Les nouvelles les plus importantes de la journée

Dans trois villages du Loiret, les habitants n’ont plus d’eau potable depuis cinq ans

Dans trois villages du Loiret, les habitants n’ont plus d’eau potable depuis cinq ans

Tous les rideaux de la maison sont tirés. Dans le salon, Emilie Hue, vêtue d’une longue robe d’été et de tongs, asperge le visage de sa fille de 4 ans avec un brumisateur. Dehors, la température a atteint 38 degrés dans le village de Châtenoy, près d’Orléans. Une journée caniculaire. Ce lundi 12 août, le Loiret est en alerte orange.

C’est nécessaire Il faut boire régulièrement de l’eau, insistent les autorités. Mais depuis cinq ans, la famille Hue ne boit plus ce qui sort du robinet. « Chaque jour est une surprise »dit avec un rire nerveux. Nicolas Hue, le partenaire d’Emilie, ouvre le drain de son évier de cuisine.

Ce jour-là, l’eau est claire. Mais, au moins une fois par mois, une boisson qui a « une couleur marron ou huileuse » apparaît au hasard dans l’évier, la baignoire ou même la machine à laver. « Cela tache les vêtements et les appareils électroménagers, c’est difficile à nettoyer et l’odeur est très désagréable. »il s’est exaspéré. Souhaitez-vous le boire ou vous laver avec ?

Emilie, Nicolas Hue et leur fille de 4 ans, dans leur maison, à Châtenoy (Loiret), le 12 août 2024.

Depuis 2019, date de fermeture de la station d’épuration de Châtenoy et des communes voisines de Sury-aux-Bois et Combreux en raison d’un système de filtration défaillant, l’eau potable qui y est distribuée est ponctuellement contaminée par de fortes concentrations de manganèse. Résultat, jusqu’à 1 921 microgrammes par litre de ce métal, naturellement présent dans certains sols, ont été mesurés par l’Agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire, alors que la limite recommandée à ne pas dépasser en France est de 50 microgrammes par litre.

Au-delà de ce plafond, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte sur le risque de développement de troubles neurologiques chez les adultes, notamment les personnes âgées, comme le manganisme. Les femmes enceintes risquent de donner naissance à des bébés de faible poids de naissance. Chez les jeunes enfants de moins de 4 ans, notamment les filles, l’Anses précise que boire de l’eau chargée en manganèse peut entraîner « déficits psychomoteurs et neuropsychologiques » Et « un effet délétère sur le quotient intellectuel ».

Gaz cancérigène

A Châtenoy, le manganèse est aggravé par un deuxième problème : la contamination par le chlorure de vinyle monomère (CVM). « Un mal invisible »Nicolas Hue précise que ce gaz est incolore. Si l’utilisation de ce produit chimique a considérablement diminué aujourd’hui, il était utilisé en grande quantité pour fabriquer des tuyaux en PVC avant les années 1980. Or, de nombreuses canalisations du réseau d’eau de Châtenoy datent des années 1970. Plus les canalisations sont anciennes, plus le risque de voir du VCM s’échapper des canalisations est grand. Surtout si l’eau y stagne trop longtemps.

Il vous reste 63.66% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Quitter la version mobile