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Dassault Aviation va développer un drone de combat pour le futur Rafale F5

Dassault Aviation va développer un drone de combat pour le futur Rafale F5

Le futur standard F5 de l’avion de combat Rafale, qui équipera l’armée de l’air et l’aéronautique navale française, sera complété par un drone de combat. Le lancement du développement de cette nouvelle capacité a été annoncé mardi 8 octobre.

C’est lors d’une cérémonie célébrant les 60 ans des Forces Aériennes Stratégiques (FAS), sur la base de Saint-Dizier, que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé le lancement du développement du drone de combat qui viendra compléter le futur standard Rafale F5. « Ce drone de combat furtif, aux côtés du Rafale F5, contribuera à la supériorité technologique et opérationnelle des ailes françaises à partir de 2033 », a déclaré Éric Trappier, président de Dassault Aviation.

Ce drone de combat sera complémentaire du Rafale et adapté au combat collaboratif. Il intégrera des technologies le rendant très furtif, un contrôle autonome (avec des humains dans la boucle), voire une cargaison en soute. Polyvalent, il sera conçu pour pouvoir évoluer en fonction des menaces futures.

La précieuse expérience du Neuron

Cet UCAV (véhicule aérien de combat sans pilote) bénéficiera pleinement des acquis du programme Neuron, initié il y a 20 ans et soutenu par Dassault Aviation, qui a vu le développement du premier démonstrateur européen de drone de combat. Long de 9 mètres pour une envergure de 12,5 mètres et une masse de 7 tonnes, cet engin, équipé de deux soutes conçues pour abriter chacune une bombe de 250 kg, est le fruit d’une coopération menée par la France et Dassault Aviation (en tant que maître d’œuvre), avec cinq pays partenaires et leurs constructeurs : Italie (Alenia Aermacchi), Suède (Saab), Espagne (Airbus Defence & Space), Grèce (HAI) et Suisse (Ruag). Si le Neuron a décollé pour la première fois d’Istres le 1er décembre 2012, les tests se sont poursuivis au fil des années, le drone ayant réalisé à ce jour plus de 170 vols.

Le Neurone.

Contrer les stratégies de refus d’accès

C’est donc sur la base de cette précieuse expérience que sera développé le premier UCAV opérationnel français. Avec un dispositif industriel différent de celui de son prédécesseur, le programme qui vient d’être lancé étant national. L’engin lui-même sera différent et probablement plus grand que le démonstrateur, afin de remplir les missions qui lui sont demandées. Aux côtés du Rafale, dont il aura probablement une taille similaire, l’UCAV pourra, grâce à sa furtivité, contrer les stratégies de refus d’accès. L’objectif est en effet que des drones de ce type soient capables de pénétrer dans des zones extrêmement bien protégées afin de neutraliser les principaux moyens de détection et de défense ennemis. Ceci pour faciliter le travail de l’avion piloté qui arrivera derrière.

Rafale Marine et Neuron survolant le Charles de Gaulle en 2016.

Appelé à monter à bord d’un porte-avions

Le futur UCAV français, qui devrait donc voir le jour dans moins de 10 ans, sera, comme le Rafale, non seulement destiné à opérer depuis des bases terrestres, mais aussi depuis un porte-avions. « Si nous devions un jour réaliser un UCAV dans la continuité des études que nous avons menées sur le Neuron, les marins seraient toujours très intéressés à ce que ces drones embarquent à bord d’un porte-avions. Nous examinerions certainement cette option. Même si cela complique la tâche, pour nous, ingénieurs, je pense que la demande sera là. Aux Etats-Unis par exemple, c’est la marine qui est la plus demandée pour ces drones de combat navalisés et en France je pense que c’est le même sujet », expliquait Éric Trappier en décembre dernier, lors d’une réunion avec l’Association des journalistes de défense (Association des journalistes de défense). AJD).

