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De lourdes hausses d’impôts dans le budget britannique, une aubaine pour l’opposition – 30/10/2024 à 17:24

Le Premier ministre britannique Keir Starmer rencontre la chancelière de l’Échiquier Rachel Reeves, deux jours avant l’annonce du premier budget du nouveau gouvernement travailliste, à Downing Street, Londres, le 28 octobre 2024 (POOL/Hollie Adams)

Des hausses d’impôts présumées, de 40 milliards de livres, contre d’importants investissements dans les services publics: le gouvernement travailliste de Keir Starmer a présenté mercredi son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en juillet, déjà vivement critiqué par les conservateurs.

C’est la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, attendue au tournant, qui s’est vu confier la lourde tâche d’assumer les choix gouvernementaux devant la Chambre des communes. Un moment charnière pour le parti travailliste, dont la popularité est déjà au plus bas.

« C’est un moment de choix fondamental pour le Royaume-Uni. J’ai fait mes choix. Des choix responsables », a-t-elle conclu après 1h15 de discours.

L’ancien Premier ministre conservateur Rishi Sunak a dénoncé « un programme travailliste classique : plus d’impôts, plus d’emprunts, pas de plan de croissance et les travailleurs qui en paient le prix ».

Parmi les hausses d’impôts révélées, une hausse des cotisations patronales, anticipée par les entreprises, qui rapportera 25 milliards de livres par an.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'un événement à Birmingham, en Angleterre, le 28 octobre 2024 (POOL/Darren Staples)

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’exprime lors d’un événement à Birmingham, en Angleterre, le 28 octobre 2024 (POOL/Darren Staples)

Une mesure critiquée avant même son officialisation par les conservateurs, qui estiment qu’elle contrevient à la promesse du Labour d’épargner « les gens qui travaillent », car ce sont eux qui finiront par payer la note sur leurs salaires.

Autre hausse notable : le taux d’imposition des plus-values, jusqu’à 24%, qui restera cependant « le plus bas de toutes les économies européennes du G7 », selon le ministre.

– « Tourner la page » –

D’autres sources de revenus et d’économies avaient déjà été révélées, comme l’augmentation de la TVA sur les écoles privées ou la fin du chèque énergie pour des millions de retraités, très contestée, y compris parmi les travaillistes.

L’organisme de prévision du budget public, l’OBR, estime que le niveau de la fiscalité britannique passera de 36,4 % du PIB en 2024/2025 à 38,3 % en 2027/2028, « un sommet historique ».

« Nous devons restaurer la stabilité économique et tourner la page des 14 dernières années », a déclaré Rachel Reeves, visant les précédents gouvernements conservateurs.

Elle a de nouveau dénoncé un « trou noir » de 22 milliards de livres dans les finances publiques, dont elle aurait hérité des conservateurs – « une fiction » selon eux – et a insisté sur l’énorme dette, à 100% du PIB.

« La seule manière d’améliorer le niveau de vie et de stimuler la croissance économique est d’investir, d’investir, d’investir », avait-elle alors insisté, énumérant les milliards prévus pour les écoles ou la construction de logements.

La réaction des marchés à ces hausses d’impôts et à ces nouveaux prêts sera scrutée, suite à l’intervention de Rachel Reeves (AFP / HENRY NICHOLLS)

Le NHS, le système de santé à bout de souffle, bénéficiera notamment d’une augmentation substantielle de son budget de 22,6 milliards de livres pour cette année et l’année prochaine, « la plus forte augmentation » depuis 2010 hors Covid, s’est félicitée Rachel Reeves.

Elle a également promis 100 milliards sur cinq ans pour les services publics et les infrastructures, rendus possibles par un prochain changement des règles budgétaires, une pirouette comptable pour emprunter davantage, mais uniquement pour investir.

– « Totalement absurde » –

« La décision de laisser filer les emprunts rend les affirmations (de Rachel Reeves) sur l’état des finances publiques totalement absurdes », a réagi Rishi Sunak, chef de l’opposition conservatrice.

« S’ils étaient vraiment dans une situation aussi critique, comme elle l’a dit, nous aurions dû assister aujourd’hui à une réduction significative des emprunts », a-t-il ajouté, jugeant également ses propos sur « ridicules » l’héritage » des conservateurs.

« Ce budget n’est pas aussi mauvais que prévu d’un point de vue budgétaire », ont déclaré Kathleen Brooks de XTB, comme plusieurs analystes. Elle note cependant que les prévisions de croissance de l’OBR mercredi ne sont « pas exceptionnelles » : +1,1% cette année, puis +2% l’année prochaine, avec des prévisions légèrement revues à la baisse au-delà.

La livre reste sous pression après ces annonces, en baisse de 0,1% face au dollar, pénalisée par la légère dégradation des prévisions de croissance à long terme. Toutefois, la monnaie britannique ralentit sa baisse initiale, grâce à des hausses d’impôts moins importantes que prévu.

Dans la foulée du discours de Mme Reeves, les taux d’emprunt à 10 ans du Royaume-Uni ont globalement augmenté, remontant temporairement à 4,41%, un plus haut de séance depuis début novembre 2023, avant de baisser légèrement.

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