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D’Arcachon à la Bretagne, la fin de l’« omerta » sur la contamination des huîtres par les eaux usées

Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon (Gironde) réinstallent quatre tonnes d'huîtres sur le Banc d'Arguin, le 30 décembre 2023.

Il s’agit d’une première victoire pour les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon et les associations de défense de l’environnement dans la problématique des huîtres contaminées au norovirus. Le tribunal judiciaire de Bordeaux a ordonné, mardi 2 avril, au Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (SIBA) et à son délégataire, la société SB2A, filiale de Veolia Eau, de prendre une série de mesures d’urgence (arrêt immédiat de tout pompage sur un bassin de sécurité, construction de déversoirs pluviaux, etc.) pour mettre fin à la «caractère actuellement inadapté du dimensionnement du réseau d’assainissement» qui se manifeste par des eaux usées déversées dans le milieu naturel. Saisi par le parquet dans le cadre d’un référé pénal environnemental, une procédure rarissime, le juge des libertés et de la détention leur lance un ultimatum (jusqu’à six mois pour certains travaux) accompagné d’une astreinte de 1.000 euros par personne. un jour de retard, « compte tenu de l’importance de la pollution ».

L’affaire éclate le 27 décembre 2023 : en plein « pic » des fêtes de fin d’année, la préfecture de la Gironde interdit la vente d’huîtres après une explosion de cas de gastro-entérites liées à la consommation d’huîtres contaminées par norovirus. « A Bordeaux, tout le monde connaît quelqu’un qui a été malade comme un chien », précise François Ruffié, l’avocat de l’antenne girondine de la Société d’étude et de mise en valeur de la nature du Sud-Ouest, l’association à l’origine du référé. Le 5 janvier, le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire, notamment pour « écocide » Et « déverser dans l’eau (…) d’une substance provoquant des effets nocifs graves et durables sur la santé ».

Ostréiculteur à Gujan-Mestras et président de l’Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon, Thierry Lafon a été le premier à porter plainte contre la SIBA, deux jours après l’interdiction de la vente. Et brise-le« omerta ». « Nous sommes confrontés depuis des années à des problèmes de mortalité et de virus, mais parler de pollution et de qualité dégradée de l’eau du bassin est un véritable tabou pour notre profession ; balle dans le piedtémoigne Thierry Lafon, ancien patron du comité régional conchylicole Arcachon Aquitaine, mais nous ne pouvons pas nous enfouir indéfiniment la tête dans le sable. »

Des interdictions de vente d’huîtres avaient déjà été imposées en 2018, 2020 et février 2021 après une intoxication alimentaire liée à la présence de norovirus. Du fait d’une séquence se répétant à chaque épisode significatif de précipitations : la saturation du réseau d’eaux pluviales entraîne des débordements d’eaux usées chargées en matières fécales qui finissent dans le bassin et contaminent les huîtres.

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Cammile Bussière

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