De l’Egypte au Qatar, récit de dix jours de négociations pour une trêve à Gaza
L’entrée de l’armée israélienne à Rafah, au sud de la bande de Gaza, mardi 7 mai, intervient après dix jours de négociations avec le Hamas en faveur d’un cessez-le-feu, qui apparaissent aujourd’hui compromises, mais pas encore enterrées. A peine quelques heures avant le déclenchement de l’armée, le mouvement islamiste avait affirmé accepter une proposition négociée entre Israël, les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar, tout en y apportant d’importants amendements de dernière minute, qu’Israël a dénoncé comme inacceptable.
L’État hébreu lui-même a provoqué la surprise, le 27 avril, en transmettant aux médiateurs égyptiens et qatariens un nouveau document qui contrastait avec ses positions défendues depuis six mois, et alors que les négociations étaient au point mort. « Nous avons tous été surpris, a déclaré un diplomate arabe. L’offre était très positive. Soudain, les Israéliens ont accepté ce qu’ils avaient refusé auparavant. » A côté d’un calendrier de désescalade en trois phases, d’une quarantaine de jours chacune, commençant par la libération de trente-trois otages (des femmes, dont des militaires, des personnes âgées et des malades), le texte apporte deux avancées majeures.
Il a mentionné que les deux parties étaient déterminées à « rétablir un calme durable ». Une allusion à la fin des hostilités réclamée par le mouvement islamiste, qui craint qu’une fois les quelque cent trente otages libérés en échange de prisonniers palestiniens, l’offensive israélienne reprenne en force. La proposition israélienne, autre avancée notable, ouvre la voie au retour des personnes déplacées vers le nord de la bande de Gaza, une région largement dépeuplée, que les Palestiniens craignent de voir détachée du reste de l’enclave.
La réponse du Hamas est intervenue quelques jours plus tard. Le mouvement islamiste approuve le projet d’accord sous réserve de précisions, notamment sur les « un calme durable ». La formule, inventée par l’équipe de William Burns, le directeur de la CIA, pour laisser entendre que l’acceptation de l’accord équivaut à la fin de la guerre, n’est pas assez claire au goût des islamistes. Mais les Israéliens sont réticents à parler d’un cessez-le-feu, arguant qu’un tel accord n’existait pas avant le 7 octobre 2023.
« Les Américains sont allés plus loin »
La partie égyptienne est néanmoins convaincue qu’un accord est à portée de main, après quatre mois de tentatives infructueuses. « Les Américains sont allés plus loin dans les garanties qu’ils ont données au Hamasselon un diplomate égyptien. Le problème est qu’ils ne peuvent pas offrir beaucoup de garanties. Ils n’ont aucune confiance dans le Hamas ni dans Benjamin Netanyahu. »
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