On savait déjà que la tragédie du Titan survenue l’année dernière était due aux insuffisances de la société OceanGate qui l’exploitait. Son PDG, Stockton Rush, était l’une des cinq victimes décédées lors de la descente finale du submersible vers l’Atlantique Nord. Mais on était loin de soupçonner de tels dysfonctionnements.
Les deux semaines d’auditions publiques menées par les garde-côtes américains ont établi que les plongées du sous-marin ont été effectuées contre l’avis des employés d’OceanGate ainsi que des ingénieurs externes. Plus surprenant encore que le mépris de la réglementation, c’est l’amateurisme total d’OceanGate qui surprend quand on sait à quelle profondeur l’équipage et ses riches clients (ils ont dû débourser chacun 250 000 $) étaient censés opérer.
Des témoignages édifiants
Parmi les témoignages les plus édifiants, on retrouve celui de Matthew McCoy, ancien garde-côte et employé d’OceanGate. Il aurait été surpris par Stockton Rush que l’entreprise n’ait pas réussi les examens de certification auprès des autorités pour ses sous-marins. Le patron aurait répondu que la réglementation étouffait l’innovation et que, si nécessaire, « il achèterait un membre du Congrès ». Matthew McCoy a démissionné peu de temps après.
Le témoignage d’Antonella Wilby, qui a travaillé avec OceanGate en tant qu’indépendante, se concentre sur un autre défaut, qui pourrait expliquer les difficultés des sauveteurs à localiser précisément le submersible : apparemment les données du système de positionnement du sous-marin n’étaient pas transmises automatiquement mais notées à la main. , puis retranscrit sur ordinateur avant d’être enfin intégré dans un logiciel. « Un processus laborieux, effectué toutes les cinq minutes » sur lequel la consultante a rapidement fait part de ses inquiétudes auprès de son employeur, sans être écoutée. Ce faisant, le temps nécessaire mais aussi la marge d’erreur augmentent considérablement. D’autres incidents, survenus en 2022 mais aussi quelques jours seulement avant le drame, ont été signalés. Autant de preuves supplémentaires du manque de sérieux et de rigueur d’OceanGate. Rappelons que le sous-marin était contrôlé à l’aide d’une manette de jeu…