Comme pour les avions, la navalisation du drone doit en effet être intégrée dès la phase de conception, pour que l’architecture de l’engin permette de le catapulter depuis un porte-avions et d’atterrir avec un crochet grâce à des brins d’arrêt placés en travers de sa voie oblique. Cela nécessite de respecter un certain nombre de contraintes. Les futurs drones français fréquenteront-ils le poste de pilotage du Charles de Gaulle ? S’il sort en 2033, c’est possible en termes de calendrier puisque l’actuel porte-avions de la Marine nationale, opérationnel depuis 2001, restera en service jusqu’en 2038. On se souvient aussi que le M01, le prototype du Rafale Marine, avait a effectué ses premiers atterrissages et catapultes en 1993 à bord du vieux Foch, alors en fin de vie (et qu’il a fallu adapter avec un tremplin au bout de sa catapulte avant, qui ne mesurait pas comme son homologue située sur la piste oblique (50 mètres, contre 75 pour le Charles de Gaulle). Il n’est cependant pas certain que la version Marine du UCAV soit prête avant le retrait du « CDG ».

Le PA-NG conçu pour mettre en œuvre les UCAV

Ce qui est sûr en revanche, c’est que son successeur, dont la livraison est prévue pour 2038 par Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique, est destiné à mettre en œuvre des UCAV, en complément des avions de combat pilotés. Le bâtiment sera équipé de nouvelles catapultes électromagnétiques et de fils d’arrêt EMALS et AAG, fournis par le groupe américain General Atomics qui a développé ces systèmes pour les nouveaux porte-avions de classe Ford de l’US Navy. En remplacement du Charles de Gaulle, les catapultes électromagnétiques, qui mesureront 105 mètres, permettront d’obtenir des accélérations plus fines et moins contraignantes que les catapultes à vapeur actuelles, avec par conséquent moins d’effort sur les cellules de l’avion. Et une intégration plus facile pour les drones embarqués.

Nettement plus grand que son prédécesseur (310 mètres de long pour 78 000 tonnes à pleine charge contre 261 mètres et 42 500 tpc), le porte-avions de nouvelle génération (PA-NG) doit être commandé fin 2025. Il pourra transporter au moins 40 chasseurs, la taille de référence pour ceux-ci étant le NGF (New Generation Fighter), un avion furtif de la catégorie des 35 tonnes qui doit compléter et succéder à terme au Rafale (25 tonnes) dans le cadre du futur système de combat aérien (SCAF). ). Ce programme, initié en 2017 par la France et l’Allemagne, rejoints en 2019 par l’Espagne, est au stade des études détaillées d’un démonstrateur dont le premier vol est attendu vers 2030. Les deux principaux constructeurs impliqués dans ce projet sont Dassault Aviation, architecte du NGF et d’Airbus Defence and Space.

En attendant le NGF, le Rafale a encore de nombreuses années devant lui

Tandis que le SCAF poursuit le long et difficile chemin de la coopération, l’avionneur français continue de développer son Rafale, qui a encore de belles années devant lui puisque l’industriel le voit voler au moins jusqu’en 2060.

Alors que le standard F3-R est entré en service en 2021, le F4.1 a été qualifié en 2023 et le F4.2 doit l’être prochainement. Puis ce sera le tour du F4.3, normalement fin 2026. A chaque fois, l’avion gagne en capacités avec de nouveaux armements et équipements, des capteurs améliorés, des systèmes numérisés, une connectivité de plus en plus poussée… Hormis la cabine, les Rafale Air et Rafale Marine d’aujourd’hui n’ont en effet plus grand chose à voir avec ceux du début (notamment le premier F1, livré à l’aéronautique navale entre 1999 et 2001). Et il en sera de même avec les futurs standards, dont le F5 hyperconnecté et associé à un UCAV. Un appareil qui sera légèrement repensé pour améliorer sa furtivité, équipé de moteurs M88 plus puissants, de capteurs et moyens de guerre électronique de nouvelle génération, de nouvelles armes (missile nucléaire ASN4G, successeurs des missiles de croisière et antinavire Scalp EG et Exocet AM39), capteurs et effecteurs déportés (porteur distant)… Et déjà, chez Dassault, nous travaillons sur le futur standard F6 d’ici 2040…

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans le consentement du ou des auteurs.

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