De « La Vie d'Adèle » à « L'Amour Ouf », comment Adèle Exarchopoulos s'est imposée dans le cinéma français
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De « La Vie d’Adèle » à « L’Amour Ouf », comment Adèle Exarchopoulos s’est imposée dans le cinéma français

De « La Vie d’Adèle » à « L’Amour Ouf », comment Adèle Exarchopoulos s’est imposée dans le cinéma français

Révélée par le film d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or à Cannes en 2013, l’actrice a tourné une décennie bien remplie vers un cinéma plus populaire. Elle est désormais la tête d’affiche du long-métrage de Gilles Lelouche au casting cinq étoiles.

C’était d’abord un prénom. Car il a fallu y réfléchir à deux fois pour ne pas abîmer le patronyme d’Adèle Exarchopoulos, d’origine grecque par son arrière-grand-père. Et surtout parce qu’elle était l’héroïne de La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, qui avait fait sensation à Cannes en 2013. En une seule représentation, Adèle Exarchopoulos a fait irruption dans le cinéma français telle une météorite. Une décennie plus tard, elle est plus que jamais installée dans le paysage avec, à 30 ans, deux Césars en poche. Elle est la tête d’affiche du nouveau film de Gilles Lellouche, Amour oufen salles mercredi 16 octobre, avec un casting XXL réunissant François Civil, Vincent Lacoste, Elodie Bouchez et Alain Chabat. Retour sur les moments charnières de sa carrière.

« La Vie d’Adèle » bouleverse la sienne

Adèle Exarchopoulos explose devant la caméra d’Abdellatif Kechiche, face à Léa Seydoux dans cette histoire d’amour entre deux adolescentes, inspirée de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude par Julie Maroh. « Je voulais ce rôle sérieusement, j’ai tout donné »elle se confie à L’Express. Avant de l’obtenir, ce Parisien, qui a commencé à jouer à l’âge de 9 ans, en avait eu d’autres, en Boîtes de Jane Birkin (en 2006), Les enfants de Timpelbach de Nicolas Bary (2008), La rafle de Roselyne Bosch (2010) ou encore Tête turque de Pascal Elbé (2010).

Des troisièmes rôles qui la mènent à Adèle, premier premier rôle de sa carrière. Elle a 19 ans et tout va changer. Elle passe cinq mois sur le plateau et découvre les méthodes de travail du réalisateur, critiquées par les techniciens. « Abdel aime travailler dans l’épuisement et la détente, mais il ne se rend pas compte qu’il y a des gens pour qui il est difficile d’abandonner autant »dit-elle dans Libérer. Le film bouleverse la Croisette. Steven Spielberg, président du jury cette année-là, demande une dérogation pour que les deux actrices reçoivent également la Palme d’Or décernée au film.

La promotion qui s’ensuit est chaotique, Léa Seydoux racontant un tournage « horrible » dans le quotidien américain La bête quotidienne. Son camarade est moins critique, mais dit quand même que Léa Seydoux « frappé plusieurs fois, tandis que (Kéchiche) a crié « Frappez-la! » Frappez-la encore ! Elle tente d’éteindre l’incendie dans les interviews qui suivent, mais le mal est fait. « Abdel, il a une passion dévorante, débordante. (…) Bien sûr, il est difficile à suivre. (…) Oui, ses méthodes donnent des résultats et ce n’est pas de la torture. Il ne faut pas exagérer »elle précise dans Le journal du dimanche.

« J’ai gagné cinq ans de maturité, je connais mes faiblesses, mes forces, j’accepte mes doutes. En cinq mois, Abdel m’a éduqué comme je n’avais jamais été éduqué depuis dix-huit ans à l’école. »

Adèle Exarchopoulos

dans « Le Monde »

Sean Penn l’emmène à Hollywood

Après son rôle dans La vie d’Adèle, tout le monde apprend à prononcer son nom. Son père n’a plus besoin de faire scandale. Lors d’un tournage, un imprudent a suggéré à l’actrice l’idée de changer son nom par commodité sur les affiches. « Mon père a appelé la production et s’est mis en colère. Il a dit : ‘Ma fille, elle est mineure, personne ne lui dit de changer de nom. Elle a un prénom grec, ça reste comme ça' »se souvient-elle dans l’émission « Sept à Huit » sur TF1.

Sean Penn ne bégaie pas lorsqu’il demande un rendez-vous. L’acteur-réalisateur américain est tombé sous le charme à Cannes et a profité du passage de l’actrice à Los Angeles, où elle devait recevoir un prix, pour demander un rendez-vous. Une éventualité qui fait oublier à la Française son stress au moment de recevoir sa récompense, rappelle-t-elle dans « C à Vous ». Sean Penn lui propose un rôle dans Le dernier visageoù elle incarne une bénévole dans une association humanitaire aux côtés de Javier Bardem et Charlize Theron.

Elle revient à Cannes pour ce film trois ans après le triomphe de La vie d’Adèlemais l’accueil est beaucoup moins enthousiaste. « J’ai appris ce que ça faisait de prendre une grosse claque »observe-t-elle dans l’émission de France 5, même si elle trouve les critiques sévères. Si elle a signé un contrat avec l’agence artistique CAA (Creative Artists Agency) dans la foulée La vie d’Adèlecette expérience américaine reste la seule à ce jour pour ceux qui ne le font pas « Ne vous focalisez pas sur Hollywood »comme elle l’assure à Allociné.

