David Vallat, ancien jihadiste, a été retrouvé mort à Saint-Raphaël dans le Var
Formé en Afghanistan par Al-Qaïda dans les années 1980, ce Français, ancien jihadiste, s’est fait un devoir de témoigner du processus de recrutement et des rouages de l’islamisme radical. David Vallat a été retrouvé mort à Saint-Raphaël. Une enquête est ouverte.
Le parquet de Toulon a ouvert une enquête pour établir les causes du décès de David Vallat. L’ancien jihadiste a été retrouvé mort à Saint-Raphaël dans le Var, a appris France 3 Côte d’Azur auprès du procureur de la République de Draguignan Pierre Couttenier, confirmant une information de Var-Matin.
En juin 2024, David Vallat était l’invité d’ICI 19/20. Une interview au cours de laquelle il a clairement fait savoir qu’il n’appréciait pas le terme « repentants du jihad » parce qu’il entre en raisonnement avec la notion de pardon. Sa démarche a été tout autre, consistant à le décrypter, à le faire comprendre, pour mieux combattre le djihadisme.
Il a raconté son histoire dans un livre intitulé Terreur juvénile édité par Calmann-Lévy.
La conversion de David Vallat est liée aux événements de Bosnie. Il s’y rend ensuite, pour prendre les armes aux côtés des Bosniaques, au moment où la Croatie et la Bosnie déclarent la guerre.
Pendant plus de trois semaines, David Vallat et ses amis tentent de rejoindre les unités combattantes, sans y parvenir. Ils échappent à la mort, sans armes, à plusieurs reprises.
J’avais besoin d’une idéologie pour ne pas broncher.
David VallatJuin 2024, France 3 Côte d’Azur.
David Vallat devient le premier converti français formé en Afghanistan. De retour en France, l’homme gère une chaîne d’approvisionnement en armes pour le GIA (Groupe Islamique Armé) algérien. Arrêté et jugé dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris, il a été condamné à 5 ans de prison.
Un contre-exemple de radicalisation en prison
David Vallat est alors persuadé qu’il sera torturé puis exécuté après sa garde à vue. La réalité était bien différente.
Ils me proposent un avocat, un médecin. Je suis traité humainement. Si j’avais été incarcéré dans l’équivalent de Guantanamo, je pense que j’aurais été enfermé dans cette idéologie, sans me permettre d’en échapper.
En prison, David Vallat plonge dans l’introspection. Il entreprend alors ce qu’il appelle un processus de désengagement.
En février 2016, l’homme partageait, sur France 3, son sentiment d’incarner un contre-exemple de radicalisation en prison.
David Vallat dresse alors une chronologie de recrutement aplanie vers le bas : de 1979 à 2003, Al Qaïda s’est formé «des cadres capables de créer des unités dans leur pays d’origine, de désigner des objectifs et de faire grève ». De 2003 à 2011, nous voulons « des travailleurs de terrain en Irak pour s’opposer à la coalition occidentale. La 3ème génération «rejoindra Daesh qui jouit de la gestion d’un territoire grand comme la Belgique avec 11 millions de civils».
Aujourd’hui, la 4ème génération est composée de personnes qui se retrouvent dans une impasse sentimentale, émotionnelle, psychologique. le jihad leur promet le pardon de leurs péchés et la promesse du paradis.
Aux deux questions de France 3 en juin dernier : Pouvons-nous vivre une vie normale après le Jihad ? Êtes-vous toujours menacé de mort ?
David Vallat a répondu par un proverbe afghan : « Si vous vous soumettez par peur de la mort, vous êtes déjà mort. »
Et d’ajouter « J’ai choisi de ne pas vivre dans la peur ».
Ce lundi 21 octobre, son corps a été retrouvé sans vie à Saint-Raphaël.