Ce jeudi 11 avril Thierry Ardisson a été décoré de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron à l’Élysée pour ses activités d’animateur et de producteur de cinéma. Une récompense qui a immédiatement fait réagir Christine Angot. Dans les colonnes de Libérer ce vendredi 12 avril, l’écrivain a partagé un long témoignage. Humilié à plusieurs reprises sur le tournage de Tout le monde en parle, elle s’est particulièrement souvenue d’une séquence qui l’a profondément choquée. En 1999, Christine Angot dévoile son film intitulé Inceste dans lequel elle raconte les viols qu’elle a subis de la part de son père. Elle se souvient avoir été invitée sur le plateau de Thierry Ardisson pour en faire la promotion. « Je me souviens avoir dit à mon éditeur « Suis-je à la mode ou quoi ? Ça m’a fait peur » , se confie-t-elle en premier.
Lors de cet entretien, Thierry Ardisson a présenté son invité et a raconté le résumé du long-métrage. « Quand il lit ce qu’il appelle le pitch, « son père l’a obligée à manger des clémentines sur son pénis », les gens rient », écrit Christine Angot qui précise ensuite que plusieurs personnalités étaient présentes sur le plateau. » David Hallyday, Clémentine Célarié… Lui : « C’est de l’inceste hein ! Il l’a sodomisée. poursuit l’écrivain. Christine Angot se souvient qu’il y avait aussi un « belle fille qui ponctuait les propos de Thierry Ardisson et de Laurent Baffie, son acolyte, cette année-là, C’était Linda Hardy qui me demandait pourquoi je ne souriais pas ». De quoi choquer profondément Christine Angot qui n’a jamais oublié.
Christine Angot : « Et c’est la gifle »
Dans sa chronique, l’écrivaine raconte des faits qui l’ont beaucoup marquée. « Quand Thierry Ardisson m’a invité en 2000 pour Quitter la ville, le livre ne marchait pas et la presse n’était pas bonne. Et c’est la gifle. elle dit. L’écrivain se souvient alors que « phrases insultantes » qui sont parus dans la presse à son sujet ont été lus publiquement par l’animateur. Celles-ci avaient aussi une connotation sexuelle et alors qu’elle tentait de se défendre, Christine Angot a été immédiatement coupée par Laurent Baffie. » Je parle Christine : tu m’écoutes sinon je te gifle », pouvons-nous lire. Menacée, elle quitte le plateau du live. Une séquence qui a été très remarquée.
Dans les colonnes de Libérer, Christine Angot affirme que « L’humour-humiliation était le type de service public que la télévision française a rendu à la société tous les samedis soir pendant tant d’années. » Que déplore-t-elle aujourd’hui ? Un fait que cela soit honoré par Emmanuel Macron. Si de nombreuses personnalités ont reçu la Légion d’honneur ce jeudi 11 avril, l’écrivain ne se remet pas du fait que Thierry Ardisson l’a également reçue. « Le duo de l’époque était Ardisson-Baffie. Là, le duo c’est Ardisson-Macron»elle a alors écrit.
Christine Angot : un film pour dénoncer l’inceste dont elle a été victime
C’est à l’âge de 13 ans que Christine Angot rencontre son père, qui la reconnaît. « Il y a eu huit jours merveilleux, j’ai eu un père, la mention « de père inconnu » a été remplacée sur le livret de famille par « né par Pierre Angot », elle se souvint. Une situation qu’elle attendait depuis de nombreuses années. « J’étais finalement comme tout le monde, je portais le nom de mon père, il parlait trente langues et appartenait à un milieu social supérieur à celui de ma mère », poursuit l’écrivain. Mais ce bonheur fut de courte durée. « Au bout d’une semaine, il s’approche de moi et m’embrasse sur la bouche. La honte est immédiate » , a-t-elle révélé.
Pour la jeune Christine, le cauchemar est devenu réalité. « Dès que ton père t’embrasse sur les lèvres, tu as honte. Le lendemain, quand tu essaies de le dire à ta mère et que tu n’y parviens pas, tu as honte. , » a-t-elle écrit, bouleversée. Le sentiment de honte qu’elle a ressenti, Christine Angot confie qu’il ne l’a jamais quitté. « La première fois que tu es avec un garçon, tu as honte. Tu sais que tu n’es pas comme les autres. Tu as tout le temps honte »poursuit-elle avant de déplorer le fait que son père ne se soit jamais senti coupable. « Lui, le père, a-t-il honte ? Non, il est fier. Il se sent au-dessus des lois. » déclare l’écrivain. Lorsque Thierry Ardisson a reçu la Légion d’honneur, Christine Angot a été replongée de nombreuses années en arrière, lui rappelant des souvenirs atroces.