Elle prend une pause sandwich dans sa carrière

Sa carrière va prendre fin. A 23 ans, elle tombe enceinte du rappeur Doum’s et doit abandonner deux projets qu’elle « vraiment j’ai adoré »elle assure dans Paris-Match, « car le tournage a eu lieu hors de France et n’a pas pu du tout (L’)attendre ». L’actrice cherche quelque chose à faire. « J’avais besoin de banalité, de faire quelque chose de très concret »elle explique dans Libérer. Elle se tourne donc vers son père, qui est « gestionnaire de stand sandwich » à l’Accor Arena, explique-t-elle dans « Sept à Huit ». Il la prévient, selon des propos rapportés par Salon de la vanité : « Si c’est juste pour se prouver qu’on peut être une personne simple, c’est ridicule. »

« J’ai besoin d’être dans un monde sain et normal, de me dire qu’il n’y a pas que le cinéma. Je vais devenir maman et ça me stresse. »

Adèle Exarchopoulos, actrice

dans « Vanity Fair »

Les clients qu’elle sert lui trouvent une ressemblance « la fille Popoulos, là, celle qui était à Cannes »dire Le monde. L’expérimentation durera deux mois. Mais les plateaux de tournage lui manquaient et à la naissance de son fils, en avril 2017, elle a compris que la comédienne était devenue son métier. « avec revenus, obligations ».

Ses pitreries dans les comédies font hurler de rire

Depuis La vie d’AdèleLe cinéma français la considère comme une actrice sérieuse. « J’ai reçu beaucoup de propositions de films très naturalistes et réalistes »elle déclare dans Paris-Match. Un malentendu qui a duré, même si Adèle Exarchopoulos a toujours aimé rire et faire rire. Elle vénère Jim Carrey et a grandi en regardant Louis de Funès, Charlie Chaplin et la série Seinfeld.

Au début de sa carrière, elle regrettait Le monde que les comédies françaises « ne sont pas vraiment drôles » ou dans Les Inrocks que « Les cinéastes ne le font pas (L’)ne l’imagine pas comme une personne drôle ». On avait eu un aperçu de son talent pour la comédie dans Sybille de Justine Triet en 2019, mais ce sont les rôles d’Agnès dans Mandibules de Quentin Dupieux en 2021 et Soraya dans la série La Flamme ça va tout changer.

Coïncidence ou pas, juste avant, à l’automne 2018, elle quitte son agent historique Denis Planat, qui la conseillait depuis 2006, pour rejoindre Grégory Weill, l’un des grands noms du secteur, et l’agence Adequat. « J’attendais vraiment d’être plongé dans ce genre d’univers »elle savoure Madame Figaroà propos Mandibules. Elle hurle les dialogues d’Agnès, un personnage tombé sur la tête en skiant.

« Toutes les phrases étaient écrites en majuscules et en gras, et Quentin Dupieux m’a dit : ‘Vas-y, joue faux !’ »

Adèle Exarchopoulos, actrice

dans « Madame Figaro »

Dans la série La Flammeentourée de ses proches (Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Géraldine Nakache…), elle incarne Soraya, une jeune femme transplantée d’un cœur de singe. « J’ai osé improviser, tenter des choses un peu folles, parce que j’avais l’impression de faire partie de la famille. Mais c’est au montage que j’ai été le plus coupé, car je ne parvenais pas à contenir mes éclats de rire ! elle sourit Le journal du dimanche. Elle garde le souvenir de « le meilleur tournage de tous les temps (c’est) vie ! »au point qu’il se cumulera à nouveau pour l’avenir, avec La torche.

Elle est couverte de lauriers avec un deuxième César

Déjà sacré pour La vie d’Adèle dans la catégorie du meilleur espoir féminin aux Césars 2014, Adèle Exarchopoulos décroche un deuxième prix dix ans plus tard dans la catégorie de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans Je verrai toujours tes visages. Son personnage du film de Jeanne Henry sur la justice réparatrice, victime d’inceste, la confronte à un défi : « Jouer uniquement en face-à-face et devoir faire revivre les événements du passé, non pas en action, mais en discussion »elle explique dans Le Figaro.

Lors de son discours de remerciement, elle « pensez à toutes les Chloé de ce monde qui tentent de réparer l’irréparable » et salue « des travailleurs sociaux, des bénévoles, des gens qui tentent de réparer les autres et la société avec le peu de moyens dont ils disposent ». Onze ans après son premier César, elle mesure le chemin parcouru « avec de la chance, de très belles rencontres, une bonne étoile, beaucoup de gentillesse »elle liste pour Ouest de la France.

« La première, tu te dis que c’est un pari. La seconde, tu commences à y croire et tu te dis que c’est peut-être du travail.

Adèle Exarchopoulos, actrice

dans « Ouest France »

Pour autant, le syndrome de l’imposteur n’a pas complètement disparu. « Avant un film, elle admet dans Salon de la vanité, J’ai peur et je pense que c’est la chose la plus constructive. »

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