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Dans un archipel isolé de Norvège, des baleiniers du XVIe siècle reposent sous terre avec des souvenirs de leurs lointains chez eux

Sur la plus grande île de l’archipel norvégien du Svalbard, le Spitzberg, se trouve le fjord Smeerenburgfjorden, connu pour son importance historique : au XVIe siècle, il abritait une colonie appelée Smeerenburg – littéralement « ville de la graisse de baleine » en néerlandais. Pour cause, des hommes ont été envoyés des Pays-Bas et du Danemark pour chasser intensivement, sur une flotte de plusieurs dizaines de baleiniers, la baleine boréale (ou baleine du Groenland, Balaena mysticète), dont la population est encore réduite dans la région, plus de quatre siècles plus tard.

Cette industrie du Svalbard, cruelle et dommageable pour l’espèce, s’est également révélée dangereuse pour les marins impliqués, car elle a entraîné des pertes humaines considérables. Comme le rapporte Atlas Obscura, conscients du risque de ne jamais rentrer chez eux, de nombreux baleiniers emportaient avec eux des souvenirs : des morceaux de mousse ou de bois, étrangers au grand nord norvégien, que les archéologues ont retrouvés dans leurs tombes. Ils témoignent de leur périlleux voyage, au bénéfice d’une Europe soucieuse de garder ses lampes à huile allumées.

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Svalbard, un environnement dangereux pour les marins

Huile fournissant aux lampes une lumière brillante et constante, graisse utilisée dans diverses industries (cosmétique, pharmaceutique, industrielle) ou encore source de nourriture… Au XVIe siècle, les riches ressources des baleines arctiques font l’œil des puissances européennes. . Néerlandais, Danois et Anglais ont rapidement laissé leur empreinte sur ces îles isolées du bout du monde. Fairhaven, Dane Island, English Bay ou encore Amsterdam Island sont autant de toponymies actuelles provenant d’anciennes bases opérationnelles pour les baleiniers.

Sur l’archipel reculé, les affrontements entre équipages de nationalités rivales n’étaient pas rares. Pour les habitants de la colonie de Smeerenburg, du moins les Néerlandais, les plus redoutés étaient sans aucun doute les navires sous le commandement du roi de France Louis XIV, en guerre avec les Pays-Bas (alors Provinces-Unies). À juste titre puisqu’en juillet 1693, leurs bateaux aux cales débordant d’huile de baleine – et pourtant rassemblés en convois pour se protéger les uns les autres – furent pris pour cible par la flotte française, incendiés et coulés dans la mer du Groenland.

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Mais comme le soulignent nos confrères, le plus grand danger était sans doute celui des glaces. Alors que la saison estivale touchait à sa fin et que les jours raccourcissaient rapidement sous les hautes latitudes, ils se formèrent inexorablement depuis le nord, piégeant les navires dans les fjords et les criques. Dans l’obscurité et face aux températures glaciales de l’hiver arctique extrêmement long, les équipages étaient souvent condamnés.

Que leurs compagnons soient morts dans des conflits interétatiques, par temps froid ou pour d’autres raisons – une bagarre, un accident ou un régime à base uniquement de biscuits durs et de viande salée, manquant de vitamine C et provoquant ainsi le scorbut – les membres d’équipage survivants se sont rassemblés à la fin de l’été dans la colonie côtière de Smeerenburgfjorden. Avant de rentrer chez eux, ils enterrèrent ceux qui n’avaient pas survécu à la saison.

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Face aux risques, des « kits funéraires » transportés depuis chez soi

Trois cimetières importants ont été découverts à proximité du fjord. La plus ancienne, baptisée Likneset et située sur sa côte est, recense pas moins de 225 tombes abritant principalement d’anciens baleiniers morts au cours de leur mission. Dans ces lieux de sépulture, la plupart des tombes contenaient de simples cercueils en pin. Ils avaient été creusés le plus profondément possible dans le pergélisol et recouverts de cairns pour protéger les restes de renards opportunistes (Vulpes lagopus) et ours (Ursus maritimus) polaires de la région.

Le froid a permis de parfaitement conserver les matières organiques qui y étaient cachées depuis le XVIIe siècle. En les fouillant, les archéologues ont découvert des ensembles presque complets de vêtements en laine et en lin. De petites quantités de mousse ne provenant pas du Svalbard les préoccupaient davantage. Il semble que les marins eux-mêmes aient apporté de leurs terres natales ces matières végétales – ainsi que du bois de qualité pour leurs cercueils et des tissus pour les tapisser – destinés à leurs derniers lits. C’est ce que les spécialistes appellent des « kits funéraires », leur offrant un lieu de repos digne.

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Vestiges de cercueils en bois et pierres tombales de baleiniers provenant de la station baleinière de Smeerenburg, au nord-ouest du Svalbard (Norvège). Getty Images / Olaf Kruger

En quarante-cinq ans d’exploitation, le Smeerenburgfjorden verra pas moins de huit compagnies et leurs nombreux baleiniers, qui tenteront de s’y implanter durablement. Ils ne réussiront pas. Outre les conditions de vie particulièrement dures, même en été, et les pertes humaines importantes, les ressources s’amenuisent très rapidement. À la fin des années 1650, les navires de chasse passèrent plusieurs saisons sans rencontrer une seule baleine. En 1660, la station baleinière de Smeerenburg ferme ses portes. Il ne reste plus que les ruines des installations, de la mousse venue d’horizons lointains… et très peu de baleines boréales.

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Plusieurs décennies seront encore nécessaires à cette espèce à longue durée de vie (avec une espérance de vie longue, jusqu’à 150 ans ou plus, ndlr) et un faible taux de fécondité pour pouvoir retrouver ses niveaux d’avant la chasse à la baleine, même s’il y a des signes encourageants. , note le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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