« De quoi sont coupables ces enfants qui ont perdu un bras ou une jambe ? », le cri de désespoir d’un médecin face aux jeunes victimes

À la tombée de la nuit, la chaleur des rues de Doha s’est un peu atténuée. C’est le moment où sortent les enfants blessés de Gaza, que le Qatar a évacués avec leurs proches. Depuis le début de la guerre, 2 500 Palestiniens ayant réussi à fuir la bande de Gaza ont trouvé refuge dans l’émirat, et parmi eux, 2 000 sont hébergés dans un complexe d’habitations à la périphérie de sa capitale.

Mahmoud a 9 ans. Le petit garçon a perdu ses deux bras le 6 décembre 2023. Ce jour-là, il y a eu des bombardements de l’armée israélienne. « Nous quittions la maison et nous avons été touchés par un missile Zanana (du mot arabe signifiant « bourdonner », c’est le nom que les Gazaouis donnent aux drones). Et quand nous étions tous dehors, ils nous ont bombardés. » dit-il. Mahmoud est le seul de sa famille à avoir été touché.

Très ému, un adulte interpelle l’équipe de « l’Envoyé spécial » : il est médecin. Il était interne à l’hôpital Al-Shifa à Gaza. « Quand l’armée a commencé son incursion et a encerclé l’hôpital de toutes parts, les cadavres étaient partout sur le terrain, témoigne-t-il, toujours bouleversé. J’ai dû creuser des trous avec mon équipe pour enterrer ces hommes et ces femmes. J’ai encore des frissons quand j’en parle. Je ne peux pas oublier ça. »

« Qu’a-t-elle fait à l’armée israélienne ? s’exclame-t-il en désignant une petite fille qui a perdu tous les membres de sa famille. Qu’ont fait tous ces enfants qui ont perdu un bras ou une jambe ? De quoi sont-ils coupables ? Je veux demander au monde entier : combien de morts ? Combien de personnes supplémentaires doivent être tuées ? Arrêtez la guerre, s’il vous plaît. Immédiatement ! »

Extrait de « Les enfants brisés de Gaza », un reportage diffusé dans « Envoyé spécial(Nouvelle fenêtre) » le 26 septembre 2024.

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