de New York à Téhéran, une liste digne d’une édition luxueuse
Après dix jours de visionnage, et 22 films visionnés, discutés, controversés, le jury du 77e L’édition du Festival de Cannes, présidée par l’actrice et réalisatrice américaine Greta Gerwig, a finalement présenté son palmarès, samedi 25 mai, lors d’une cérémonie de clôture conduite avec élégance, sans accroc ni discours durs. Dans le bourdonnement habituel des remerciements et des applaudissements, la chute du rideau a néanmoins réservé à la salle du Palais des Festivals trois beaux moments d’émotion qui resteront.
La première a été offerte par l’apparition sur scène du cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, venu recevoir le Prix Spécial du Jury pour son film Graines de figuier sauvage, qui sonde le fossé des générations au sein d’une famille dont le père est devenu un chien de garde du régime. La présence du réalisateur, qui est sorti clandestinement d’Iran à pied à travers les montagnes ces derniers jours pour échapper à une peine de prison pour « collusion contre la sécurité nationale », était inattendu. Elle a été accueillie par une ovation avant que le cinéaste ne prenne la parole pour, entre autres, adresser une pensée à tous les membres absents de son équipe, « mon directeur de la photographie, mon ingénieur du son et plusieurs techniciens qui subissent la pression des services secrets de (La république) Islamique ».
Autre moment fort de cette cérémonie, les larmes mêlées au cri de combattant lancé par l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascon, qui a reçu le prix de la meilleure actrice, aux côtés de Selena Gomez, Zoe Saldana et Adriana Paz, ses partenaires dans Émilie Pérez, la comédie musicale sur fond de cartels mexicains de Jacques Audiard. Ce qui est également reparti avec le Prix du Jury. Le Prix du meilleur acteur a été décerné à l’acteur américain Jesse Plemons pour le film à sketches Sortes de gentillesse, du grec Yorgos Lanthimos.
Il y eut enfin, pour nous émouvoir jusqu’à la tendresse, ces deux vétérans et maîtres du cinéma américain, réunis sur scène qui, se tenant la main et saluant leur amitié de six décennies, se rendirent un hommage mutuel. Francis Ford Coppola (en compétition officielle pour Mégalopolequi repart bredouille) et George Lucas, 80 ans, à qui le Festival a choisi, cette année, de décerner une Palme d’Or d’honneur.
Logique inflationniste
Réussir Anatomie d’une chute, de Justine Triet – une lourde tâche – le jury de Greta Gerwig n’a pas manqué d’attribuer la Palme d’Or au meilleur film qui pourrait y prétendre cette année : Anora, de Sean Baker, un conte de fées trivial entre une prostituée et le fils d’un oligarque russe qui se transforme en comédie d’action lancée à toute vitesse dans les rues de New York. De même, le Grand Prix décerné à Tout ce que nous imaginons comme lumière, du réalisateur indien Payal Kapadia, qui, dans ce deuxième long métrage, met en scène trois femmes, d’âges et de conditions différentes, aux prises avec les traditions, le fardeau familial et le déterminisme social.
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