe CMI France a annoncé être « en négociations exclusives » avec le groupe de Pierre-Edouard Stérin, Otium, pour la vente de l’hebdomadaire.

Le nom est moins connu que Vincent Bolloré ou Xavier Niel. Pour autant, s’il se fait discret au sein du club très fermé des investisseurs médiatiques, Pierre-Édouard Stérin, 49 ans, ne manque pas d’ambition. « Il cultive la discrétion au profit de l’action », décrit l’un de ses sites. Classée 104ème des fortunes françaises par le magazine Défis, un joli pécule de 1,2 milliard d’euros, l’entrepreneur normand se fait une place dans les médias. En 2023, Pierre-Édouard Stérin revient dans la capitale des médias vidéo NÉO, puis dans celui du Crayon, « le premier média de débat pour les jeunes », avant de déverser un gros million d’euros dans le média très conservateur Factuel. Pas vraiment attendu dans le secteur, Pierre-Édouard Stérin s’est même offert en février dernier l’agence d’influence Marmeladz, décrite comme un « jus multivitaminé qui booste le business des créateurs ». Si la vente a lieu, Marianne serait son premier titre dans la presse.

Entreprendre à tout prix

Exilé fiscal en Belgique, le quinquagénaire a déjà réussi dans le monde des affaires malgré des premiers échecs. « J’ai assemblé une vingtaine de cartons qui se sont tous écrasés. La journée du 21 a été réussie », a-t-il résumé dans le podcast « Restart ». Le succès en question ? Les Smartbox, des boîtes vénérées pour les organisateurs de cagnottes occupés et en manque d’inspiration. On le retrouve également derrière l’application La Fourchette pour réserver une table dans un restaurant, mais aussi derrière la chaîne de restaurants La Pataterie. Pour gérer son attractif portefeuille d’actifs, Pierre-Édouard Stérin a même fondé Otium Capital, une société d’investissement.

Sur le site d’Otium, on retrouve également le « FBC », le Fonds Bien Commun, un fonds philanthropique créé en 2021 par Pierre-Édouard Stérin lui-même à qui il « a fait don de sa fortune ». Comprenez en sous-titres, déshériter vos cinq enfants. Parmi les 130 projets soutenus, tous suivent la ligne conservatrice de l’entrepreneur : « Soutien de la conjugalité pour un amour durable, et de la parentalité », « défense de la langue française », « valorisation du patrimoine culturel », « formation à grande échelle autour du sujets de bioéthique et de défense d’une vision humaine de la fin de la vie ».

Chez Marianne, des inquiétudes et une envie d’indépendance

Alors évidemment par les médias progressistes, Pierre-Édouard Stérin est vu comme un deuxième Bolloré. Il est décrit comme un « ultraconservateur » par Médiapartun « saint patron de l’extrême français » et un « oligarque réactif » par Humanité et décrit comme « le drôle d’allié catholique de Montebourg et Bolloré » par Libérer. Dans les médias plus conservateurs, il est davantage mis en avant pour son esprit d’entreprise et sa philanthropie. « L’affaire des anges », titre Le Point. « Au nom du bien commun », souligne Le Figaro.

Mais quelle est la réaction des concernés ? Au cœur de l’écriture de Marianne, on regrette davantage le manque de transparence de l’annonce. La plupart des journalistes ont été informés par les médias des ambitions de rachat de Pierre-Édouard Stérin. « En nous appuyant sur les articles de presse, on comprend qu’il a un projet politique et il n’est pas question que les journalistes y participent d’une manière ou d’une autre », murmure un journaliste. Pour lui comme pour ses confrères, de vives inquiétudes ont été exprimées auprès de Denis Olivennes, patron de CMI, le groupe auquel appartient Marianne. Parmi elles, l’adoption d’une charte éthique établissant la non-intervention de l’actionnaire et la validation par plus de la moitié du management de toute nouvelle direction. « La rédaction est unie et nous allons nous battre pour garder notre indépendance », ajoute le journaliste interrogé.

Mercredi, la société de rédaction Marianne a déploré dans un communiqué « l’absence de dialogue entre Denis Olivennes et les salariés jusqu’à présent » et espère être davantage « associée aux négociations » à l’avenir. De son côté, Pierre-Edouard Stérin n’a pas répondu à nos sollicitations. L’entreprise a jusqu’à la mi-juin pour signer un accord final.

Quitter la version mobile