dans un document, l’Etat s’inquiète de « l’ampleur des défaillances » en matière de sécurité privée
« Cela ne m’inquiète pas pour le moment. » Dimanche 21 avril, commentant sur BFM-TV la pénurie annoncée d’agents de sécurité privée à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, se veut rassurant. La lecture du compte rendu de la réunion du comité ministériel du JOP, organisée six jours plus tôt, le lundi 15 avril, offre une vision par ailleurs pessimiste de la question, résumée par une phrase de ce document, consulté par Le monde : « L’État ne peut pas se satisfaire de l’ampleur de ces échecs. » Pour le comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojop), chargé de sécuriser les sites officiels, le coup de semonce est sérieux.
Marchés publics non attribués, manque de prévision, absence de solutions alternatives : face à ce constat accablant, le document préconise une reprise en main de l’exploitation par l’État afin de « sécuriser la cérémonie » – une décision politique qui n’a pas encore été formellement adoptée, selon nos sources. Dans ce scénario, et pendant environ huit jours, policiers et gendarmes remplaceraient les agents de sécurité privée initialement chargés de gérer les sites officiels de l’événement et, notamment, les quais inférieurs de Seine, où 104 000 personnes sont attendues. 326 000 spectateurs le long des six kilomètres de rivière ont défilé le 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture. A moins de cent jours du début de la compétition, le «des enjeux de sécurité mais aussi des enjeux de réputation pour le pays» sont pressants : pour le jour J, pas moins de 1 400 postes d’agents ne sont toujours pas pourvus et, sur la trentaine de packages de sécurité proposés dans le cadre des marchés publics, six seulement ont été attribués.
« Nous n’avons pas réussi à convaincre les entreprises et alors qu’une quatrième vague d’appels d’offres a été lancée (16 novembre 2023)la majorité des lots n’ont pas trouvé preneur »avoue Bruno le Ray, directeur de la sécurité de Paris 2024, qui « ne confirme pas » ayant été informé de la prise en charge de la sécurité par l’Etat le jour de la cérémonie d’ouverture. « Il faut relativiser ce sujet, il ajoute: dans toutes les éditions des Jeux, l’État a assuré la sécurité privée, notamment en raison de besoins absolument extraordinaires. A ce stade, rien n’est exclu : l’Etat prendra ses responsabilités à un moment ou à un autre et tout cela ne pourra se faire qu’avec l’organisateur. »
Cette prise en charge de la sécurité de certaines zones par l’Etat, même partielle et temporaire, engendrerait des coûts supplémentaires considérables pour l’organisateur des Jeux, les deux parties étant liées par un protocole clair : responsabilité d’accès et de sécurité. la sécurité à l’intérieur des sites officiels relevant du Cojop, l’Etat ne peut le remplacer qu’en cas de panne avérée, uniquement pour les missions les plus critiques (gestion des accès, contrôle et filtrage des véhicules et des piétons, protection des enceintes) et aux frais de Paris 2024 .
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