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David Gobé, syndicaliste : « Le capitalisme mondialisé exige une réponse syndicale mondialisée »

Le 46et Le congrès de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), qui regroupe des syndicats de plus de 150 pays, se tiendra du 13 au 18 octobre à Marrakech. Le président de la section des cheminots de l’ITF, David Gobé, brigue la présidence mondiale.

Partant du constat que les travailleurs des pays touchés par des conflits subissent des reculs en matière de droits sociaux, il propose également une motion sur la paix et sur la création d’un institut mondial d’histoire sociale, sur le modèle de celui de la CGT.

Quels sont les enjeux du prochain congrès de l’ITF ?

Toutes les composantes du secteur des transports sont représentées au sein de l’ITF et chacune présente ses propres défis. Le secteur maritime est confronté à une très forte augmentation du trafic et des pavillons de complaisance contre lesquels nous luttons depuis plus de cent ans. Les conditions de travail et l’exploitation des êtres humains dans le secteur maritime sont au cœur de nos luttes. C’est également le cas pour l’aérien. Ces deux secteurs sont par nature internationaux et, dans ce contexte, les organisations syndicales internationales sont pertinentes.

De même, le transport terrestre est de plus en plus du ressort des multinationales. Parmi les cinq plus grands groupes, trois sont français (Keolis, Transdev et RATP). Nous sommes au cœur du réacteur, avec des entreprises qui cherchent des marchés partout dans le monde, en plus de détenir 99 % du marché français. La CGT est de plus en plus sollicitée par des salariés de tous les continents, confrontés à des cultures managériales françaises peu adaptées aux pratiques de négociation locales.

Quels sont vos principaux axes de campagne ?

La réponse locale n’a plus de sens quand le patron local explique qu’il répond aux exigences de la maison mère et qu’il n’a aucun contrôle. Le capitalisme mondialisé exige une réponse syndicale mondialisée. Nous peaufinons des alternatives fondées sur la sécurité des travailleurs et des usagers, le respect des conventions internationales de l’Organisation internationale du travail et des conventions collectives, la lutte pour l’égalité et contre le harcèlement et le développement durable. Il y a deux ans, les inondations au Pakistan ont détruit 30 % du chemin de fer et le FMI a proposé de contribuer à sa reconstruction en échange d’une privatisation.

Les transports représentent aussi 23 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, dont 1,6 % pour le ferroviaire : c’est un levier essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique. Le quatrième pilier repose sur la régulation par le marché et la propriété publique. C’est ce que font actuellement les Anglais. Il est urgent de mettre fin à la concurrence entre tous les modes de transport, qui doivent bénéficier d’une tarification sociale et écologique.

Comment analysez-vous la récente étude de la Commission européenne sur les « bénéfices » de la libéralisation ?

Cette étude, réalisée par un cabinet d’audit extérieur au secteur des transports, n’est pas scientifique. Comment comparer les trains régionaux aux trains à grande vitesse ? Il s’agit d’entreprises patronales dont le but est de réduire les impôts. L’argument selon lequel la concurrence fait baisser les prix est fallacieux.

La baisse du prix des billets a pour contrepartie l’augmentation des impôts des contribuables, puisque le coût du matériel et de son entretien reste le même. Le prix peut baisser grâce au dumping social et à la baisse des tarifs de péage. Mais qui paie finalement l’entretien des réseaux ? Les opérateurs historiques sont détruits par une concurrence déloyale. Une fois de plus, la Commission cible le secteur public pour faire l’éloge du secteur privé et du moins-disant social.

Aux côtés de ceux qui combattent !

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  • En dénonçant la violence des employeurs.
  • En montrant ce que vivent ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
  • En fournissant aux salariés des clés de compréhension et des outils pour se défendre face aux politiques ultra-libérales qui dégradent leur qualité de vie.

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New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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