De l’hélium extrait du sous-sol français : une première européenne qui vaut de l’or ?

De l’hélium a été extrait du sous-sol de la Nièvre, à Saint-Parize-le-Châtel, une première en Europe.

Ce gaz rare était jusqu’à présent entièrement importé, principalement des États-Unis.

Très recherché, il est aujourd’hui indispensable à de nombreux secteurs de pointe.

Il est devenu indispensable à de nombreux secteurs de pointe. Bien plus que les utilisations récréatives pour lesquelles il est connu du grand public, comme les ballons gonflables ou les bouteilles de plongée, l’hélium est indispensable à l’électronique, notamment pour les semi-conducteurs, mais aussi dans la fibre optique, le nucléaire et l’aérospatiale. Cette matière première, dont la production est dominée par les États-Unis (60 % de la production mondiale), représente un marché de plusieurs milliards de dollars.

Pour la première fois en Europe, un gisement a commencé à être exploité cette semaine dans la Nièvre, à Saint-Parize-le-Châtel, où une petite unité de production extrait du sous-sol ce gaz rare et stratégique qui était jusqu’ici entièrement importé. Ce projet pilote est mené par deux ingénieurs français. La startup 45.8 Energy, qu’ils ont cofondée en 2017, a pour objectif de produire un «Hélium européen et souverain« , alors que les 32 millions de mètres cubes consommés en Europe de l’Ouest, deuxième marché mondial, sont entièrement importés.

Pour être transporté sur une longue distance, l’hélium doit être liquéfié à une température de -269 degrés, « donc cela nécessite beaucoup d’énergie« , explique à l’AFP Antoine Petat, responsable des opérations chez 45.8 Energy. Et l’opération doit être inversée une fois que le gaz arrive chez les clients. En l’extrayant en Europe même, à proximité des consommateurs et donc sur de courtes distances, 45.8 Energy peut transporter l’hélium à l’état gazeux. »L’empreinte carbone est incomparable« , assure l’ingénieur. Sans parler du coût économique. Le prix de l’hélium importé a triplé au cours des cinq dernières années.

Un marché de plusieurs milliards de dollars

L’hélium est un gaz très recherché, à tel point que l’Union européenne l’a inscrit sur la liste des ressources critiques en 2023. D’ici 2030, 10 % de l’hélium devra être extrait localement dans l’UE. La jeune entreprise française dit avoir identifié plusieurs gisements potentiels sur le territoire et se fixe comme objectif de fournir à terme jusqu’à 15 % des besoins français. Les débouchés existent déjà, et la demande devrait croître dans les années à venir, selon le cabinet Research & Markets, qui estime le marché à 6,92 milliards de dollars d’ici 2028.

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Parce que beaucoup de gens l’ignorent, l’hélium ne sert pas seulement à gonfler des ballons et à alimenter des bouteilles de plongée. Ses applications industrielles sont multiples. À l’état liquide, c’est le gaz le plus froid de la Terre, pratiquement au zéro absolu. Les industriels l’utilisent par exemple pour le refroidissement dans la production de fibres optiques, indispensables au déploiement de la 5G. Il est aussi utilisé dans le secteur spatial, pour refroidir les lanceurs de satellites. Dans l’industrie automobile, il sert à la production d’airbags, tandis que dans l’électronique, il est indispensable à la fabrication d’écrans plats.